Magalie Lépine-Blondeau n’a peut-être pas suivi assidûment la saga judiciaire entourant l’arrestation – puis la condamnation – de Maurice « Maman » Boucher à la fin des années 1990, elle en garde encore un souvenir vivace. Et terrifiant. « La peur était palpable. Ça a créé un véritable émoi partout au Québec», se souvient l’actrice qui incarne la procureure France Charbonneau dans la série. L’appel.
La guerre des motards a fait couler beaucoup d’encre à la fin du dernier millénaire, ses différents rebondissements faisant systématiquement la une des journaux. L’un d’entre eux a laissé des traces, peut-être plus que les autres : le meurtre de deux gardiens de prison, abattus à la demande de Maurice « Mom » Boucher, figure influente des Hells Angels.
Photo Agence QMI, Joël LEMAY
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Le prolifique auteur Luc Dionne (Arrondissement 31, Omerta) plonge aujourd’hui la plume dans cette période charnière de l’histoire judiciaire du Québec pour L’appelune série réalisée par Fabienne Larouche et Michel Trudel. Les six épisodes, tous réalisés par Julie Perreault, sont mis en ligne sur illico+ deux fois par semaine jusqu’au 6 février.
Dans les coulisses
Mais attention, L’appel va à contre-courant de la tendance actuelle en refusant de braquer les projecteurs sur les membres du crime organisé. Si les studios américains ont propension à consacrer d’importantes vitrines à des criminels de renom (Ryan Murphy a, entre autres, été pointé du doigt pour des séries entières consacrées à Jeffrey Dahmer ou encore aux frères Menendez), le projet de Luc Dionne se concentre principalement sur les coulisses. enquête et procès qui ont mené à l’incarcération de Maurice « Mom » Boucher, condamné à la prison à vie, en 2002.
Magalie Lépine-Blondeau incarne France Charbonneau dans la mini-série « L’Appel ». On la voit ici lors d’une visite programmée en septembre dernier dans le décor servant de bureau à l’escouade Carcajou.
Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
Et c’est justement cet angle qui a séduit Magalie Lépine-Blondeau, acceptant du coup de jouer le rôle de la procureure France Charbonneau.
« La glorification des criminels ou de la violence ne m’intéresse pas vraiment. Même si je suis un grand fan de vrai crimeJe préfère qu’on raconte ces histoires du point de vue des victimes ou de la justice. Et cela a fait l’unanimité au sein de l’équipe. Tout le monde – autant Fabienne Larouche, Luc Dionne, Julie Perreault et l’ensemble du casting – voulait aborder ce chapitre de notre histoire sans célébrer Maman Boucher», raconte Magalie Lépine-Blondeau en entrevue avec Journal.
Magalie Lépine-Blondeau
Photo gracieuseté de Julie Perreault
» D’ailleurs, dans la série, France Charbonneau l’appelle toujours Maurice Boucher. Nous avons voulu éviter cette familiarité qui accompagne l’utilisation de son surnom, d’autant que l’appeler « Maman » – qui signifie encore « maman » – évoque une certaine appartenance et peut adoucir le personnage », poursuit-elle.
Vincent Graton « terrifiant »
Le personnage de Maurice Boucher sera toujours présent dans la série, empruntant ici les traits de Vincent Graton. Et Magalie Lépine-Blondeau se souvient d’une première rencontre “vraiment troublante” sur le plateau tant la ressemblance entre l’acteur et le criminel est frappante.
-Vincent Graton dans son rôle de Maurice « Maman » Boucher dans la série judiciaire « L’Appel ».
Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
« Vincent est peut-être si affable – il est incroyablement gentil – mais il est absolument terrifiant dans le rôle de Maurice Boucher. Nous avons beaucoup joué ensemble, mais nous n’avons jamais échangé de lignes. En fait, il ne parle pas beaucoup dans toute la série ; et c’est très menaçant de le voir à l’écran, un peu comme un spectre. On le craint et ça crée beaucoup de suspense”, explique la comédienne.
En plus des personnages de France Charbonneau et Maurice « Maman » Boucher, la série L’appel s’appuie sur une combinaison de personnages réels et fictifs. Pier-Luc Funk, par exemple, prête ses traits au bien réel informateur Stéphane « Godasse » Gagné. En revanche, l’enquêteur de l’escouade Carcajou Sylvain Provencher, interprété par Patrice Robitaille, est très fictif, créé en amalgamant plusieurs policiers différents de l’époque.
- Les deux premiers épisodes de L’appel sera disponible sur illico+ à partir du 23 janvier.
“C’est une femme absolument formidable”
Magalie Lépine-Blondeau saw in L’appel un « défi extraordinaire » comme elle « ne le fera probablement plus jamais » dans sa carrière.
Jouer un procureur n’est pas une tâche facile, surtout lorsque l’intrigue tourne autour de faits réels. L’actrice s’en est rendu compte au moment de tourner les scènes de plaidoirie sur le tournage de L’appeldans lequel elle prête ses traits au personnage de France Charbonneau.
«Pour des raisons légales et légales, nous avons dû nous en tenir à la version textuelle de ce qui a été réellement dit au procès. Et cela signifie que j’avais un monologue de 32 minutes à livrer ! Au théâtre, on aurait eu des semaines de répétition. Mais à la télévision, c’est très différent. Alors je me suis jetée dans le vide en arrivant sur le plateau à sept heures du matin», se souvient en riant Magalie Lépine-Blondeau.
« Mais c’est ce qui est excitant. Luc Dionne, c’est exactement ce qu’il aime faire : écrire des personnages et des scènes qui permettent aux acteurs de réaliser des prouesses techniques », ajoute-t-elle.
« Ce n’est pas un Au revoir»
Précision importante cependant : Magalie Lépine-Blondeau évoque France Charbonneau plus qu’elle ne la personnifie. Certes, elle lui emprunte son look et sa tessiture vocale, mais l’actrice a choisi de s’appuyer davantage sur les traits de caractère du procureur pour lui donner vie à l’écran.
« Nous nous sommes rencontrés auparavant, mais nous ne nous sommes pas revus depuis le début du tournage. J’ai dû me détacher un peu de la réalité, prendre du recul. L’appelce n’est pas un Au revoir; nous ne sommes pas dans l’imitation. DONC, [la réalisatrice] Julie Perreault et moi avons principalement travaillé sur sa fluidité et son équilibre. On s’est rendu compte que c’était là que le personnage apparaissait réellement”, explique-t-elle.
Photo fournie par CLUB ILLICO
Elle espère ainsi rendre hommage à celle qui a su se faire sa place dans un monde dominé par les hommes… et peut-être même, qui sait, corriger certains faits qui ont pu se confondre dans notre mémoire collective.
« La France est une femme que j’admire énormément. A cette époque, tout le monde avait peur des Hells Angels. Mais France Charbonneau, elle a pointé du doigt Maurice « Maman » Boucher, elle l’a confronté, elle a regardé tout le monde dans les yeux. C’est une femme absolument formidable. Et il ne faut pas oublier que c’est grâce à elle qu’il a été arrêté et emprisonné. On pense bien connaître l’histoire, mais on va la découvrir de façon époustouflante, comme un bon feuilleton», raconte Magalie Lépine-Blondeau.
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