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Les gars, nous devons parler

Même s’il paraît de moins en moins tabou de parler d’aide psychologique, la plupart des hommes préfèrent encore régler seuls leurs problèmes. D’où l’injonction lancée par le comédien Jean-Nicolas Verreault : « Les gars, il faut qu’on parle », titre d’un documentaire diffusé sur Crave, Noovo, Canal Vie et Canal D.

Parler de la santé mentale des hommes est une envie que Jean-Nicolas Verreault nourrit depuis des années. Il se sent inquiet parce qu’il a vécu dans le passé un épisode d’anxiété qui l’a conduit à l’hôpital, mais aussi parce qu’il est père de trois filles et qu’il se sent préoccupé par les statistiques concernant les hommes. «Je voulais comprendre où nous en étions», explique-t-il. Je me demandais ce qui attendait mes filles et le genre d’hommes qui graviteraient autour d’elles. »

Les gars, nous devons parler dresse un « état des lieux », avec l’ambition de faire avancer les choses. Le premier constat n’est pas très encourageant : en 2025, les hommes continueront à commettre des actes de violence davantage que les femmes, se suicideront en plus grand nombre et perpétueront des stéréotypes qui, à long terme, s’avéreront souvent néfastes. Ce qui ne veut pas dire que rien ne s’améliore.

Jean-Nicolas Verreault rencontre de nombreux hommes, souvent connus, capables de dire qu’ils ont déjà consulté un psychologue et les bénéfices qu’ils en ont retirés. Deux d’entre eux sont des amis à lui : le romancier Patrick Senécal et l’acteur, réalisateur, animateur et producteur Patrick Huard. Des hommes avec lesquels il a développé une relation de confiance et d’intimité profonde.

Ce trio se réunit pour jouer à des jeux de société. Ce détail est crucial : ces gars-là ne se réunissent pas pour discuter de leur vie, mais autour d’une activité.

IMAGE DU DOCUMENTAIRE LES GARS, NOUS DEVONS PARLER

Le regard de Patick Huard sur lui-même et sur les hommes qui l’entourent est à la fois critique et sensible dans Les gars, nous devons parler.

On rit et on s’amuse, mais c’est aussi un moment où on se dit ce qui va bien ou ce qui ne va pas. Nous nous écoutons. Je trouve aussi que les gens sous-estiment le pouvoir de l’activité pour créer des liens.

Patrick Huard

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Patrick Huard insiste : le contexte joue un rôle crucial. C’est l’intimité et la légèreté du moment qui font que lui et ses amis « baissent la garde ». Le cadre informel offre un autre avantage, selon lui : « On peut s’arrêter où on veut », précise-t-il. Vous dites ce que vous avez envie de dire, sans vous sentir forcé ou obligé d’en parler pendant 20 minutes si vous ne le souhaitez pas. »

Toujours de la résistance

L’enquête de Jean-Nicolas Verreault l’incite donc à chercher d’autres espaces où les gars peuvent se confier. Un vestiaire de hockey en fait-il partie ? Pas si sûr. Il a dû contacter une dizaine d’équipes de la ligue des garages pour en trouver une qui accepterait de l’héberger avec une équipe de tournage. « C’est révélateur », selon lui, de la résistance des hommes. Les gars qui acceptent de parler avec lui assurent cependant, à quelques nuances près, que leur vestiaire peut être un espace de confidences. Surtout après le match, souligne l’un des joueurs de cette équipe multigénérationnelle. Un autre, plus âgé, précise néanmoins qu’il s’agit toujours d’humour et que cela reste souvent « superficiel », même si les choses ont beaucoup évolué depuis qu’il a commencé à jouer il y a 35 ans.

À entendre Patrick Huard parler de son propre parcours et de sa façon d’être père, on en déduit qu’il a beaucoup travaillé sur lui-même. Il dit avoir eu la chance de grandir dans un environnement où ses deux parents exprimaient leurs émotions. “Nous nous sommes beaucoup écrit”, a-t-il déclaré. Dans ma famille, on se donnait des cartes à toutes occasions. » Et ce qui y a été dit n’était justement pas « superficiel », on le comprend. Il ajoute que commencer à jouer plutôt qu’à faire de l’humour l’a aussi incité à s’intéresser davantage aux autres, à les observer et à mieux percevoir leurs humeurs. « Cela a déclenché un processus [d’ouverture] », a-t-il déclaré.

Les gars, nous devons parler essaie beaucoup d’inciter les hommes à recourir à une aide psychologique, ce qu’ils font encore trop peu. Jean-Nicolas Verreault estime toutefois que pour créer un réel changement, la santé mentale devrait faire partie des saines habitudes de vie qu’on apprend à l’école au même titre que l’éducation physique.

Il dit cela tout en sachant que notre système, où l’aide psychologique n’est pas facile à obtenir, est loin de l’être.

Soyez un modèle

Que faire en attendant ? Montrer l’exemple, pense Patrick Huard. « Vous devez montrer vos vulnérabilités. Soyez capable de dire des choses, même si vous êtes tordu, et de vous excuser si vous vous êtes mal exprimé », suggère-t-il. L’acteur et réalisateur assure qu’il n’hésite jamais à montrer ses faiblesses à ses proches et qu’avec son fils adolescent, il parle autant de ce qui l’inquiète que du bien que cela lui fait de se confier ou de consulter s’il en a besoin.

Cette barrière reste difficile à franchir pour de nombreux hommes de tout âge, mais ce que l’on perçoit en regardant Les gars, nous devons parlerc’est qu’une fois qu’elle est tombée et que les hommes ont ressenti le bien qu’elle leur fait, il n’y a plus de retour en arrière possible. “Une fois les vannes ouvertes, c’est beaucoup plus simple et on se rend compte que ce n’est pas une panne [que de demander de l’aide]c’est une preuve de courage, estime Jean-Nicolas Verreault. S’il y a une chose que j’aimerais que les hommes retiennent, c’est que chercher à comprendre ce que l’on ressent et ce que l’on vit est un signe de force. »

Le documentaire Les gars, nous devons parler est disponible dès ce mercredi sur Crave et Noovo.ca. Il est présenté ce mercredi sur Canal D à 21h et sur Canal Vie à 22h. Il sera diffusé sur Noovo le 26 janvier à 20h30.

 
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