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humour noir sur fond blanc

Depuis des années, Michel et Cathy sont unis par l’habitude plus que par la passion. Ils se parlent rarement, et ils ont aussi un fils presque muet : une maison heureuse. Endetté, le couple risque de perdre le peu dont il dispose. Mais un jour, pour éviter un ours, Michel percute une voiture, tuant les deux passagers. Des passagers qui se promenaient avec 2 millions d’euros, comme le découvre Cathy après que son mari l’a alertée. Tandis que les époux décident de garder l’argent, Roland, le major de la gendarmerie locale, mène l’enquête. Entre cupidité, mensonges et cadavres qui refusent de disparaître, Un ours dans le Jura s’avère être une comédie délicieusement macabre imaginée par Franck Dubosc, à qui nous avons parlé.

« Un jour, j’ai eu ce flash : un gars a un accident de voiture mortel, et il trouve de l’argent dans le coffre. Et je me suis demandé : « Qu’est-ce que je fais avec ça ? » La séquence apparaît dans le film exactement telle que je la voyais dans ma tête », expliquait Franck Dubosc lors de son passage à Cinemania l’automne dernier.

« Maintenant, comme ce dont j’aime parler avant tout, ce sont les gens, je me suis posé des questions sur ce type. Pourquoi a-t-il eu cet accident ? D’où vient-il ? Pourquoi veut-il cet argent ? En parallèle, j’avais envie de faire un film sur un couple qui ne s’entend plus depuis un moment. Donc, d’une manière très naturelle, tout s’est en quelque sorte fusionné. »

D’emblée, on n’associe pas humour noir et tueries comiques sang à Franck Dubosc. Pourtant, l’acteur, réalisateur et co-scénariste assume pleinement ce qui s’avère être un changement de registre réussi.

« Moi, la comédie pure, où on fait rire, je ne suis pas vraiment un client. J’aime les films où je ris, mais pas parce que quelqu’un me dit que je devrais rire à un moment donné. Égoïstement, j’essaie de faire des films que j’aimerais moi-même voir, et je vous avoue que c’est la première fois que j’en fais un qui soit vraiment à mon goût de spectateur. »

Autre « première fois » : le scénario a été écrit en collaboration.

« Avec Sarah Kaminsky, nous avons écrit le scénario très rapidement, car tout s’est mis en place presque tout seul. Je ne m’étais jamais aventuré dans ce genre d’humour, avec les morts et tout, mais plus j’y allais, plus j’en ressentais du plaisir ; plus c’était jubilatoire. »

Une région, un décor

L’un des grands atouts du film réside dans les panoramas enneigés du Jura, qu’on a rarement vu, ou du moins pas comme ça, au cinéma.

« Au départ, j’envisageais un film se déroulant en ville. Sauf que mes deux films précédents étaient très parisiens… Alors je me suis dit : « Pourquoi pas la campagne ? Mais quelle campagne choisir ? Et puis je suis revenu à l’histoire en me demandant quel environnement lui conviendrait le mieux. Je voulais une campagne dure, vraiment dure, où les gens survivent parfois plus qu’ils ne vivent. Trois régions se démarquent : le Jura, les Vosges et les Ardennes. Visuellement, le Jura a gagné. »

Une fois le contexte géographique établi, Franck Dubosc a procédé à de nouvelles visites de repérage afin de trouver les endroits précis où il allait planter son appareil photo dans la région.

« Là-bas, j’ai rencontré des gens encore plus pauvres que ceux que je représentais – j’en ai engagé plusieurs pour le film. Même la maison dans laquelle on a tourné… A un moment, je me suis dit qu’on n’était pas vraiment en train de refaire Le misérable ! Et puis, les gens qui vivaient dans cette maison étaient heureux, et je ne voulais pas les trahir. J’ai vu circuler l’expression « profonde », mais je la trouve péjorative. C’est une France, point barre : la France est différente presque partout. C’étaient des gens ordinaires, des gens normaux ; des gens normaux vivent quelque chose d’anormal. Et c’est essentiellement le principe du film. »

Contraste amusant

D’ailleurs, les premières dépenses illicites que Michel fait avec ce butin providentiel ne sont pas extravagantes. « Il achète du fioul pour chauffer la maison. Cela parait simple, se chauffer, mais ce n’est pas pour tout le monde. Et c’est un des détails du scénario qui venait du contexte choisi. »

Un autre élément fort du film est l’opposition entre l’énormité des situations et la sobriété du jeu de Franck Dubosc (Michel), Laure Calamy (Cathy), Benoît Poelvoorde (Roland), Timéo Mahaut (« Doudou », le fils de Michel et Cathy) et Emmanuelle Devos (en tant que propriétaire d’un club échangiste). Il faut par exemple voir Michel tenter de détacher un cadavre de la branche qui l’a empalé : dans la démesure ambiante, Dubosc et Calamy restent sérieux.

De ce contraste naissent de nombreux rires.

«Dès le début, j’ai dit à l’ensemble du casting : ‘Nous le jouons au pied de la lettre.’ Rien n’est drôle. Rien.” Je voulais que le public décide. »

L’homme qui a vu l’ours

Un ours dans le Jura

★★★ 1/2

Police comedy by Franck Dubosc. Screenplay by Franck Dubosc, Sarah Kaminsky. With Franck Dubosc, Laure Calamy, Benoît Poelvoorde, Joséphine de Meaux, Timéo Mahaut, Emmanuelle Devos. France, 2024, 113 minutes. In the room.

A voir en vidéo

 
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