Un blocus autoroutier levé mais le port de Bordeaux et les grandes surfaces ciblés : les agriculteurs ont maintenu la pression pour leur troisième journée de protestation mercredi même si la mobilisation a montré des signes de ralentissement.
En fin d’après-midi, 745 agriculteurs et 200 engins agricoles étaient toujours mobilisés dans 23 actions dans 12 départements, sans incident notable, ont indiqué les autorités.
Une cinquantaine d’agriculteurs et une trentaine de tracteurs étaient rassemblés devant la préfecture des Ardennes, à Charleville-Mézières, a indiqué à l’AFP Thierry Lebègue, le vice-président de la branche locale de la Coordination rurale (CR), un syndicat. aux premières loges de l’action mercredi. Ils ont été délogés dans la soirée après une intervention des forces de l’ordre mais “de manière calme”, selon un communiqué de la préfecture.
D’autres manifestants ont bloqué le port de commerce de Bordeaux dans la soirée : après huit heures de trajet depuis Agen, plusieurs dizaines de tracteurs et remorques CR47 ont déversé d’importantes quantités de pneus et de déchets sur deux ronds-points. points pour fermer la route donnant accès aux installations du Grand Port Maritime de la ville, 7ème port du pays pour le trafic de marchandises.
A la mi-journée, d’autres agriculteurs CR ont levé le barrage installé mardi sur l’autoroute A9 au Boulou (Pyrénées-Orientales), dans le sens Espagne-France, a indiqué la gendarmerie.
Le CR avait annoncé qu’il serait là « pour tenir longtemps » mais disait mercredi matin s’attendre à des « relais ».
Egalement dans le collimateur du syndicat mercredi : la grande distribution.
Dans le Sud-Ouest notamment, des dizaines de tracteurs ont bloqué temporairement les centres d’achats et les grands magasins.
Le convoi d’Agen à Bordeaux s’est par exemple arrêté sur le parking d’un magasin Leclerc de Marmande (Lot-et-Garonne), déversant pneus, bidons et cuves en plastique devant les entrées.
“Aujourd’hui, on vole le consommateur et nous aussi, ces marges abusives de la grande distribution, ça suffit !”, a lancé José Pérez, coprésident du syndicat CR du Lot-et-Garonne, qui avait débuté la journée en appelant le Premier ministre.
“Vous n’avez pas besoin de me convaincre de l’urgence, de l’extrême urgence et du désarroi des agriculteurs”, a déclaré Michel Barnier lors de cet entretien capté par les caméras de plusieurs médias dont l’AFP.
Le chef du gouvernement a également appelé le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, pour l’assurer notamment, selon Matignon, que toutes les promesses gouvernementales seraient tenues.
– Bientôt un 2e tour –
Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines des élections professionnelles. Le CR, deuxième syndicat du secteur, entend à cette occasion briser l’hégémonie de l’alliance majoritaire FNSEA-Jeunes agriculteurs (JA).
Ces syndicats frères ont également manifesté en début de semaine, avec des actions symboliques comme l’allumage de « feux de colère » à la tombée de la nuit, pour « faire bouger les lignes » et empêcher la signature d’un projet d’accord de libre-échange entre l’Union européenne et Pays latino-américains du Mercosur.
La FNSEA et JA avaient prévenu qu’elles se mobiliseraient jusqu’à la mi-décembre contre le Mercosur, contre les normes qu’elles jugent excessives et pour de meilleurs revenus.
Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations auraient lieu la semaine prochaine, “mardi, mercredi et jeudi”, “pour dénoncer les obstacles à l’agriculture”.
« L’objectif est une fois de plus de faire pression pour dénoncer aujourd’hui ce qui n’est pas acceptable. Et, je le répète, toujours dans le respect des biens et des personnes », a poursuivi Arnaud Rousseau, soucieux de se démarquer des actions organisées par le CR.
Déchets déversés devant les préfectures, effraction dans un local de l’Office français de la biodiversité, blocage de la circulation en provenance d’Espagne : les modalités de protestation choisies par la CR lui ont valu un rappel mercredi sur arrêté de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard.
Les « actes de dégradations, blocages à la frontière espagnole » lors des manifestations CR ne sont « pas acceptables » et risquent de mettre à mal la « sympathie » des Français envers la profession, a-t-elle déclaré sur France 2.
Le troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne, a également organisé des actions, à Rouen et près de Rennes, pour dénoncer tous les traités de libre-échange.
En Ille-et-Vilaine, une dizaine de militants se sont rassemblés devant un site du géant pétrolier Avril, une manière de cibler également le patron de la FNSEA qui préside ce groupe, symbole selon eux d’un syndicat majoritaire au service des intérêts de l’agroalimentaire. -industrie.
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