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Septième ciel, avec nos meilleurs vieux

Tendre, mélancolique, drôle et crue, la deuxième saison de cette comédie sur la sensualité des seniors ose décidément tout. Sur OCS.

« Je suis d’autant plus fier de participer corps et âme à cette série que la représentation de la vieillesse à l’écran reste, sauf à travers quelques œuvres de fiction, inexorablement désespérée. Cependant, il y a de l’espoir. Et il n’y a pas que ça… »interpelle Sylvie Granotier, alias Rose, un personnage dont la vitalité, la curiosité et le plaisir de composer avec l’injonction d’éteindre ses sens après 75 ans restent intacts au fil des épisodes.

Dans la première saison de la série créée par Clémence Azincourt, Rose, placée par sa fille en maison de retraite, rencontre Jacques (Féodor Atkine). Ensemble, délicatement, sensuellement, ils avaient retrouvé l’amour, sublimé leur désir et convaincu leurs camarades de possibilités bien plus chatoyantes que l’antichambre de la mort que le destin leur imposait. Dans cette deuxième salve d’épisodes (10 × 26 min), Rose et ses amis ont pris possession de leur « habitat partagé », une belle maison créée selon leurs besoins, leurs goûts et leurs envies. Jacques, parti vers d’autres cieux, Rose croise la route de Georges (Thierry Desroses), un astronaute un peu perché, et de Kriss (Brigitte Barilley), une septuagénaire un peu « mythologue », mais tellement émancipée. Avec eux, elle reprend petit à petit goût à la vie. Sous l’œil d’abord perplexe du spectateur, structurellement peu enclin à trouver de la poésie dans la mise en scène de la charité exprimée par des corps vieillissants. Mais le jeu des acteurs, la mise en scène et la touche d’humour qui permet tout ce qui pourrait passer pour de l’excès donnent à l’ensemble une beauté saisissante.

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Pas une série militante

Septième Ciel n’est pas une série activiste. C’est une comédie douce (parfois amère) qui fait réfléchir sur le sens de l’existence dans un monde où vieillir est considéré comme un manque de goût, et pire, un échec impardonnable. Elle parle de la violence et du ridicule du diktat familial : « Maman, tu n’as pas honte ? « . Il parle surtout du mal que l’on se fait à soi-même en acceptant, bien avant l’heure, de faire taire son élan vital. « Si cette série trouvait l’influence qu’elle mérite, je suis certain que beaucoup de gens auraient moins peur de la mort et vivraient plus heureux. »» dit aussi l’actrice. Ces propos peuvent paraître absurdes. Ce n’est pas le cas. La contemporanéité est là, qui, heureusement, commence discrètement à réviser sa copie, reconsidérant enfin les plus de 75 ans comme acteurs du monde d’aujourd’hui. La création en série, son reflet le plus fidèle, en témoigne.

Septième Ciel est avec le merveilleux Nona et ses filles, de Valérie Donzelli, une des rares séries françaises qui s’intéresse aux personnes âgées, sous l’angle très particulier de son rapport à la chair, au plaisir et au corps. La série américaine Grace et Frankie de Marta Kauffman (Amis), prend pour point de départ la découverte par deux amies octogénaires (Lily Tomlin et Jane Fonda) que leurs maris respectifs sont amants depuis plus de vingt ans. Le Méthode Kominsky confronte un professeur de théâtre lui aussi octogénaire (Michael Douglas) aux affres de son vieillissement… Des programmes plébiscités par la critique et le public pour leurs qualités d’écriture et de jeu. Il faut être un grand acteur pour incarner avec autant de brio l’intime sans fausse pudeur.

 
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