comment le roman choc pour adolescents a été adapté en série

Une nuit, deux adolescents aux idées noires se rencontrent. La scénariste et réalisatrice Margaux Bonhomme a eu la délicate tâche de transposer à l’écran l’œuvre de Manon Fargetton.

P.lieux à l’écran Nous nous sommes salis dans l’air, le roman de Manon Fargetton (éd. Rageot) qui raconte la rencontre fortuite de Mina et Océan, deux adolescents aux idées noires et aux histoires personnelles traumatisantes, n’a pas été une mince affaire. La scénariste Margaux Bonhomme, également réalisatrice (Marcher ou mourir, en 2018), raconte son travail d’adaptation, délicat et intimiste.

Comment adapter un livre qui parle de suicide en série destinée aux jeunes adolescents ?
Dans une première version, très proche du roman, l’intrigue était centrée sur les défis que se lancent Mina et Océan pour se mettre en danger. En accord avec les réalisateurs et France Télévisions, nous les avons totalement supprimés, car cette invitation à prendre des risques allait à l’encontre du message que nous voulions faire passer. Nous nous sommes donc concentrés sur ce qui me fascine dans l’adolescence : tout ce que l’on porte de l’enfance, du passé, et dont il faut se débarrasser pour devenir adulte.

Pour raconter ce passé, il fallait compléter l’histoire initiale. Comment as-tu fait ?
Manon Fargetton est allée droit au but. Avec les scénaristes de la série, nous avons creusé en nous-mêmes pour étoffer cette partie de l’intrigue. Le personnage d’Océan, c’est comme si je l’avais toujours connu. Comme lui, j’ai grandi dans le 16e arrondissement. J’habitais près de cette bourgeoisie où il se passe des choses moches, avec des questions tout aussi complexes que dans les cercles plus populaires. De la même manière, je me suis immédiatement reconnu en Mina. Au collège, j’étais bien plus une Mina, harcelée, qu’une Alix, la harceleuse de la série.

La Mina de la série s’avère bien différente de celle du roman…
Il fallait consolider son personnage pour mieux équilibrer le rapport de force avec Océan. Au début, Mina se présentait trop en victime. C’est pourquoi nous avons supprimé les crises d’angoisse décrites dans le livre qui, par ailleurs, correspondaient mieux à Océan et à son passé traumatisant. Nous avons également choisi de faire de Mina une passionnée de parkour. Si elle peut escalader la façade de son école à mains nues, elle ne peut pas être sujette à des crises d’angoisse ! C’est là tout le travail d’adaptation, qui fait passer les choses d’une œuvre à l’autre.