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« C’est sûr que si on regarde Sous le Soleil vingt-cinq ans après… » Bénédicte Delmas revient sur la série culte qui l’a fait connaître

Icône de nos samedis après-midi de 1996 à 2008, Bénédicte Delmas s’est révélée grâce à son rôle de Laure Olivier dans Sous le soleilqu’elle a incarné pendant douze saisons, et dont le dernier épisode a été diffusé en décembre 2008. Depuis, l’ancienne actrice s’est reconvertie en devenant réalisatrice et scénariste à succès. Après avoir réalisé plusieurs épisodes de Une vie plus belle, Un si grand soleil, Le code, Rubriques de recherche ou Tandemson travail de scénariste a notamment été salué en 2013, pour le très bon téléfilm Elles… Les filles du Plessis ( 3), revenant sur la révolte des jeunes filles au sein d’un établissement accueillant des mineures enceintes. Exposée le samedi 2 novembre 2024 à partir de Brigade fluvialefiction qu’elle a réalisée pour France 3, l’ancienne mannequin Chanel nous montre une nouvelle facette de sa personnalité en publiant un premier roman historique, Jeanne, la rebelle de Dieu (Fayard).

« #MeToo n’était pas encore passé par là » Bénédicte Delmas explique pourquoi ce roman ne pourrait pas être un film

Télé-Loisirs : Comment est née l’idée de ce premier ouvrage ?
Bénédicte Delmas:
je me préparais pour Elles… Les Filles du Plessisun film que j’ai écrit et réalisé il y a dix ans. Un soir, lors de cette préparation, avec un ami j’ai bu un verre de vin d’une cuvée Jeanne de Lestonnac. Elle m’apprit alors que Jeanne de Lestonnac était la nièce de Montaigne, et que c’était elle qui avait ouvert la première école d’enseignement général pour filles. Cela revenait à ce sur quoi je travaillais, à savoir les filles et l’éducation. En creusant un peu plus le parcours de cette femme et de cette époque, j’ai découvert qu’il résonnait avec notre société actuelle, et que bon nombre des problèmes du XVIe siècle n’étaient toujours pas résolus aujourd’hui. Je trouvais ça fou, et je me disais qu’il fallait raconter cette histoire. C’était d’abord un projet de film. Mais il y a dix ans #metoo n’était pas encore passé par là, et on n’avait pas forcément envie d’entendre ce genre de parcours, de combat. Et il y a deux ans, j’ai rencontré un éditeur qui m’a dit que ça ferait un merveilleux roman. Au début, je l’ai regardé avec de grands yeux car écrire un scénario est une chose, mais écrire un roman en est une autre. Mais du fait qu’elle avait confiance en moi, et qu’elle y croyait, je me suis dit « allez, essayons ».

En quoi Jeanne de Lestonnac est-elle une héroïne moderne ?
Parce qu’elle se bat pour l’éducation des femmes, convaincue que c’est ainsi qu’elles pourront s’émanciper. Aujourd’hui, en 2024, les écoles de filles sont toujours fermées au Pakistan, les élèves sont chassées en Iran, des livres sont brûlés dans de nombreux pays du monde, etc. L’accès à l’éducation est essentiel, notamment pour les populations les plus vulnérables, qui c’est-à-dire les femmes en particulier.

“On n’a pas vraiment conscience de la fragilité de cet acquis”Bénédicte Delmas analyse la place de l’éducation dans notre société

Pourquoi ce sujet de l’éducation des femmes est-il si important, que ce soit dans vos travaux, mais aussi sur vos réseaux sociaux ?
Je pense que nous avons non seulement la chance en France d’avoir accès à l’école, mais nous avons le devoir d’aller à l’école. Et je pense qu’on a complètement oublié que ce n’était pas le cas partout. Nous devons garder à l’esprit qu’il s’agit d’une immense opportunité. Pour nous, c’est un acquis, et je pense que nous n’avons pas vraiment conscience de la fragilité de cet acquis. Alors, je me dis, prenons conscience que l’éducation est un petit trésor à notre portée.

Jeanne, la rebelle de Dieu est une libre adaptation de la vie de Jeanne de Lestonnac. Pourquoi ce choix de ne pas suivre l’histoire vraie de Jeanne de Lestonnac ?
Si nous choisissons d’écrire une fiction, et non une biographie historique, c’est justement pour prendre nos libertés. Et si je les ai pris, c’est qu’ils m’ont permis de remplir mon rôle. J’ai essayé d’inventer sa vie avant ses ordres. C’est à dire essayer de retrouver le moteur et la motivation qui l’ont poussé à mener ce combat. Qu’est-ce qui a fait qu’à la fin du XVIe siècle, une femme riche et instruite, se passionne pour l’éducation des femmes et décide contre toute attente de créer cette école ? C’était complètement à contre-courant de l’époque. C’est ce qui la rend héroïque et ce qui m’a donné envie de raconter son histoire.

« Qu’est-ce qui est drôle… », Bénédicte Delmas revient sur l’image de la femme dans Sous le soleil

En parlant de femmes, comment jugez-vous la vision évoquée d’elles dans Sous le soleil, dans lequel vous avez tourné pendant plus de dix ans ?
Il est certain que si l’on regarde les séries vingt-cinq ans plus tard, on constate qu’elles se définissent en partie par rapport à leurs relations avec les hommes. Mais ce qui est drôle, c’est que les retours que nous avons continué à recevoir concernaient leur indépendance et le fait qu’ils étaient amis. Le fait que cette amitié est avant tout. Et puis, ce que disait la série à l’époque, c’est que c’était trois femmes, trois femmes différentes et complémentaires bien sûr, mais les héroïnes étaient trois femmes. Et c’était très rare. J’ai une grande tendresse pour cette série et cette période.

Cela vous a-t-il donné envie d’écrire d’autres romans ?
Oui bien sûr, ça a mis le feu (rires). Je pense que j’aurai l’envie de parler des femmes jusqu’à la fin de mes jours. Mais pas seulement. Je suis aussi une fille de paysan et j’ai très envie de parler des paysans.

*Jeanne, la rebelle de Dieu, Bénédicte Delmas, Editions Fayard

 
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