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Une chaîne privée allemande organise un débat télévisé inédit entre les extrêmes

L’extrême droite confirme son ancrage dans l’Est de l’Allemagne : « La campagne a été marquée par la peur »

Dans ce contexte, les élections fédérales de 2025 constitueront un test grandeur nature pour deux partis crédités chacun, à ce stade, de 17 % et 7 % d’intentions de vote. Alice Weidel et Sahra Wagenknecht seront également têtes de liste de leurs partis respectifs et au cœur de la bataille électorale à venir.

La même ligne pro-russe, des nuances sur la migration

Durant la longue heure que dura ce débat télévisé dans le calme, Alice Weidel, reconnaissable à son essentiel chemisier blanc, son blaser noir et son collier de perles, et Sahra Wagenknecht, dans un éclatant costume jaune-vert, tentèrent de se différencier, parfois assez difficilement. Car entre leurs deux groupes – l’un d’extrême droite, l’autre mêlant des thèses très à droite sur les questions migratoires et très à gauche sur les questions économiques et sociales – il existe de nombreux points d’accord, à commencer par le dossier ukrainien. Tous deux jugent que la guerre d’invasion russe, bien que“illégal” trouve ses racines dans le « provocations des États-Unis et de l’OTAN ». Tous deux condamnent les sanctions contre la Russie et l’arrêt des livraisons de gaz russe, très négatives pour l’économie allemande. Même accord sur l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine et sur la nécessité de lancer des négociations de paix.

Sahra Wagenknecht, la « Mélenchon allemande », veut bousculer le paysage politique outre-Rhin

Sur la question migratoire, centrale pour l’AfD et également majeure pour BSW, les deux dirigeants ont tenté de se démarquer. Alice Weidel a confirmé vouloir expulser plusieurs centaines de milliers d’étrangers du pays, estimant que le droit d’asile n’est pas un droit illimité. Sahra Wagenknecht, de son côté, a certainement reconnu « il suffit de limiter l’immigration et de renvoyer les étrangers non intégrés » mais accuse l’AfD de « créer du ressentiment contre tous les étrangers ». Offensive, elle s’en est également prise à Alice Weidel, qu’elle décrit comme « homme politique conservateur » de soutenir, au sein de son parti, des personnalités d’extrême droite comme Björn Höcke, leader de l’AfD en Thuringe. Et de préciser que sa formation BSW ne pourra pas travailler avec l’AfD tant que ces personnes « proche des néo-nazis » y restera. Une attaque à laquelle Alice Weidel, visiblement mal à l’aise, a refusé de répondre.

La coprésidente du parti d’extrême droite AfD, Alice Weidel, à Berlin, le 23 septembre. ©AFP ou concédants de licence

Opposition frontale au Moyen-Orient

Mais c’est peut-être la question du conflit au Moyen-Orient qui oppose le plus ces deux femmes politiques, entre Alice Weidel 100% derrière « le droit de se défendre » d’Israël et Sahra Wagenknecht, condamnant les attaques du Hamas mais prônant une « embargo sur les armes » pour forcer le gouvernement israélien à mettre fin à “crimes de guerre” à Gaza.

Non dénué de rebondissements, ce débat a révélé une Sahra Wagenknecht plus offensive et plus aguerrie… expérience oblige. Agé de 55 ans, le chef du BSW, issu des rangs du parti de gauche radicale Die Linke, est en politique depuis plus de 30 ans. Son concurrent, de dix ans son cadet, est issu du monde économique et n’est actif en politique que depuis onze ans.

Avec ce débat inédit, la chaîne de télévision Welt TV pose en tout cas une fois de plus la question de la nécessité ou non d’accorder autant de place à des personnalités politiques populistes aussi polarisantes. En avril déjà, elle avait invité le leader très radical de l’AfD en Thuringe, Björn Höcke, et son concurrent de la CDU, Mario Voigt. Si à ce stade, aucune autre chaîne de télévision n’a suivi cet exemple, la ligne pourrait bouger à l’approche des prochaines élections législatives.

 
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