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une mini-série qui aborde le mythe de la veuve noire

C’est l’une des séries d’événements du début de l’automne : un soupçondivisé en quatre épisodes seulement et diffusé à partir du 16 octobre 2024 sur France 2raconte un fait divers survenu dans la campagne provençale.

Le mari d’Isabelle Dubreuil, interprété par Odile Vuillemin, est retrouvé mort dans sa voiture incendiée. Son épouse devient vite, aux yeux de la police, la suspecte numéro 1.

« Le crime est l’interdit ultime »

L’auteur de cette mini-série, Franck Ollivier, a voulu aborder un sujet de thriller presque mythique, celui de la « veuve noire ».

Cette série n’est pas sans rappeler un fait divers survenu en Isère, lorsque Manuela Gonzalez avait été condamnée en 2014 pour le meurtre de son mari. Est-ce une inspiration directe ?

Franck Ollivier : « C’est un fait divers qui a été une de mes sources d’inspiration, oui, mais l’idée était un peu plus large. C’est en travaillant sur mon roman L’Ombrepour lequel j’ai étudié beaucoup de faits divers, ce qui est un peu mon pain quotidien, que l’idée de Black Widow [femme ayant assassiné son époux] est venu vers moi. C’est un genre assez répandu en criminologie, aux Etats-Unis comme en France. »

Pourquoi avoir choisi ce thème ?

« Cela nous permet d’explorer un rôle féminin un peu différent de ce que l’on voit généralement, où les femmes sont souvent présentées comme des victimes ou des personnages très « purs ». Il y avait là une ambiguïté, des contradictions, une noirceur qui m’intéressait. Un personnage qu’on pourrait rendre attachant et à la fois monstrueux.

« C’est ce qui m’a frappé lorsque je regardais des documentaires sur le cas de la « veuve noire de l’Isère » : tout le monde la décrivait comme attachante, joyeuse, loin de l’histoire. le vieux type de mari empoisonneur. »

À une époque influencée par « MeToo », où l’on met en lumière les femmes agressées, n’est-ce pas un peu à contre-courant d’avoir choisi une femme qui tue son mari ?

« Ce sont des choses qui existent, même si elles sont minoritaires. Il est clair qu’il n’est pas question d’inverser les perspectives. Les féminicides sont une réalité tragique et accablante contre laquelle il faut lutter. Mais il existe également d’autres cas intéressants à raconter. »

Le titre de la série porte bien son nom, la suspicion étant entretenue, du côté du téléspectateur, au cours de ces quatre épisodes. Selon vous, Isabelle Dubreuil est-elle coupable ?

« Pour moi, oui, elle est coupable. Dans la vie, ce qui détermine la culpabilité, c’est le verdict. Lorsque nous sommes reconnus coupables, nous sommes coupables. C’est quelque chose de très fort, qu’il faut accepter. Même si, parfois, on ne le sait jamais vraiment, faute de preuves matérielles. »

Comment s’est fait le choix d’Odile Vuillemin pour le personnage d’Isabelle ?

« C’est le producteur Richard Berkowitz qui l’a rencontrée par hasard au festival de La Rochelle. Je la trouve géniale et elle a beaucoup apporté au personnage, dès ses premières lectures du scénario. Selon moi, elle fait partie de ces actrices qui non seulement jouent un rôle, mais qui apportent une vision. »

Comment expliquez-vous la fascination pour l’actualité ?

« Pour moi, c’est plutôt cathartique : le crime est l’interdit ultime. Savoir que des gens transgressent cet interdit suscite de la curiosité. Mais je ne trouve pas cela morbide ou malsain. Il y a une sorte de fascination, certes, mais de comprendre pourquoi on agit. Surtout quand le crime est planifié. C’est l’idée même de la littérature noire : entrer dans la tête du méchant. »

“Un soupçon”, une série en quatre épisodes diffusée à partir du 9 octobre en intégralité sur france.tv et à partir du 16 octobre à 21h05 sur France 2.

« La veuve noire de l’Isère », un fait divers emblématique

Parmi les inspirations de cette mini-série, il y a le procès de la « veuve noire de l’Isère », Manuela Gonzalez, condamnée en 2014, en première instance, à trente ans de réclusion criminelle pour le meurtre de son mari, dont le corps a été retrouvé dans sa voiture incendiée. Après un pourvoi en cassation et un pourvoi devant la Cour européenne des droits de l’homme, sa condamnation a été confirmée, malgré l’absence de « des preuves claires »selon les mots de son avocat.

Son procès met en lumière des faits antérieurs qui ne l’ont jamais inquiétée : trois de ses anciens maris sont morts et deux ont échappé de justesse après avoir été empoisonnés. Dans toutes ces affaires, Manuela Gonzalez a toujours clamé son innocence.

 
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