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C8 et NRJ12 saisissent le Conseil d’Etat

C8 n’entend pas abandonner facilement. Elle a été recalée par l’Arcom lors de la procédure de réattribution des fréquences TNT pour 2025, mais son groupe propriétaire, Canal+, a annoncé jeudi dans un communiqué qu’elle ne retirait pas les fréquences de la TNT. « s’oppose fermement » à cette décision et qu’il « a introduit un recours en référé-suspension devant le Conseil d’État »La veille, c’était le groupe NRJ, propriétaire de la chaîne NRJ12, également écarté lors de la procédure, qui annonçait la même démarche. A savoir la saisine du Conseil d’Etat « en référé et au fond pour obtenir, respectivement, la suspension puis l’annulation de la mesure de présélection de l’Arcom »selon un communiqué du groupe.

Pour rappel, le régulateur de l’audiovisuel avait décidé en juillet de ne pas renouveler la fréquence de ces deux chaînes après le 28 février 2025. Chargé de départager une vingtaine de candidatures, il expliquait avoir notamment fondé sa décision « l’intérêt de chaque projet pour le public au regard de l’impératif prioritaire du pluralisme ». Ces deux places vacantes doivent être réattribuées à deux nouveaux entrants, OFTV (groupe Ouest ) et RéelsTV (CMI Media, propriété du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky).

La chaîne C8 paie cher ses excès et perd sa fréquence TNT

Les deux groupes semblent être en bonne forme

Les fréquences TNT ne seront (ré)attribuées formellement qu’une fois que l’Arcom aura signé de nouveaux accords avec les chaînes sélectionnées, d’ici la fin de l’année. Mais, pour le groupe NRJ, « Cette mesure, totalement incompréhensible, est en réalité une décision qui cause déjà préjudice à NRJ 12, ce qui justifie la saisine du juge administratif sans attendre que l’Arcom publie ses décisions définitives », indique le groupe, en précisant qu’il s’agit « pleinement mobilisé pour défendre activement ses droits » et prêt à l’emploi « toutes les voies de recours à cet effet”.

Le groupe Canal+ fait valoir le même argument, affirmant que « La décision d’Arcom de ne pas présélectionner (…) constitue une faute grave envers la chaîne et est irréversible dans la mesure où elle exclut C8 de la phase de négociation des accords avec Arcom ». Et d’ajouter :

« Il ne serait pas acceptable que C8 ne puisse pas demander au Conseil d’État d’empêcher une atteinte aussi massive et disproportionnée à l’existence même de l’entreprise », qui compte 300 employés, affirme le groupe. Il souligne également « les enjeux économiques, sociaux et concurrentiels générés par cette décision pour une chaîne de télévision qui existe (…) depuis près de 20 ans. »

Pour la filiale de Vivendi, C8 souffre » au moins trois injustices profondes « . » Il semble clair que l’Arcom entendait principalement sanctionner la chaîne en raison de ses « manquements » liés à l’émission « Touche pas à mon poste » (TPMP) ” par Cyril Hanouna, estime-t-elle. Cependant, le régulateur ” a déjà lourdement sanctionné C8 pour cette raison et rien ne l’autorisait à le réprimer à nouveau “, d’autant que la chaîne avait proposé en juillet de diffuser TPMP avec un décalage allant jusqu’à 45 minutes, rappelle-t-elle.

Signal fort d’Arcom

Les raisons qui ont conduit Arcom à ne pas renouveler les fréquences de ces deux chaînes sont différentes. Pour NRJ12, c’est à cause de ses faibles audiences et d’une programmation essentiellement basée sur des rediffusions.

Du côté de C8, ce sont les nombreux dérapages de son présentateur vedette, Cyril Hanouna, lors de son émission phare « TPMP », qui ont valu à la chaîne 7,6 millions d’euros d’amendes cumulées sur huit ans. Lorsque l’Arcom a auditionné sa direction en juillet, le régulateur n’a pas caché son agacement face à ces dérives répétées. L’institution a vivement critiqué le manque de contrôle de C8 à l’antenne.

« Nous avons eu ces discussions sur le contrôle de l’antenne à chaque procédure », a déploré Benoît Loutrel, membre du collège des gendarmes de l’audiovisuel. « À chaque fois, vous nous avez expliqué que cela ne se reproduirait plus. Et pourtant, cela revient, cela revient, cela revient ! Ce sont des dérapages majeurs », il avait tonné.

En revanche, la direction de C8, sachant que la chaîne était menacée, avait tenté un dernier coup. Elle s’était engagée à diffuser « TPMP » en « différé », soit un décalage de 15 à 45 minutes. De quoi, en somme, donner le temps à la production de couper les éventuelles séquences problématiques avant leur diffusion à l’antenne. Mais cela n’a sans doute pas convaincu Arcom. En excluant C8, le régulateur a envoyé un signal fort aux éditeurs de chaînes sur la nécessité de respecter leurs obligations.

L’Arcom sanctionne à nouveau C8, cette fois pour publicité clandestine

Un au revoir mais pas un adieu

Il n’en demeure pas moins que le retrait de la fréquence C8, tout comme celui de NRJ12, ne signifie pas forcément l’arrêt total de la chaîne. Internet, les box et les téléviseurs connectés offrent de nombreuses possibilités de diffusion. La TNT, lancée en 2005 en France métropolitaine, structure néanmoins encore largement le paysage audiovisuel français et reste le seul moyen de recevoir la télévision pour près de 20 % des foyers équipés d’un téléviseur.

Cela n’empêchera pas Cyril Hanouna de rester à l’antenne non plus. Il pourrait très bien travailler sur une autre chaîne ou un autre média. Il continue également de présenter l’émission « On marche sur la tête » sur Europe 1 chaque fin d’après-midi. Début septembre, il s’était posé en victime de l’Arcom, dénonçant ” [faire] « soumis à des harcèlements répétés » du régulateur. « J’ai décidé d’intenter une action en justice » il annonça solennellement, assurant qu’il avait « déjà un dossier de 35 pages » pour appuyer cette accusation. La saga n’est pas terminée.

(Avec AFP)

 
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