Dans “Les Trois Mousquetaires : Milady”, en salles depuis mercredi, les spectateurs peuvent découvrir Hannibal, un mousquetaire noir.
Interprété par Ralph Amoussou, il s’inspire de l’histoire vraie d’Aniaba, un Ivoirien arrivé en France à l’âge de 15 ans à la fin du XVIIe siècle.
Après avoir épousé la religion catholique, il devient le filleul de Louis XIV avant d’entrer au service de l’armée française.
En adaptant Les trois Mousquetaires pour le public de 2023, le réalisateur Martin Bourboulon et les scénaristes Alexandre de la Patellière et Mathieu Delaporte ont pris quelques libertés. On se souvient de la bisexualité assumée de Porthos, incarné par Pio Marmaï dans le premier volet. Le second, en salles mercredi, comprend un protagoniste absent de l’œuvre d’Alexandre Dumas.
Interprété par le comédien Ralph Amoussou, l’interprète de Georges Diouf dans Les Tuches, Hannibal est un mousquetaire noir qui fait équipe avec D’Artagnan et ses compagnons d’armes au service de Louis XIII, incarné par Louis Garrel. Malgré des dizaines d’adaptations en Films et en séries au cours du siècle dernier, vous ne l’avez jamais vu à l’écran. Et c’est normal…
Un destin hors du commun
Le personnage d’Hannibal est en effet inspiré de l’histoire vraie d’Anabia, dite le « Prince d’Ébène », dénichée par l’écrivain Frédéric Couderc dans un livre du même nom, publié en 2003 aux Presses de la Renaissance. Née en 1672 en Côte d’Ivoire, Aniaba est membre du peuple Ehotilé. A l’âge de 15 ans, il s’embarque pour la France à bord d’un navire marchand. Introduit à la Cour du « Roi Soleil », il embrasse la religion catholique et se fait baptiser par Bossuet, célèbre homme d’Église et écrivain.
Devenu filleul de Louis XIV, Aniaba hérite du prénom du roi et bénéficie de l’enseignement des meilleurs précepteurs de l’époque. Il rejoint ensuite le corps des Mousquetaires et devient le premier officier noir de l’armée française, avec une pension annuelle de 12 000 livres. Mais son séjour en France ne durera que dix ans.
En 1701, Louis XIV crée pour lui l’Ordre de l’Étoile de Notre-Dame, avant de le renvoyer en Côte d’Ivoire dans le but de le faire roi et de faciliter les échanges entre les deux pays. Le projet échouera et le « mousquetaire noir » sera abandonné par son pays d’adoption, avant d’être accusé de s’associer aux Néerlandais… Les raisons de son échec font l’objet de multiples théories. Mais tout porte à croire que Louis Aniaba est rentré en France où il est décédé anonymement.
Selon les historiens, sa vie a été racontée pour la première fois dans le roman d’un écrivain anonyme, publié en 1740. Après avoir refait surface dans un ouvrage de l’historienne Henriette Diabaté en 1975, il fait l’objet d’une pièce de théâtre de sa compatriote Anoma Kanié. deux ans plus tard. Il faudra attendre le livre de Frédéric Couderc en 2003 pour que son destin fascine une nouvelle génération.
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En 2019, Aniaba revient de manière inattendue sur l’actualité lorsqu’Amon N’Douffou V, roi de Sanwi, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, annonce sa contribution à la reconstruction de Notre-Dame de Paris. Un hommage à ce personnage oublié de l’histoire des deux pays dont on devrait bientôt reparler puisqu’une série qui lui est consacrée est en préparation pour Disney+.
>> Les Trois Mousquetaires : Milady de Martin Bourboulon. Avec François Civil, Vincent Cassel, Ralph Amoussou. Dans les théâtres.
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