Jonathan Prime / Jonathan Prime / Prime Video
Tourbillonnante série de capes et d’épées, cette réinterprétation de la succession tumultueuse d’Henri VIII d’Angleterre est un joyau inattendu. Confidences de sa révélation, Emily Bader.
Petite-nièce d’Henri VIII, Lady Jane Grey détient le triste record de la plus courte vie de reine d’Angleterre. Agée de 17 ans, elle a régné pendant neuf jours avant d’être décapitée sur ordre de sa cousine, Mary Tudor. Un destin tragique contre lequel la série se rebelle Ma Lady Jane sur Prime Video. Cette savoureuse comédie de cape et d’épée réécrit non seulement l’histoire, mais y injecte également une bonne dose de fantaisie.
Ce genre a un nom : la romance. La recette devrait être indigeste, mais elle s’avère étonnamment rafraîchissante. « Cette série est un mélange inclassable à la confluence de l’aventure, de la magie, de la comédie, de la fiction en costumes et de la romance. Le fantastique intervient au sens propre comme au sens figuré. On défait l’histoire et on la saupoudre de surnaturel. »savoure l’interprète de Jane. L’actrice américaine Emily Bader a été très surprise d’avoir été choisie malgré ses origines yankees. Et de souligner : « C’est une figure tragique et si méconnue des Tudors. Elle a une trajectoire atypique pour le XVIe siècle : elle a pu recevoir une riche éducation aux côtés de son cousin, le dauphin. Elle parlait plusieurs langues. Je me suis accrochée à cette idée de curiosité. D’autant plus que les créatrices Gemma Burgess et Meredith Glynn me l’ont présentée comme la fille spirituelle des héroïnes de Jane Austen, notamment Elizabeth Bennett deOrgueil et préjugéset de Buffy contre les vampires. Comment résister à un tempérament si têtu qu’elle sait qu’elle mérite bien plus que ce que le monde veut lui offrir ? Elle veut avoir une vocation et devenir guérisseuse.
Pour se glisser dans la peau de cette héroïne intrépide « dont les idéaux sont en conflit avec les sphères supérieures »Emily Bader dévorait des livres d’herboristerie et partait récolter des spécimens sur les bords de la Tamise.
Union politique et terrible secret
Cette Jane Grey, qui accède au trône, est en effet une passionnée de botanique, une lame fine à la répartie acérée, au grand désespoir de son mari, Lord Guildford Dudley (Edward Bluemel). Cultivant une réputation de débauché, le jeune homme brun est aussi réticent que Jane à cette union politique, acceptée pour protéger un terrible secret : Dudley fait partie d’une minorité traquée pour ses dons de métamorphose animale. Il se transforme en cheval au lever du soleil ! Ces séquences de transformation, loin d’être alourdies par des effets spéciaux improbables, s’inspirent des artifices et astuces visuelles du cinéma muet. Dudley propose à Jane d’annuler leur mariage si elle trouve un remède à cette « malédiction » qui donne lieu à des quiproquos absurdes, voire salaces. Entre eux, c’est l’amour-haine avec des bons mots dévastateurs façon Beaucoup de bruit pour rien. Leurs ennemis, menés par l’ambitieux Lord Seymour (Dominic Cooper, Oh maman) et une Mary Tudor enragée, ne leur permettent guère une cour traditionnelle.
L’opposition entre humains et créatures magiques se remplace dans Ma Lady Jane le conflit entre catholiques et protestants. « Une métaphore de la discrimination et de la persécution intemporelles »décrypte le duo de scénaristes, grands fans des Monty Python. Ils ont également concocté une bande-son originale composée de reprises par des musiciens de classiques du rock anglais. Une ambiance au diapason de cette cavalcade effrénée, commentée par un narrateur omniscient qui régale le spectateur d’apartés anachroniques.
