En prenant l’exemple de la BBC… est-ce vraiment une bonne idée ? – .

En prenant l’exemple de la BBC… est-ce vraiment une bonne idée ? – .
En prenant l’exemple de la BBC… est-ce vraiment une bonne idée ? – .

Depuis ce matin, Radio France troque ses émissions contre des playlists musicales. Pour sa programmation TV, France Info a, de son côté, opté pour les rediffusions. Ce jeudi et vendredi, l’intersyndicale France Télévisions – en accord avec les intersyndicales de l’Institut national de l’audiovisuel (INA), Radio France et France Média Monde – a en effet appelé l’ensemble des salariés à « se mobiliser contre l’audiovisuel public ». projets de restructuration. La mobilisation s’annonce massive.

Dans le viseur ? Le projet de fusion défendu par la ministre de la Culture, Rachida Dati, dont l’examen du texte a été reporté à juin à l’Assemblée nationale. S’il est adopté, ce sera la création d’un mastodonte de l’audiovisuel, une holding baptisée « France Médias », regroupant donc France Télévisions, Radio France, l’INA et France Médias Monde. Un projet jugé « démagogique, inefficace et dangereux », selon un article publié dans Le monde ce mercredi et signé par 1 100 salariés de Radio France. “Les marchés, les usages, les modèles de production de la télévision et de la radio du service public ne sont pas les mêmes”, critiquent les signataires qui voient dans l’avenir “un appauvrissement de la ligne éditoriale” et un risque accru de pressions politiques “sous une seule et même direction”. ».

Un groupe britannique en crise

Parmi les craintes des acteurs de l’audiovisuel public, celle de devenir une BBC à la française, un exemple « brandi à chaque instant par les promoteurs de la fusion », poursuit la chronique qui souligne le bilan plus que négatif de la chaîne publique anglophone. Dans un contexte de crise économique au Royaume-Uni, la BBC connaît depuis dix ans une longue période d’austérité, où les financements sont gelés malgré l’inflation. En avril dernier, le groupe public britannique avait annoncé la suppression de 1 800 postes, justifiant un budget réduit de 30 % entre 2010 et 2020.

Derrière ces décisions, on retrouve le gouvernement britannique et la « Charte royale », explique Simon Dawes, maître de conférences en civilisation britannique et industries culturelles et créatives à l’université de Versailles. “C’est un document qui décide du rôle et du financement de la BBC sur dix ans”, souligne-t-il, pointant “un problème d’indépendance”.

Fusionner tout, faire tout disparaître

Petite subtilité ici. Le gouvernement britannique n’imposera jamais de suppressions d’emplois. “Mais ils disent ‘il y a moins d’argent, donc il faut faire quelque chose'”, remarque Simon Dawes. De nombreuses réorganisations des services, ainsi que des chaînes, ont donc été entreprises, bouleversant souvent les grilles de diffusion. « Par exemple, ils ont essayé d’investir dans les chaînes locales et pour ce faire, ils les ont fusionnées. Désormais, chaque chaîne locale diffuse une émission distincte le matin, fusionne l’après-midi et diffuse le soir des informations nationales», tente de nous expliquer Simon Dawes.

Parmi ces réorganisations, un exemple britannique présente une troublante ressemblance avec la situation actuelle de ce côté-ci de la Manche… Celle de la fusion de la chaîne BBC diffusée à l’international avec la chaîne traditionnelle, donnant plus de place à l’information britannique et laissant l’automne à l’international. Un avant-goût de l’avenir de France Média Monde, qui regroupe France 24, Radio France Internationale (RFI) et Monte Carlo Doualiya (MCD) ?

Un pied dedans, un pied dehors dans le projet de fusion, ses salariés craignent aussi de perdre leur place de choix à l’international. Ces chaînes “sont une vitrine d’information gratuite dans de nombreux pays du monde, dans un contexte où les atteintes à la liberté de -, les manipulations et les fausses informations se multiplient”, insiste l’article publié mercredi.

Un Boris Johnson très présent

Outre ces problèmes, le contrôle du gouvernement britannique a été critiqué à plusieurs reprises au sein de la BBC. Durant son mandat, Boris Johnson a continué de faire la guerre à la chaîne publique. Début 2020, juste avant la crise sanitaire liée au Covid-19, l’ancien Premier ministre décide de boycotter l’émission. Aujourd’hui de la BBC, jugé trop négatif. Il était également interdit à ses ministres de s’y rendre. Jusqu’au jour où défendre sur scène sa gestion de la crise est devenu nécessaire.

Mais si Boris Johnson et ses partisans s’estiment méprisés par la chaîne publique, son opposition travailliste a dénoncé en 2021 un « copinage conservateur » au sein même de la BBC. Derrière ce réseau, Robbie Gibb, l’ancien directeur de la communication de Theresa May qui, dans ses nouvelles fonctions de membre du conseil d’administration de la BBC, aurait bloqué la nomination d’une potentielle rédactrice en chef, Jess Brammar, jugée « trop politique ». « . « En plus, il y a beaucoup de « portes tournantes » [« un jeu de chaises musicales », en français] entre les employés de la BBC et les conservateurs », note le conférencier Simon Dawes.

Dernier cas en date, Richard Sharp, ancien président de la BBC, a annoncé sa démission en avril 2023 après avoir été impliqué dans une affaire de conflit d’intérêts au moment de sa nomination. Alors qu’il travaillait comme banquier chez Goldman Sachs, Richard Sharp a aidé Boris Johnson à obtenir un joli prêt d’environ 800 000 livres sterling, soit 906 000 euros. Un rapport concluait alors que les règles relatives aux nominations publiques avaient été violées. L’herbe n’est décidément pas plus verte outre-Manche. Cela fait même craindre des mauvaises herbes pour l’avenir de l’audiovisuel public français.

 
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