CHRONIQUE
Alors qu’il discutait avec Jerry Seinfeld sur la bonne manière de terminer une série, Larry David s’est éclipsé dimanche 7 avril, à la fin du dixième épisode de la douzième saison de Calme ton enthousiasme (littéralement “contiens ton enthousiasme”, l’inventeur du titre français, Larry et son nombril, fonctionne toujours). Pour toujours, dit Larry David.
Lire la chronique de la série Pause (en 2021) : Article réservé à nos abonnés Jerry Seinfeld et Larry David au pays des hommes blancs
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Pas plus qu’il n’en fallait pour confondre Jerry Seinfeld, le personnage comique immature et égoïste de Seinfeldavec Jerry Seinfeld, le comédien devenu magnat de la télévision, il ne faut pas confondre Larry David, l’acharné septuagénaire multimillionnaire, protagoniste de Calme ton enthousiasmeet Larry David, comédien américain, co-créateur de Seinfeld, créateur et interprète de Trottoir…
A moins que ce dernier ne décide, comme son alter ego fictif, de consacrer l’essentiel de son temps au golf, on reverra ce visage grimaçant d’agacement sous une coupole crânienne prête à exploser, sur scène, dans la fiction, sur les plateaux de talk-show.
Mais ce ne sera plus pareil. La fin de Calme ton enthousiasme est comme le point final d’un long post-scriptum (le premier épisode a été diffusé en 2000) que Larry David a ajouté à la chronique de l’âge d’or des séries comiques, celles qui s’étirent dans le temps en réunissant des dizaines de millions de spectateurs convaincus d’être devenus familier avec Jerry, Elaine, George et Kramer ou locataires privilégiés de Amis.
Lire la critique (en 2020) : Article réservé à nos abonnés “Larry et son nombril”, ses bourdes et gags à gogo
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En 1998, la finale de Seinfeld a réuni dimanche 7 avril plus de 76 millions d’Américains, ils étaient à peine plus d’un million à regarder Aucune leçon apprise (« aucune leçon apprise »), telle est la mesure numérique de la métamorphose des séries, qui rassemblent aujourd’hui de petites cohortes de followers, chacune dans sa niche, là où les grands succès des réseaux rassemblaient des gens qui n’avaient rien à voir. avec l’un l’autre.
Une escalade des transgressions sociales
Larry David est trop intelligent pour tirer sa révérence sans tenir compte de la position anachronique de Calme ton enthousiasme dans le paysage contemporain. Après un avant-dernier épisode qui a vu apparaître Bruce Springsteen en papy grincheux à la santé fragile, Aucune leçon apprise est à la fois une revisitation des principaux défauts d’un personnage qui n’en manque pas et un remake des deux derniers épisodes de Seinfeldécrit par Larry David en 1998.
On a vu Jerry et ses acolytes comparaître pour non-assistance à personne en danger, pour égoïsme donc (trait qui, entre tous, définissait ces enfants des années 1990) devant un tribunal où leurs victimes venaient témoigner du manque de considération. dont les accusés avaient fait preuve contre eux. Un quart de siècle plus tard, Larry est jugé en Géorgie pour avoir donné de l’eau à un électeur noir qui faisait la queue au soleil devant un bureau de vote, violant ainsi une loi de cet État du sud visant à décourager le vote. Afro américain.
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