TRIBUNE – Alors que 2024 a confirmé le besoin d’assurance, 2025 s’ouvre sur d’importantes corrections de prix.
Leur acceptation par les assurés sera l’une des grandes questions de l’année, dans un contexte où inflation réglementaire, instabilité politique et IA bouleversent le secteur. Ces facteurs posent une équation complexe pour les assureurs, la clé étant de maintenir la confiance des assurés.
L’assurance de dommages a de l’avenir, sous certaines conditions
Commençons par la bonne nouvelle, les scénarios de déclin fulgurant de la masse assurable et de perturbation du marché par de nouveaux acteurs – largement commentés ces dernières années – s’éloignent au profit d’une conviction partagée : l’assurance a un avenir. L’année 2024, avec une tendance de croissance positive, n’a pas contredit cette orientation.
L’assurance a un avenir car elle répond à un besoin croissant et nos concitoyens sont conscients de son utilité, notamment face à l’accélération des événements climatiques, qui impactent désormais fortement les esprits.
Un avenir qui dépend néanmoins de deux conditions : un marché « assurable » au regard des sinistres climatiques et un marché « accessible » au sens du budget de nos assurés. L’assurabilité dépend principalement de notre capacité à nous asseoir autour de la table : nous avançons, mais sans doute trop lentement.
Alors que le pouvoir d’achat reste au cœur des préoccupations des Français, la question de l’accès au marché est plus centrale que jamais. Nous avons un défi éducatif collectif autour de la valeur du risque. Il n’est plus possible de tarifer une prime habitation au niveau de celle d’un vélo électrique.
Une correction de prix bien comprise ?
Même si tout le monde se regarde et espère avoir bien mesuré l’effort à fournir, la correction tarifaire pour 2025 s’annonce significative ; la question est de savoir si les assurés le comprendront, au moment même où, dans tous les esprits, la période d’inflation est en phase d’atterrissage. Ceci est d’autant plus sensible que si l’aspect climatique est suffisamment perceptible pour être compris, l’inflation des coûts de réparation est plus compliquée à comprendre.
Rattraper son retard sur l’histoire d’un secteur de l’habitat déjà en difficulté, compenser l’évolution des coûts moyens, anticiper une année climatique dans la tendance 2022/2023, la note sera importante. Et c’est l’assureur qui présente la facture aux clients finaux.
C’est ce contexte qui amène certains acteurs à revenir sur la question stratégique de la capacité des assureurs à mieux maîtriser les ingrédients de la chaîne de valeur, à travers la réparation automobile ou les pièces réutilisées par exemple, mais la réflexion pourrait être plus large.
En 2025, il est donc temps pour les assurés de se confronter à la réponse tarifaire. Même si le tarif ne peut pas être la seule réponse à l’évolution des coûts.
-La prévention comme complément crédible
Il faudra en effet promouvoir et systématiser les réflexes de prévention. C’est aussi un sujet historique mais sur lequel nous n’avons pas encore réussi à mobiliser complètement le grand public.
Il est nécessaire de développer davantage le concept global du sujet. Dans l’habitat par exemple, on pense à l’exclusion de certaines zones, mais aussi à la reconstruction post-catastrophe, à la construction, au renforcement des protections ou encore et peut-être surtout au maintien de la robustesse du bâtiment existant.
Pour réduire la facture, il va falloir traiter tous ces sujets en même temps. Et ce, dans un contexte réglementaire et politique qui devient de plus en plus complexe.
Toujours la réglementation et maintenant le contexte politique
Il ne s’agit pas de contester la pertinence de cet aspect mais de constater que le triptyque « nouveaux textes, exigences croissantes sur les systèmes existants, contrôles accrus » participe de plus en plus aux capacités de transformation des organisations.
Il s’agit certes de protéger les assurés, de sécuriser et de rendre solvable le marché, mais cela a un impact direct sur les évolutions informatiques, la mobilisation des ressources de modélisation, de contrôle interne et in fine, l’ensemble des ressources opérationnelles. À cela s’ajoute l’instabilité politique. Oui, une politique publique d’assurabilité suppose une forme de constance et la multiplication des interlocuteurs successifs ne permet pas de faire avancer ces sujets. Au-delà de cela, si l’on dépasse la complexité nationale, il existe de nombreuses sources d’instabilité mondiale et avec elles, les risques associés pour toutes les industries, y compris l’assurance.
L’essor de l’IA générative
Même si cela apparaît comme un exercice obligatoire, comment ne pas évoquer l’agitation autour de l’IA en 2024, dont chacun prend progressivement la mesure du potentiel sans avoir encore pleinement la capacité de le traduire opérationnellement.
Comme pour toutes les vagues technologiques, avec les espoirs et les craintes habituels qui y sont associés, les standards d’usage perçus par nos clients vont évoluer. Et comme toujours, il faudra s’adapter et se mettre à jour. Cependant, nous ne pouvons pas totalement parier sur le fait que le temps joue en notre faveur.
L’équation finale
Au bout du compte, il faudra savoir concilier trois sujets, qui ne sont pas spontanément compatibles : maîtrise des équilibres techniques, prise en compte des contraintes réglementaires et qualité de l’expérience client.
Si nous ne parvenons pas à gérer cet équilibre, les assurés risquent de privilégier les décisions budgétaires. Maintenir ce niveau de confiance et cette compréhension mutuelle est peut-être le premier défi pour façonner notre avenir.
Cette chronique est à retrouver dans notre magazine spécial revue des assurances 2024
Related News :