Par
Emmanuelle Anizon
Publié le
23 janvier 2025 à 19h43mis à jour le
23 janvier 2025 à 19h58
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Jeudi, au quatrième jour d’audience, Sandrine P., jugée devant la cour d’assises de Montpellier pour avoir affamé sa fille jusqu’à sa mort en 2020, a été interrogée. L’acte d’accusation de l’accusation et les plaidoiries de la défense auront lieu vendredi.
C’est le témoignage que la foule, venue nombreuse au palais de justice de Montpellier ce jeudi 23 janvier, attend depuis le début de ce procès trois jours plus tôt. La déposition de la mère d’Amandine, Sandrine P., accusée d’avoir renforcé sa fille de 13 ans jusqu’à sécher sa mort. Depuis le début de l’audience devant la cour d’assises de l’Hérault, la petite femme mince aux longs cheveux châtain clair garde obstinément la tête baissée sur ses baskets blanches. Pas un regard quand ses deux ex-compagnes décrivaient une personne aux commandes « Vide d’argent », “Violent”ainsi que la forme d’emprise qu’il exerçait sur eux. Pas un regard non plus lorsque ses propres enfants, les quatre frères et sœurs d’Amandine, sont venus raconter la punition, les coups. Pas un regard finalement quand le président du tribunal a montré des photos d’anniversaire joyeuses de la petite Amandine, soufflant les bougies de ses 5 ans, puis celles, insupportables, d’Amandine, 13 ans, enfermée dans un cagibi de La maison familiale de Montblanc (Hérault). ), prostré, nu, émacié.
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Durant toute l’information judiciaire, Sandrine P., 54 ans, avait nié les violences survenues à Amandine entre 2014 et 2020 et les actes de barbarie ayant conduit à sa mort entre mars et août 2020. Mardi, après deux jours de procès, elle a reconnu ce qui lui était reproché. pour lui. Mais là, aux manettes ce jeudi, lorsqu’il s’agissait d’expliquer ce mystère, comment une mère déclarée non psychopathe par les experts peut-elle typer et faire mourir de faim sa fille ? -, a-t-elle bloqué. « Quand vous tapez sur un enfant, vous entendez votre enfant qui supplie : « A, j’ai mal, « arrête », que ressens-tu ? Qui vois-tu ? “, demande le président Eric Emmanuelidis. “Je vois ma fille”, elle a répondu. « Et alors ? » Quelle est cette rage, cette haine ? Je n’arrive pas à comprendre que cela dure vingt ans sur tous vos enfants. Vous vous posez la question depuis que vous êtes en détention ? »»
Elle prend le temps de répondre, les mains croisées devant elle : “Je sais que je me trompe, mais pourquoi?” Je ne sais pas. Sauf d’avoir moi-même été traumatisé quand j’étais enfant, moi-même… sûrement. »» Elle dit qu’elle avait une mère violente et qu’elle avait faim d’un enfant. Et pour la première fois, elle qui n’avait jamais versé une larme depuis le début du procès alors que toute la salle pleurait, a-t-elle pleuré. Sur son sort. “Pourquoi Amandine, plus que les autres ?” Vous n’aimez pas ça ? “, reprend le président du tribunal. “Oui, je l’aimais”, elle répond d’une petite voix. “Mais comment peut-on arracher les cheveux d’un enfant de 3 ans et l’aimer ?” Sur vos huit enfants, deux sont morts, deux sont restés et ne veulent plus vous voir et les quatre autres se sont portés partie civile. Comment êtes-vous admissible, en tant que mère ? »» Elle répond : « Comme une mère honteuse. »»
Il y a eu des rapports, elle aurait pu recourir aux services sociaux. “Ce n’était pas envisageable pour moi”, dit-elle. Au contraire, elle empêchait ses enfants de parler. Par amour, par peur d’être placés ou de subir des représailles de sa part, les frères et sœurs d’Amandine sont restés silencieux. Pour eux, et pour Amandine, l’enfant martyre, sur laquelle la violence a été encore plus forte. Pourquoi l’est-elle ? “Parce qu’elle ressemblait plus à son père peut-être”dit Sandrine P.
“Sa vie était une peine de dix ans”
A la demande du président du tribunal, elle raconte par petites phrases comment le premier confinement de mars 2020 l’a fait basculer. « Il n’y avait plus d’intervalle entre nous deux. C’était compliqué pour les deux. »» Sous prétexte qu’Amandine « Refusé de faire ses devoirs », Elle l’a fait descendre dans le cagibi au rez-de-chaussée, qui s’est transformé en une prison meurtrière.. Mercredi, Un frère et une sœur racontent qu’Amandine remonte au début du confinement, pour faire le ménage. Mais nue, pour être sûr qu’elle ne volait pas de nourriture. Sandrine P. le reconnaît. “Pendant ce temps, tu tricotes, tu manges, tu accueilles des enfants, tu regardes la télé… Tu dors ?” »»indigne le président. Silence. « Elle t’a appelé, Amandine ? Est-ce qu’elle t’a demandé de manger ? Boire ? “, insiste-t-il. Elle ne le sait pas.
Sandrine P. surveillait sa fille, avec l’application de son téléphone ou de sa tablette, car elle avait fait installer par son compagnon des caméras de surveillance en 2019. Des images insupportables, récupérées par les enquêteurs, sur lesquelles on peut voir le collège, qui ne faisait plus à la fin de ces longs mois seulement 28 kilos pour 1,55 mètre, prosterné. Elle ne leva pas les yeux pour les regarder, lorsque le président les fit diffuser. « Madame », expliquez-nous comment on arrive à ces images où Amandine est mourante et n’a que la peau sur les os ? ” “, », demande Eric Emmanuelidis. “J’ai fermé les yeux sur son état”, elle a répondu. « On ne peut pas fermer les yeux devant un acte de torture ! » C’est votre compagnon que nous accusons de ne pas avoir agi. Vous avez décidé de cette situation. »» Elle est silencieuse. “Qu’est-ce que tu punis?” “, demande le président. « De tout », elle répond, cette fois du tac au tac. “Tu le punis pour qu’il existe, quoi, Soupire Eric Emmanuelidis, qui ne cache pas sa colère depuis le début du procès et de moins en moins au fil des jours. Sa vie était une peine de dix ans. »»
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Sandrine P. ravive le sinistre jour de la mort d’Amandine, le 6 août 2020. Elle l’aurait appelée pour qu’elle vienne manger, la jeune fille aurait refusé. Sa mère l’aurait obligée à manger une cuillère de compote, puis, devant son état, aurait envoyé son compagnon acheter une boisson protéinée à la pharmacie.. Et Amandine serait morte. “Je l’aimais, je ne voulais pas sa mort”, elle sanglote. La présidente lui rappelle qu’elle a présenté sa fille aux enquêteurs comme une anorexique, voleuse et menteuse, qu’il a fallu plus de six mois d’enquête pour constater qu’Amandine n’était pas anorexique, mais bien affamée..
Après le décès, l’un des enfants de Sandrine P. a retrouvé son air ” soulagé “. Elle a même fait un voyage en Corse. Les enquêteurs ont retrouvé ce texte, envoyé à son compagnon : « La justice ne peut rien contre nous. »» Messages de sa fille aînée, Cassandra, en lui disant : “C’est nul, ça pue”, et Sandrine P. lui répondant : « Mauvaise période, ça va passer. » « Vous sentez-vous coupable de la mort de cet enfant ? ” “, demande le président du tribunal. ” Bien sûr “, répondit-elle, de sa petite voix, avant de demander ” pardon ” à ses enfants. « Je suis monstrueux, mais je n’ai jamais voulu tuer. Si je suis comme ça, c’est peut-être que je n’ai vu que de la violence autour de moi. »» Puis Sandrine P. est rentrée dans sa loge, le visage figé, les yeux baissés sur ses baskets, laissant derrière elle les mêmes questions et un mystère toujours aussi épais.
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