Les chiffres du Louvre sont vertigineux – 8,9 millions de visiteurs en 2023 – et continueraient probablement d’augmenter si Laurence des Cars, directrice du musée depuis 2021, n’avait imposé une limite de 30 000 visiteurs par jour (cela arrivait parfois que le Louvre accueille jusqu’à 45 000 touristes par jour).
Dans une lettre à la ministre de la Culture Rachida Dati, obtenue par Le Parisien, Laurence des Cars souhaite cette fois sensibiliser aux problèmes de vétusté du Louvre et aux conditions d’accueil des visiteurs. Le constat est simple : les bâtiments du plus grand musée du monde sont « trop sollicités » et sont « à un niveau de vétusté inquiétant ».
Mauvaises conditions d’accueil et tableaux en danger
L’ancien directeur du musée d’Orsay énumère ainsi des « dégâts » et des espaces « parfois très dégradés », dont l’étanchéité n’existe parfois plus. Laurence des Cars regrette également « des variations de température inquiétantes mettant en danger la conservation des œuvres » – au nombre de 30 000, pour celles exposées, mais il en reste des milliers d’autres en réserve.
Selon les mots de Christian Galani, représentant du Louvre auprès du syndicat CGT Culture, auprès de l’AFP, “pas un jour ne se passe sans voir la dégradation du bâtiment, avec des peintures qui s’effritent, des salles, des réserves et des espaces de travail parfois inondés, des coupures d’électricité et retard de paiement des prestataires de services en raison du manque de budget.
A cela s’ajoutent les conditions d’accueil des touristes que Laurence des Cars trouve nettement améliorables. Conçu pour accueillir 4 millions de visiteurs avec sa pyramide enflammée dès les années 1980 sous Mitterrand, le Louvre en accueille facilement deux fois plus aujourd’hui.
Or, « le visiteur ne dispose d’aucun espace lui permettant de faire une pause », le tout dans un parcours devenu « une épreuve physique » et qui nécessite 2 à 3 heures de visite pour voir une bonne partie des œuvres. La pyramide de verre de l’architecte sino-américain Pei est également remarquée pour « l’effet de serre » créé par sa verrière lors des journées chaudes.
-« L’approvisionnement alimentaire ou les installations sanitaires sont insuffisants, bien en deçà des normes internationales. La signalétique doit être entièrement repensée », poursuit la lettre.
La question du déplacement de la Joconde
Enfin, « de l’avis de tous, la présentation de la Joconde dans la salle des Domaines doit être remise en question », précise la lettre adressée au ministère de la Culture. Le symbole de Léonard de Vinci s’y retrouve isolé, chef-d’œuvre étroit au centre d’une immense salle où environ 20 000 visiteurs quotidiens se bousculent souvent pour pouvoir le prendre en photo quelques secondes seulement. Tout cela « sans que les clés de compréhension de l’œuvre et de l’artiste » soient proposées au public, déplore le directeur du musée.
Le Louvre demande donc une réaction du gouvernement, voire une aide financière (même si aucun chiffre n’est évoqué). La direction du musée a déjà envisagé, parmi les pistes de réaménagement du musée le plus visité de France, une entrée supplémentaire pour les visiteurs, afin de repenser la Cour Carrée et sa pyramide.
Au moins “100 millions d’euros d’investissements seraient nécessaires (…) dont seulement 26 millions sont assurés en 2024, le reste devant être étalé jusqu’en 2032, faute de budget”, a indiqué à l’AFP une autre source proche du dossier. Le 4 mars, le musée organisera son dîner annuel pour ses mécènes afin de récolter des fonds, qui apportera déjà plusieurs réponses à ses questions.
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