Le sociologue Maxime Duviau a réalisé une étude sur ce sujet, dirigée par Évelyne Barthou, publiée sous le titre « Ici, on vit plus simplement », que l’on retrouve sur le site Cairn.info.
Pour mener à bien ces travaux, ce chercheur associé au laboratoire TREE (Transitions Énergétiques et Environnementales) au sein de l’Université de Pau et Pays de l’Adour, s’est entouré d’une équipe pour mener 37 entretiens directs, en complément du traitement des 226 questionnaires envoyés en ligne, soit environ 12,4% des Souletins âgés de 18 à 30 ans.
Maxime Duviau a également pu s’appuyer sur les résultats de la recherche-évaluation financée par le Fonds d’expérimentation jeunesse d’une association souletinienne qui cherchait à savoir pourquoi certains jeunes quittaient le territoire souletin.
Qu’avez-vous appris de l’étude de cette province basque ?
C’est un territoire très rural, peu densément peuplé, fortement marqué par le cadre naturel qui s’impose aux Souletins. Ce territoire se définit également par son rapport aux traditions. Près d’un quart des jeunes pratiquent une activité basque. Outre la langue souvent parlée, on peut citer la pelote, les jeux de rebot, les chants, les pastorales et les mascarades… Mais cet attachement peut aussi marginaliser ceux qui y sont moins attachés. Il faut donc rappeler que ces jeunes ne se ressemblent pas forcément. Il y a beaucoup de nuances et certaines ne semblent pas intégrées.
Alors le cadre naturel est si important ?
En effet, nombreux nous ont confié la nécessité de se retrouver régulièrement dans un cadre naturel. La comparaison avec le milieu urbain, récurrente dans nos entretiens, implique souvent un sentiment de privilège de vivre en milieu rural. Vivre à proximité des montagnes, de l’océan ainsi que du calme et de la tranquillité serait une chance selon certains et offrirait des opportunités auxquelles les citadins auraient peu accès. Valoriser son territoire, mettre en valeur ses caractéristiques et ses atouts en s’éloignant du mode de vie urbain semble aussi être une façon de mieux l’habiter et de s’y construire de manière positive.
Pourquoi les jeunes Souletins ne restent-ils pas sur le territoire ?
De nombreux jeunes quittent effectivement le territoire, notamment pour des études et des opportunités d’emploi, même s’il existe des initiatives politiques en faveur du tissu économique. Les deux tiers des jeunes Souletins et Souletines que nous avons interrogés ont quitté temporairement ou définitivement la campagne pour la ville.
Qu’en est-il de leur mobilité ?
-Comme partout, la mobilité rurale est très différente de la mobilité urbaine. Nous nous déplaçons donc majoritairement en voiture, ce qui représente une barrière à l’autonomie. Même si les bus existent, cela ne suffit pas. Face à cela, des stratégies se mettent en place, notamment des réseaux de covoiturage via des groupes Facebook dédiés.
Qu’en est-il du rapport des jeunes à l’écologie ?
Spontanément, ils n’ont pas abordé le sujet. Cette enquête nous a permis de comprendre que la problématique de l’écologie chez les jeunes n’est pas exclusive à la protection de l’environnement. Il s’agit aussi de connaissance du territoire, des relations familiales ou avec ses pairs.
Cela peut-il expliquer pourquoi les partis écologistes peinent à percer dans les zones rurales ?
Ces résultats ne peuvent pas être surinterprétés de cette manière. Mais effectivement pour certains, avec de nombreuses nuances, le terme écolo est perçu de manière péjorative. C’est quelque chose auquel ils ne s’identifient pas. Pourtant – et c’est là le paradoxe – ils ont des activités très respectueuses de l’environnement. Le terme écolo fait référence au citadin qui n’y connaît rien. Elle est souvent associée à un jugement porté sur eux par des « citadins » qui leur donnent une image de « bennes à ordures », déplorent-ils. À ce titre, ils peuvent se montrer très critiques à l’égard des partis politiques écologistes.
Certains disent aussi se sentir enfermés à cause de leur connaissance mutuelle.
Quand on leur demande quels sont les aspects négatifs de leur région, ils nous répondent concrètement qu’il est parfois difficile de vivre en Soule car tout se sait. Il est parfois difficile d’y rester anonyme. Leur histoire les suit, ils peuvent difficilement se débarrasser d’une image qu’ils avaient.
Les réseaux sociaux avant la tradition
L’enquête par questionnaire a montré que les activités les plus pratiquées sont : passer du temps sur les réseaux sociaux (55,5% le font tous les jours) ; surfer seul sur Internet (49,3 %) ; écouter de la musique (46,9 %) ; être avec des amis (38,4 %) et regarder des séries télévisées (37 %).
Néanmoins, près d’un quart des jeunes interrogés déclarent pratiquer des activités basques, dont un tiers au moins une fois par semaine. Ce sont les plus âgés qui pratiquent le plus ces activités puisque 51,3% des 26 ans et plus les pratiquent régulièrement, alors que seulement 41,8% des moins de 16 ans le font.
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