Publié le mercredi 22 janvier 2025 •
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Mercredi 15 janvier 2025, après plus d’un an de blocage diplomatique, un cessez-le-feu est enfin conclu entre Israël et le Hamas. Cet accord, longtemps espéré, a enfin vu le jour après de longues négociations indirectes à Doha (Qatar). Celles-ci se sont accélérées à l’approche du départ de la Maison Blanche de Joe Biden, qui vient d’être remplacé lundi par Donald Trump. L’équipe de l’ASFE s’est entretenue avec son représentant à Tel Aviv, M. Johan Habib, pour en savoir plus sur le cessez-le-feu.
Les négociations à Doha ont abouti, mercredi 15 janvier dernier, à l’officialisation d’un accord prévoyant un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération des otages, après plus de quinze mois de guerre entre Israël et le Hamas ayant fait des milliers de morts. Quelle est la situation actuelle en Israël ? Quelle a été la réaction de la communauté israélienne ?
En Israël, le peuple tout entier a retenu son souffle en voyant en direct les images des trois jeunes filles otages sortant de l’enfer du Hamas. Je peux dire qu’à ce moment-là, tout le pays s’est littéralement arrêté et que la douleur des derniers mois commençait tout juste à s’atténuer. Mais cette libération progressive est un supplice national. Il existe un très large consensus sur le fait que la libération des otages est une priorité absolue. La question de savoir à quel prix fait cependant débat entre ceux qui estiment qu’il faut le faire à tout prix et une fraction minoritaire de la population qui estime que la libération des prisonniers, condamnés à perpétuité pour crimes terroristes, servira l’objectif de création de « bombes à retardement ». Les Israéliens ne sont pas dupes. Ils savent que tant que le Hamas contrôlera la bande de Gaza, la menace persistera, et la question n’est pas de savoir s’ils tenteront à nouveau le « 7 octobre », mais quand ils pourront le faire.
Cette nouvelle a été saluée par la communauté internationale. Un cessez-le-feu signifie-t-il le début d’une paix durable dans cette région ? A l’inverse, pensez-vous que cette trêve reste extrêmement fragile et que tout pourrait changer à tout moment ?
Le problème est qu’il n’y a que méfiance face à une population gazaouie qui a failli lyncher les 3 otages sortant des griffes du Hamas en montant dans les véhicules de la Croix Rouge. N’oublions pas que deux des trois filles, comme tant d’autres, ont été kidnappées par des familles.
Cette trêve est très fragile car le Hamas joue à fond la guerre psychologique en ne divulguant que tardivement les noms des otages qui peuvent être libérés, en retardant leur remise, ou en les humiliant devant les caméras. Nous nous attendons encore à de nombreuses provocations avant la fin de cette phase pour pousser Israël à l’erreur. Par ailleurs, paradoxalement, l’organisation terroriste s’est considérablement enrichie (1 milliard de dollars) en faisant passer clandestinement de l’aide humanitaire à la population et a donc intérêt au statu quo.
-Enfin, l’opinion générale est que tant que l’Iran jouera ce rôle néfaste de protecteur de ces organisations : Hezbollah, Hamas, Houtis au Yémen ou milices en Irak, aucune paix ne sera possible.
La première des trois phases prévues par l’accord a été initiée dimanche matin. Il prévoit la libération de 33 otages israéliens en échange d’un échange de détenus palestiniens et d’une augmentation de l’aide humanitaire. Pouvez-vous nous en dire plus sur la composition de l’accord de cessez-le-feu divisé en trois phases ?
Nous n’avons pas beaucoup d’informations sur le contenu de la 2ème phase car elle doit être négociée à partir du 16ème jour de l’accord. Le Hamas a appelé à la fin définitive et sans réserve de la présence israélienne à Gaza. En outre, il prévoit d’injecter plusieurs milliards de dollars depuis l’étranger. Par ailleurs, la demande de libération du Hamas concernerait apparemment des détenus condamnés à de très lourdes peines comme Marwann Barghouti ou Hasan Salamé, condamnés chacun à plusieurs dizaines de peines à perpétuité, ce qui pourrait conduire à un non-droit de la part des autorités israéliennes.
Le Hamas « ne gouvernera plus jamais Gaza », assure le futur conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump. Comment voyez-vous l’avenir des événements avec l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ?
Il faut être réaliste. Pour présenter une alternative crédible au Hamas, de grands slogans ne suffiront pas. Le rôle de la nouvelle administration américaine serait de faire pression sur les pays de la région – l’Égypte, le Qatar, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite – pour qu’ils coordonnent la création d’une force régionale chargée d’administrer Gaza et de mettre fin au contrôle du Hamas sur cette zone. .
Avez-vous autre chose à ajouter ?
Même si la population israélienne est fébrile face au sort des otages encore détenus, tout le monde pense, à juste titre, au « lendemain ». Comment puis-je éviter que cela ne se reproduise ? À Gaza, la haine d’Israël et des Juifs est ancrée notamment depuis l’enfance dans les manuels scolaires saisis dans les écoles de Gaza. Il faudra une génération pour désapprendre à haïr les autres. Du côté d’Israël, les responsables gouvernementaux et militaires devront répondre devant le pays de ce qui restera le pire pogrom depuis la Seconde Guerre mondiale et le pire échec sécuritaire depuis la création de l’État d’Israël.
Johann Habib, représentant de l’ASFE pour Israël, circonscription de Tel Aviv.
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