Ils ont été occultés dans l’actualité par la cessation des hostilités dans la bande de Gaza et l’investiture de Donald Trump, mais au moment où j’écris ces lignes, les incendies qui ravagent Los Angeles n’ont pas été maîtrisés. Pire ! Des vents violents risquent de raviver les flammes, alors que quelque 16 000 hectares ont déjà brûlé et que les incendies ont fait 27 morts.
Face à cette catastrophe sans précédent dans l’histoire de la Cité des Anges, nombreux sont ceux qui ont pointé du doigt le changement climatique. Le territoire a en effet connu deux années pluvieuses qui ont rendu la végétation luxuriante, avant de connaître plusieurs mois de sécheresse intense. Tous les ingrédients de l’incendie étaient ainsi réunis. Mais le nouveau président américain a préféré accuser les autorités locales de manque de préparation, voire d’incompétence.
Il faut dire que selon Karen Bass, maire de Los Angeles, 20 % des bouches d’incendie de la ville étaient à sec dans les premiers jours de la catastrophe. Il convient également de noter que le système de gestion de l’eau de la Californie (le California State Water Project ou SWP) est titanesque. La page Wikipédia qui lui est consacrée le décrit comme « l’un des plus grands services publics d’eau et d’électricité au monde, fournissant de l’eau potable à plus de 23 millions de personnes et générant en moyenne 6 500 GWh d’énergie ». hydroélectricité par an. [… Il] collecte l’eau des rivières du nord de la Californie et la redistribue aux villes pauvres en eau mais peuplées via un réseau d’aqueducs, de stations de pompage et de centrales électriques.
Le gouverneur de l’État, Gavin Newsom, a été attaqué par Donald Trump pour s’être opposé à un projet visant à rediriger l’eau du delta de Sacramento-San Joaquin vers les fermes et les zones urbaines plus au sud. Ceci, au nom de la protection des espèces menacées dans ledit delta, le saumon et l’éperlan en particulier. Pour le gouverneur, les sujets des incendies et de ce projet n’ont rien à voir les uns avec les autres et tous ceux qui comprennent la politique de l’eau de l’État le savent.
Comme c’est souvent le cas, la vérité se situe probablement quelque part entre les deux points de vue. Le passage de saisons exceptionnellement pluvieuses à des mois extrêmement secs est sans doute, n’en déplaise au président américain, l’illustration d’un changement climatique désormais largement documenté… Et auquel nous sommes pourtant globalement très mal préparés. Outre-Atlantique comme ailleurs.
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Souvenons-nous des incendies de la Teste-de-Buch (Gironde), à l’été 2022. Constituer des réserves d’eau et disposer de bouches d’incendie fonctionnelles semblent le minimum dans les circonstances. De même, des politiques de défrichement des terres arides seraient pertinentes, en Europe comme aux États-Unis.
Ce débat me semble en tout cas emblématique de ce qui nous attend avec l’élection de Donald Trump. De la mondialisation à la santé, en passant par la politique étrangère, lui et ses partisans semblent déterminés à bousculer tous les ordres établis. Avec beaucoup d’excès et de contrevérités, c’est vrai. Mais aussi des questions qui méritent d’être réfléchies.
Sébastien Jacquart
Photo en vedette : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:PalisadesFire_fromDowntown.png
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