News Day FR

quel est le réel impact des forêts urbaines ?

Le chantier de la forêt urbaine devant l’Hôtel de Ville de Paris, le 17 janvier 2025. CARINE SCHMITT / HANS LUCAS VIA AFP

Lire plus tard


Google Actualités




Partager



Facebook



Gazouillement



E-mail



Copier le lien

Envoyer

Temps de lecture : 3 minutes.

Accès gratuit

Décryptage
La troisième forêt urbaine de Paris devrait voir le jour en juin, sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Agissant comme des îlots de fraîcheur, ces bosquets sont censés répondre aux enjeux du réchauffement climatique dans les villes.

Dans le froid glacial de la mi-janvier, quelques ouvriers s’affairent devant l’Hôtel de Ville de Paris. En quelques mois, l’aspect de la place emblématique a sensiblement changé : elle est désormais défigurée sur sa gauche par un trou béant de deux mètres de profondeur, consolidé par des échafaudages en bois. De l’autre côté, dans une parfaite symétrie, le fossé a déjà été rempli de terre et des arbres aux racines encore enveloppées sont apparus.

Lire aussi

Le verdissement, une véritable forêt de bienfaits en ville

Abonné

Lire plus tard

Huit mois de travaux seront encore nécessaires pour livrer la troisième forêt urbaine de la capitale – après la Place de la Catalunya au 14e quartier, et les bois de Charonne au 20e. Dans le but de rafraîchir cet îlot de chaleur minéral au coeur de 4e Paris, une centaine d’arbres devraient être plantés d’ici le printemps. Des rangées de chênes de Bourgogne et de charmes communs, espèces communes dans les forêts franciliennes, mais aussi de criquets d’Amérique et de micocouliers juliens, censés mieux résister au changement climatique, vont bientôt bourgeonner.

Au total, cela fait près de 1 000 m2soit entre 25 et 30% de l’espace, qui sera planté en pleine terre. Pour augmenter “la surface verte”la mairie a choisi de recouvrir les deux fontaines de végétation, qui sera asséchée. « Ce nouveau paysage garantira des vues historiques, notamment sur Notre-Dame de Paris » de l’autre côté de la Seine, s’est enthousiasmée la maire socialiste Anne Hidalgo lors de la visite sur place. Le tout pour un coût total de construction de 6 millions d’euros.

« Mettre des arbres a toujours un effet »

-

C’est un fait, la mini forêt urbaine est tendance. « La nature reprend ses droits sur la ville »» affirmait en grande pompe la mairie de Paris en 2019, en annonçant la création des premiers bosquets verts de la ville, place de la Catalogne. “Ça va être beau mais aussi beaucoup plus agréable et rafraîchissant”a accueilli vendredi 17 janvier Anne Hidalgo, vêtue d’un gilet de chantier orange. L’édile peut s’appuyer sur les résultats obtenus par les deux autres îlots de verdure parisiens. Selon Amélie Astruc, chef de division au sein du service des espaces verts de la Ville de Paris, les 470 arbres qui composent la forêt urbaine de la place de la Catalogne auraient permis de faire baisser la température dans ses abords directs. “jusqu’à 4°C”.

Lire aussi

Décryptage
« Il faut arrêter de couler du béton à tout moment » : comment rendre à la nature les zones habitées menacées ?

Abonné

Lire plus tard

Si les détracteurs du maire socialiste dénoncent le greenwashing, Marc Saudreau, bioclimatologue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRAE) et membre du projet Cooltrees sur le refroidissement des villes grâce aux arbres, écarte les critiques : « Mettre des arbres a toujours un effet. » Sous le couvert des arbres, « la température ressentie peut être inférieure de 6 à 10°C à celle que l’on pourrait ressentir en plein soleil »explique le chercheur. Cependant, en annonçant que nous allons planter 150 arbres “ça ne veut pas dire grand chose”il explique :

« Si les arbres sont rabougris, ils peuvent être très nombreux sans que cela n’ait d’impact. L’important est qu’ils soient bien feuillus, pour fournir de l’ombre et transpirer beaucoup. »

En favorisant l’implantation d’insectes et d’oiseaux, la mini-forêt urbaine ambitionne de devenir un refuge pour la biodiversité. La plantation contribue également à la restauration des sols dégradés et à un meilleur captage du CO.2“plusieurs dizaines de kilos par an” – et la filtration des eaux de pluie. « Sans parler des bienfaits psychologiques : la verdure fait du bien »conclut Marc Saudreau.

Espace, eau et minéraux

La puissance frigorifique des installations a également une limite de taille. Sans un apport important d’eau et de minéraux, les arbres ont peu de chance de développer leur système racinaire. Pour se développer, ils ont également besoin d’une couche d’humus de 30 à 40 centimètres et pour former leur ancrage vertical dans les dix premières années. « Deux mètres de profondeur, cela ne semble pas beaucoup pour planter »concède Marc Saudreau. Enfin, leur âge est un facteur de risque. « Planter autant de grands arbres dans un si petit espace est une première »recognizes Amélie Astruc. « Les chances de rétablissement sont meilleures lorsque les arbres sont plantés plus jeunes »admet le spécialiste, qui justifie le choix d’avoir sélectionné des arbres plus âgés par la nécessité de « rendu immédiat et majestueux ».

Lire aussi

Décryptage
Une à +4°C ? Pourquoi l’adaptation au changement climatique ne devrait plus être un tabou

Abonné

Lire plus tard

Cependant, la forêt urbaine à elle seule ne résout rien : Marc Saudreau souligne l’impératif de déminéraliser les villes. « Entre le bitume, les surfaces imperméables en béton, le métal des bâtiments… Les villes accumulent le rayonnement solaire toute la journée et dégagent de la chaleur la nuitfait-il remarquer. La plantation est bonne. Mais il faut aussi arrêter d’artificialiser. » Derrière la polémique sur la place des Arbres, c’est la densification de Paris qui est en jeu, alors que, faute de grands parcs intra-muros, la ville affiche un ratio de nature par habitant inférieur à la moitié à 10 m.2 prescrit par l’Organisation Mondiale de la Santé. En attendant, la mairie promet de continuer à verdir les rues de la capitale.

Travaux sur la quatrième forêt urbaine, place du Colonel-Fabien (10e et 19e arrondissements) débuteront cette semaine – ils dureront “un le”indique Thomas Chevandier, adjoint chargé des travaux publics et des chantiers. Alors que 50 arbres sont plantés quai aux Fleurs, un vote citoyen permettra, en mars, aux Parisiens de se prononcer sur le “rues-jardins « . Avant la fin du mandat d’Anne Hidalgo en 2026, l’équipe municipale aura “Je dois 60 hectares”promet l’édile, qui souhaite augmenter ce chiffre à « 300 hectares » en 2040.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 
-

Related News :