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à cause d’Elon Musk, Gilles n’achètera pas Tesla

Tesla modèle Y

L’évolution de la personnalité d’Elon Musk et son engagement politique auprès de Donald Trump divisent les automobilistes. En particulier les automobilistes électriques, dont les utilisateurs de Tesla eux-mêmes. Gilles est très satisfait de sa Model Y. Cependant, lui et sa femme ressentent aujourd’hui un certain malaise au volant de cette voiture.

Jusqu’en 2018

Il devient de moins en moins facile de parler de Tesla et d’Elon Musk car les avis peuvent être tellement partagés que les discussions se transforment parfois en joutes verbales et en dialogues de sourds. Il y a une quinzaine d’années, le dirigeant américain était très apprécié de tous les pionniers et adeptes de la voiture électrique. Enfin un patron crédible qui a bousculé la fourmilière automobile pour montrer une autre voie que de brûler du pétrole !

En enterrant les modèles à batterie au plomb ou au nickel-cadmium, le roadster puis la Model S ont prouvé qu’un VE pouvait être ludique, fiable et apporter du profit aux utilisateurs. Il était alors normal de conduire une Renault Zoé, une Citroën C-Zero et une Nissan Leaf tout en éprouvant de l’admiration et de la sympathie pour Elon Musk.

La magie était encore intacte en 2015 lors des livraisons du premier modèle de développement de Tesla ni lors des victoires de SpaceX.

Patins

Les fissures susceptibles de diviser les électromobilistes ont alors été provoquées par divers événements et décisions inhabituelles : ergonomie des commandes des Model 3 et Model Y, volant Yoke, forte fluctuation des prix favorisant la propriété mais pas la revente, licenciement théâtral des salariés, droits des salariés non respecté, rachat et gestion de Twitter, etc.

Alors que le conseiller Elon Musk avait claqué la porte à la première présidence de Donald Drump en 2017, il occupe désormais un poste politique clé, prenant des positions qui suscitent l’inquiétude dans le monde entier. Son capital sympathie est désormais très émoussé.

En , cette situation survient à l’heure où la désinformation sur les véhicules électriques se multiplie et où les institutions européennes ont de plus en plus de mal à convaincre d’abandonner les véhicules thermiques. Alors que des exemples concrets dans les interviews d’Automobile Propre prouvent le contraire, la voiture électrique est dangereusement présentée comme un privilège des riches. D’où des dérapages inappropriés dans de nombreux esprits.

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Préparez-vous à l’arrivée de l’électricité dans votre entreprise

Nous n’en étions pas là fin 2022 lorsque Gilles a commencé à s’intéresser aux modèles de voitures électriques disponibles en France. Et pourtant, il ne voulait pas déjà de Tesla à cause de la personnalité d’Elon Musk. Le parcours de notre lecteur en tant qu’électromobiliste est ponctué de rebondissements : « Disposant d’un véhicule de société, j’espérais bénéficier d’un modèle électrique avant de prendre ma retraite en octobre 2023 ».

Pour lui, il s’agissait déjà de donner l’exemple dans l’entreprise : « J’étais en charge de tout ce qui touche à la responsabilité sociale et environnementale. J’ai donc travaillé sur la transition énergétique des bâtiments et de la flotte de plus de 2 500 véhicules au niveau national. En 2019, c’était 80 % de diesel et 20 % d’essence. Quatre ans plus tard, les chiffres s’étaient inversés. Comme je m’occupais du catalogue de véhicules des salariés, je suis très conscient de l’impact carbone des différents modèles. ».

Le Nantais a dû se résoudre à terminer sa carrière avec un modèle hybride : « Avant de partir, j’ai quand même pu établir une foire aux questions avec les collègues sur les avantages et les inconvénients de l’énergie électrique. Je me suis appuyé sur le travail de l’Ademe pour éliminer les objections qui n’étaient pas fondées. Par exemple la production d’électricité qui serait pire que celle des carburants ».

Des modèles essayés et abandonnés

Travailler à la décarbonation du catalogue de véhicules des salariés a eu un impact sur Gilles : « C’est la raison qui m’a poussé personnellement à rouler électrique. Entre décembre 2022 et février 2023, ma femme et moi sommes allés découvrir et tester des VE en concession, d’où nous sommes repartis avec des propositions commerciales. J’avais différents critères dont l’autonomie, un certain niveau d’équipement, l’éligibilité au bonus maximum et les recommandations de l’Ademe. ».

En croisant les paramètres, les modèles français envisagés ont été rapidement recalibrés : « Ainsi les Peugeot e-2008 et DS3 e-Tense, trop chères et dont l’autonomie réelle d’environ 200 km, étaient trop éloignées des 400 que je souhaitais. En effet, je souhaitais pouvoir parcourir les 300 km environ jusqu’à la maison de mes parents à Lannion sans recharge intermédiaire. Avec la Renault Megane E-Tech, cela a fonctionné, mais pas pour obtenir le bonus dès que j’ai voulu ajouter des options comme la caméra de recul. Et en plus, il fallait acheter le câble de recharge domestique ».

La liste est alors devenue encore plus claire : « Ne pouvant prendre un VE français, j’ai étendu aux Européens, mais j’ai dû aussi abandonner les Volkswagen ID.3 et ID.4 qui étaient trop dégradées en terme d’équipement pour bénéficier du bonus. Pareil chez Audi où le Q4 e-tron était à 58 000 euros. Avec Volvo nous sommes allés assez loin, le concessionnaire fait tout son possible pour ramener le XC40 Recharge en dessous de 47 000 euros ».

Cette voiture, il ne voulait pas

Une voiture électrique se démarque enfin : « Nous étions tout près de signer avec Kia pour un Niro EV au prix de base de 43 787 euros auquel nous avons ajouté le pack Drive, la sonorisation Harman Kardon et la peinture métallisée. Dans le cadre de sa concrétisation avec Kia, j’ai rencontré un professionnel pour installer une borne de recharge à la maison. C’est lui qui nous a encouragés à faire l’essai d’une Tesla. Je n’ai pas choisi cette marque à cause de la personnalité d’Elon Musk ».

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Le couple s’est rendu au magasin Tesla de Nantes : « Quand j’ai vu l’intérieur épuré et la grande tablette au centre du tableau de bord, j’ai immédiatement pensé que ma femme n’en voudrait pas. Au contraire, elle a été immédiatement convaincue en testant le Model Y, qu’elle a trouvé confortable et agréable à conduire. Finalement, quelque chose que nous ne voulions pas est devenu notre première voiture électrique ».

La surprise fut alors très bonne pour Gilles : « Le prix avait nettement baissé, l’autonomie de 400 km était au rendez-vous, etc. Bref, par rapport à tout ce à quoi je m’attendais, il cochait toutes les cases. Y compris être sous le feu des projecteurs de l’Ademe pour sa batterie de moins de 60 kWh. A part un certain type de jante, j’ai tout l’équipement que je souhaitais. Pas beaucoup de choix pour la peinture : j’ai préféré le blanc, plus pertinent pour l’été, au noir. ».

Satisfait de la Tesla Model Y

À plusieurs niveaux, prendre la Tesla Model Y a été un bouleversement : « Bonus, options, démarches administratives, paiement, livraison, tout a été d’un coup simplifié. Chez d’autres fabricants, nous avions le plus souvent un délai d’attente d’environ six mois. Pour 250 euros, nous avons réservé le 12 février 2023 et nous avons reçu notre voiture le 21 mars suivant. C’est tellement facile que c’en est presque dangereux. Le contact a été très bon avec Tesla Nantes, avec des informations complémentaires après le test et un vrai suivi ».

Plus de kilomètres parcourus que prévu : « Je parcourais au maximum 15 000 km par an. Nous n’avons pas encore la voiture depuis deux ans et le compteur dépasse déjà les 33 000 km. En 2024, j’ai dû effectuer pas mal de déplacements à Lannion pour soutenir un proche très malade. Je ne regrette pas ma borne 7 kW avec délestage en fonction des consommateurs électriques sur le chemin du retour ».

Avec le recul, tout le monde est satisfait du véhicule : « Je suis très content du Model Y que je trouve vraiment confortable et qui est équipé d’un bon système audio. Mon fils qui mesure 1,85 m est très confortablement assis à l’arrière. Il n’est pas du tout gêné ».

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Une personnalité inquiétante

Il y a cependant un côté sombre à la situation : « Nous sommes passés à autre chose à propos d’Elon Musk. Il y a deux ans, lors de la commande, sa personnalité ne nous était pas rédhibitoire. Maintenant, ma femme est très en colère contre lui. Elle regrette que nous ayons acheté cette voiture. Je ne suis pas fan de ce que fait et dit M. Musk. Si nous devions acheter aujourd’hui notre première voiture électrique avec le même choix qu’au début de 2023, nous nous en tiendrons sans doute au Kia Niro EV. ».

Le mal-être s’explique aussi par quelques observations et ressentis : « Nous sentons que quelque chose a changé dans le regard des gens. Récemment, je me suis arrêté pour laisser passer un piéton. Il nous a regardés en passant devant notre voiture, il l’a bien regardé, puis il nous a regardé après ».

Gilles cherche cependant à rassurer son épouse sur leur choix : « Je lui dis que, certes, Elon Musk est derrière Tesla, mais dans son entreprise, il y a plein de bonnes personnes qui travaillent sur les voitures de la marque. J’essaie de relativiser même si l’attitude de cette personne me dérange parfois. Ma femme ne conduit pas beaucoup cette voiture. Elle possède une Citroën C3 essence. Elle envisageait également de passer à un véhicule électrique. Mais désormais, elle est plus sceptique suite à des discussions avec des amis. Elle attend de voir comment tout cela évolue ».

Automobile Propre et moi remercions infiniment Gilles pour son accueil, sa disponibilité et son témoignage que nous avons sollicité.

Pour rappel, toute contribution désobligeante à l’égard de nos interviewés, de leur vie, de leurs choix et/ou de leurs idées sera supprimée. Merci pour votre compréhension.

L’avis de l’auteur

Ce qui pourrait aujourd’hui apporter un vent de fraîcheur à la gravité créée par Elon Musk sur la planète Tesla, c’est que le capitaine quitte le navire. Il y aurait alors une véritable dissociation de l’image des voitures électriques de la marque avec celle d’un personnage de plus en plus controversé. Maintenant que l’entreprise est solidement implantée dans plusieurs régions du monde, elle pourrait avancer dans la perspective de nouveaux modèles selon de meilleurs critères de rentabilité et d’attractivité que les paris risqués sur le nouveau roadster, le Semi, le Cybertruck et le Cybercab. Les moyens de production sont là et il y a une réelle attente des automobilistes pour des citadines et un renouvellement de la gamme. Elon Musk a été une véritable bénédiction pour le développement de Tesla et des voitures électriques en général. Il a donné le souffle qui manquait à l’échelle mondiale. Mais c’est aujourd’hui un véritable poids qui fait vibrer dangereusement le volant d’inertie des mobilités alternatives. Et ce, en attirant de plus en plus de regards désapprobateurs sur l’électromobilité. Quel gâchis !

Philippe SCHWORER

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