Les déserts médicaux dans les zones rurales ne sont peut-être pas une fatalité. Dans les Landes, la commune de Gamarde-les-Bains en Chalosse vient d’accueillir un dentiste dans son centre de santé. Depuis, le journal du pratiquant est plein.
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Dans son manteau violet, le Dr Andry Radanieline affiche un sourire joyeux. Dans cette petite ville de 1500 habitants, c’était « très bien accueilli par la commune, ainsi que par les habitants ». Une référence sans doute au sens de l’accueil des Landais de Chalosse, mais surtout parce qu’aujourd’hui, les médecins sont rares en campagne.
La ville de Gamarde-les-Bains est à cinq minutes en voiture de Montfort-en-Chalosse mais à une demi-heure de Dax où il est plus facile de trouver des spécialistes. Cela montre que l’arrivée de ce nouveau dentiste est une bonne nouvelle. Pour les résidents qui disposent déjà d’un centre de santé avec plusieurs médecins et soignants, c’est un soulagement. Avant, “Tous les vieux dentistes dehors étaient saturés», assure Simone Lacroix, une des patientes du jour, qui semble ravie de ne pas avoir à attendre trop longtemps, ni de devoir se déplacer en ville.
Le dentiste en est bien conscient : «Les dentistes prennent leur retraite et ne sont pas remplacés. La demande continue de croître… »
Mais pour lui, c’est aussi la concrétisation d’un projet familial et professionnel. Sa femme a des liens avec le ministère et ils voulaient tous les deux « s’installer en zone rurale« .
Fils de dentiste, le praticien affirme avoir été « rattrapé » par ce métier. Il a débuté sa vie professionnelle comme ingénieur aéronautique, puis s’est reconverti dans la médecine dentaire. Après avoir travaillé dans les CHU de Bordeaux, à Pessac puis Libourne, il est venu prendre ce poste dans ce cabinet landais.
L’agenda s’est rempli très vite… On sent qu’il y a vraiment un besoin en soins dentaires.
Dr Andry Radanielinedentist in Gamarde-les-Bains
Un autre homme est ravi de ce cabinet dentaire, il s’agit du maire du village, Jérôme Curutchet. La ville n’avait jamais eu de dentiste auparavant. Ses administrateurs avaient jusque-là «déplacement à Dax, Mont-de-Marsan, avec deux à trois mois d’attente. Pour les urgences, c’est devenu compliqué… »
Pour le cabinet dentaire, il a fallu mobiliser toutes les forces des équipes municipales pour réhabiliter un garage de ville. Une rénovation qui a un coût »,un investissement de 100 000 euros qui en vaut la peine”selon le maire.
-C’est une démarche qui a débuté en 2016 avec la création du centre de santé installé dans l’ancien presbytère, avec l’espoir de réduire la désertification médicale.
Une offre de soins qui se développe dans la commune n’a pas de prix.
Jérôme CurutchetMayor of Gamarde-les-Bains
De plus, la rénovation du bâtiment permettrait d’accueillir un deuxième dentiste dans ce cabinet. Avec le bouche à oreille, le nouveau praticien n’est déjà plus en mesure d’accepter de nouveaux patients…
Une installation en pleine campagne, »c’est rare», convient le Dr Alain Manseau, président du Conseil départemental de l’Ordre des chirurgiens dentistes de Gironde, qui constate le même déséquilibre entre communes rurales ou urbaines. Les autorités sanitaires ont donc décidé d’instaurer un « zonage » pour la profession, de la même manière qu’il existe un zonage, actuellement, «pour infirmiers, sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes, etc… et qui empêche un accord dans des domaines considérés comme trop dotés en praticiens.
Depuis le 1er janvier, il existe une carte qui décrit les zones d’installation possibles des chirurgiens-dentistes (ici en Nouvelle-Aquitaine). Les secteurs les moins dotés, c’est-à-dire les moins équipés en praticiens, pourront être aidés par la CPAM à hauteur de 50 000 euros pour leur installation. D’un autre côté, les nouveaux arrivants dans une région surendettée ne seraient pas conventionnels. Une carte qui serait revue tous les deux ans.
C’est un calcul qui permet d’établir un rapport entre la population et le nombre de chirurgiens-dentistes. “C’est ce qu’on appelle les domaines non prioritaires. Il n’y a pas d’aide mais pas d’interdiction de s’installer. Mais une non-convention de la sécurité sociale. Ce qui revient un peu idem puisqu’aucun acte ne serait remboursé par la sécurité sociale« .
En Gironde, par exemple, Villenave d’Ornon est concernée. Si un chirurgien-dentiste venait à s’y installer, il ne serait pas agréé. “Arès et Lège-Cap-Ferret sont bien dotés mais restent soumis à des conventions.
Dans les zones défavorisées, les candidats à l’installation peuvent donc bénéficier d’aides financières de la CPAM qui peuvent s’ajouter aux aides des collectivités locales, des communes rurales par exemple. “Je sais qu’à Montagne-Saint-Emilion, une sœur a pris sa retraite et n’a pas été remplacée depuis plusieurs années. La municipalité a installé un bureau tout fait et payant et elle cherche encore…“
Pour le président du conseil municipal de Gironde, ces mesures ne doivent pas bouleverser la carte actuelle,« Les limites d’installation de la déconvention sont actuellement si légères », selon le Dr Manseau. “Les syndicats professionnels ont préféré mettre l’accent sur les incitations à l’installation.”
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