Le procès d’une mère accusée d’être morte de faim Amandine, sa fille de 13 ans, s’est ouvert lundi 20 janvier 2025, devant les assises de l’Hérault. Elle risque la prison à vie. Le verdict est attendu vendredi au plus tard.
Sur le banc des accusés, Sandrine Pissarra, longs cheveux châtain clair et pull noir, « 54 ans, prothésiste des ongles ». A ses côtés, son compagnon et coaccusé, Jean-Michel Cros, 49 ans, pull beige et pantalon moutarde : «J’étais gérant d’une société de contrôle technique».
Perte de poids extrême associée à la septicémie
Le 6 août 2020, jour de son décès des suites d’un arrêt cardiaque dans la maison familiale à Montblanc (Hérault), près de Béziers, Amandine ne pesait que 28 kg pour 1,55 m. Les conséquences d’un état « cachectique », d’une perte de poids extrême, associée à un sepsis et à un éventuel syndrome de renutrition inappropriée, selon les médecins légistes. Elle avait également perdu plusieurs dents et s’était fait arracher les cheveux.
Entendue le lendemain, Sandrine Pissarra, qui avait elle-même appelé les pompiers lorsque sa fille était tombée malade, affirmait qu’Amandine souffrait de troubles alimentaires. Ce que personne n’a confirmé. Selon elle, la veille, elle avait seulement accepté d’avaler un morceau de sucre, un peu de compote et une boisson hyperprotéinée, avant de se mettre à vomir, puis d’arrêter de respirer.
En détention provisoire depuis mai 2021, la mère doit répondre de« actes de torture ou de barbarie entraînant la mort sans intention de la provoquer ». Cette ancienne serveuse, qui a ouvert un salon de manucure à Montblanc, mère de huit enfants nés de trois unions, doit également répondre de violences volontaires sur Amandine au cours des six années précédentes.
Jean-Michel Cros risque 30 ans de prison pour avoir “privés de soins ou de nourriture” sa belle-fille et n’ayant rien fait pour elle “Sauvegarder d’une mort certaine”.
« L’envie de l’entraîner dans une agonie honteuse et humiliante »
« Il ne fait aucun doute qu’Amandine a enduré (sa mère) une violence destructrice et paroxystique dont le seul but était le désir de l’entraîner dans une agonie honteuse et humiliante.a estimé le juge d’instruction en charge du dossier.
« On a des constatations médico-légales, on a un corps torturé, on a une petite maman de 13 ans qui a vécu l’enfer. Ce que j’aimerais savoir, c’est pourquoi ils ont mis en place ce scénario qui est vraiment diabolique. »a déclaré, avant l’audience, Me Luc Abratckiewicz, l’un des avocats de Frédéric Flores, le père d’Amandine.
-“Recevoir comme réponse qu’ils n’ont rien vu, qu’ils n’ont pas réalisé l’état dans lequel se trouvait Amandine est évidemment totalement insatisfaisant”» a ajouté le deuxième avocat de Frédéric Flores, Florian Medico.
Transposer sa haine contre le père
Amandine était en effet dès son plus jeune âge le bouc émissaire de sa mère, qui la privait de nourriture et lui infligeait des sévices sans fin. « écrire des punitions » et l’a enfermé dans un débarras, sous surveillance par caméras. Selon l’expertise psychiatrique, Sandrine Pissarra a pu “transposer sa haine” du père d’Amandine sur le corps de sa fille.
“Ce procès offrira la possibilité de découvrir les reproches qui lui sont faits, qui flirtent avec l’insupportable, que sa défense ne sous-estime pas, mais aussi de découvrir que, paradoxalement, elle a su adopter au cours de sa vie des attitudes qui correspondent aux comportements attendu d’une mère »a expliqué Me Jean-Marc Darrigade, l’avocat de Sandrine Pissarra.
« Elle n’a jamais demandé sa libération. Peut-être devrions-nous lire cela comme une forme de début de reconnaissance d’une responsabilité”il a ajouté.
Les événements les plus graves ont eu lieu à partir de mars 2020 avec le premier confinement dû au Covid, lorsque l’adolescent a arrêté d’aller à l’école.
Quatre associations, dont « L’Enfant Bleu – Enfance maltraitée », qui entend « s’interroger sur les failles du système de protection de l’enfance »se sont constituées parties civiles. Plusieurs signalements et trois saisines du juge des enfants n’avaient abouti à aucune mesure susceptible de mettre Amandine hors de danger.
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