Des mers du Sud, le courage des marins vit

Les arrivées du Vendée Globe captent l’attention : une information joyeuse en ces temps troublés. Les marins sont devenus des super-communicateurs, chaque jour nous les suivons depuis notre confortable canapé face aux tempêtes et aux grosses houles, au vent ou au calme. Ce sport moderne est-il toujours le même que les premières courses transatlantiques ? Cette communication constante ne réduit-elle pas la portée du défi ?

Les nostalgiques vous diront que tout a changé et que l’esprit d’aventure n’est plus celui des pionniers d’hier qui partaient vers l’inconnu. A ceux-là, je propose de prendre la mer et de se diriger vers les mers du sud, ils verront qu’il faut être sacrément courageux, incroyablement équilibré et fort dans sa tête et dans son corps pour faire un tel tour du monde. Pour tous les autres, sportifs comme moi, ce Vendée Globe nous interroge et le quasi-live permet d’entretenir une tension, un questionnement permanent… et peut-être quelques enseignements.

Ces skippers sont le miroir des qualités de l’homme d’aujourd’hui : ténacité et courage, savoir-faire et technicité, connaissance et amour de la nature, décision et responsabilité, travail d’équipe et force du solitaire et bien d’autres. d’autres vertus. Nous n’aurions pas la connaissance et la mesure de toutes ces qualités sans une communication régulière, sans ces médias trop souvent critiqués et si utiles quand ils sont bien utilisés. Les entreprises et les collectivités ne s’y trompent pas, et combien de marins (capitaines, etc.) revenus à terre s’adressent au grand public pour raconter leurs aventures et surtout partager leurs convictions. Les conférences qu’ils donnent connaissent toujours un grand succès et elles ont des conséquences positives sur les publics qui les écoutent. Chacun, à son échelle, peut devenir, à son image, un acteur plus investi, un professionnel ou un bénévole tenace et audacieux.

Retour sur les témoignages quotidiens de nos solitaires, ce qu’ils prouvent dans leurs sessions audio ou vidéo. Ténacité et courage : pour grimper au sommet d’un mât en pleine mer, pour résister à l’attente dans une mer d’huile ou pour naviguer dans des vagues immenses, dépassant les sept mètres, il faut avoir de réelles qualités morales pour tenir plus de deux mois seul sur un bateau. Savoir-faire et technicité : le cockpit ressemble plus à celui d’un avion qu’à celui des caravelles de Columbus, nos marins s’impliquent dans la conception de leur bateau comme dans un pilotage complexe, ils prennent leur temps pour améliorer les performances mais n’oublions pas qu’ils sont de nature inchangée et sont confrontés aux mêmes risques. Connaissance et amour de cette nature : quelles belles images ils nous partagent ! Sensibiliser au respect des mers nécessite des ambassadeurs impliqués et écoutés : ils le sont.

Décision et responsabilité, travail d’équipe et force du solitaire, il peut paraître paradoxal qu’un solitaire dialogue régulièrement avec son équipe à terre. Le travail en équipe est riche et crée une vraie solidarité, de vraies amitiés. Sur le Vendée Globe comme dans la vie de tous les jours, les décisions ultimes se prennent seul avec le soutien des proches et des collègues. Nos solitaires démontrent leur sens des responsabilités envers eux-mêmes, envers leur entourage et leurs fans.

Faut-il communiquer, alimenter les réseaux sociaux et faire vivre la course au quotidien ? La réponse est résolument positive, nous le démontrons avec ce partage de valeurs qui fait rêver les marins de demain et aussi tant de jeunes qui ont soif d’aventure, à leur niveau, selon leurs compétences. Charlie Dalin, comme ailleurs Léon Marchand, Cassandre Beaugrand, Antoine Dupont et tant d’autres grands sportifs donnent un exemple de travail, de persévérance et de cohésion d’équipe qu’on ne connaîtrait pas sans cette communication numérique.

Notre monde a tellement changé, notre communication aussi et ses dérives sont souvent dénoncées, c’est bien, et il faut certainement lutter contre tous les abus des médias, les addictions, les dérives. Ils sont aussi le support des valeurs humaines. La quarantaine de solitaires partis des Sables-d’Olonne le 10 novembre nous font rêver par leur engagement. Partager les valeurs humaines de quelques-uns est une manière d’aider beaucoup d’autres à grandir.