Souvent symbolisées par la gourmandise d’une table bien garnie de plats que l’on ne savoure généralement qu’une fois par an, les fêtes de fin d’année ne sont plus cette fête des saveurs et des délices culinaires. Un phénomène de plus en plus soutenu depuis 2018.
Savez-vous pourquoi le « Blue Monday », déclaré jour le plus déprimant de l’année, tombe le 20 janvier (en 2025) ? Parce que les spécialistes du marketing qui ont imaginé ce concept (à l’origine pour vendre des voyages) ont déterminé que le troisième lundi de janvier était suffisamment éloigné – mais pas si loin – des dernières fêtes de fin d’année, pour estimer que les consommateurs sont nostalgiques. pour ce dernier millésime, tout en devant en payer les frais (on ne parle pas de kilos mais d’argent). Ce sentiment dans l’âme est-il lié à l’ambiance festive ou aux bons moments passés à table ? Rien n’est moins sûr concernant la deuxième option, du moins si l’on considère le fait purement alimentaire.
Car quand on regarde les dépenses des Français pour célébrer les fêtes de fin d’année, il y a un avant et un après. En l’occurrence depuis 2018, année depuis laquelle les ventes de produits de fête traditionnellement présents sur la table de Noël sont en baisse constante, si l’on en croit le rapport complet que vient de publier NielseniQ. On parle aussi bien de champagne que de foie gras ou de marrons glacés. Pour le panéliste, une chose est sûre : « Noël a moins de saveurs qu’avant. » Entre 2018 et 2024, les ventes de ces produits alimentaires traditionnels ont continué de baisser, atteignant leur plus bas niveau en 2024. La faute, on s’en doutait, c’est l’inflation. Mais il faut aussi rappeler que cette période inclut celle de la crise sanitaire, qui a remodelé les comportements d’achat tout en impactant dans un deuxième temps les prix – à la hausse, à l’heure de la reprise.
L’effet est plus ou moins marqué selon les localités en France, avec un recul très concret de cette tendance en Seine-Saint-Denis (-6%), dans le Territoire de Belfort (-2%), dans le Cher (- 2 %), en Moselle (-2 %) et dans le Cantal (-2 %), quand on prend comme référence le chiffre d’affaires des produits festifs, par rapport à celui enregistré un an plus tôt.
-La fin de l’opulence culinaire à Noël ?
On ne dit pas que les Français fêtent moins Noël à table, puisque 92,8% des foyers français ont acheté au moins un produit de fête en 2024 (1,3 point de moins par rapport à 2023). Mais certaines catégories de consommateurs font preuve de moins d’enthousiasme, préférant une approche plus modérée en matière d’alimentation. Et cela ne concerne pas forcément ceux auxquels on penserait immédiatement. De nombreuses familles aisées s’inscrivent dans cette tendance. Les ménages les plus modestes ont en effet démontré une envie plus marquée de se faire plaisir. C’est aussi à la campagne que les consommateurs ont décidé de tout mettre en œuvre pour garnir la table de fête, contrairement aux citadins.
En fait, tout est question d’arbitrage dans un contexte où les Français ont tenté de trouver l’équilibre entre un besoin de se faire plaisir et des prix qui pèsent sur leur pouvoir d’achat. Cela implique, par exemple, le désir d’acheter des marques nationales et moins de produits de marque privée. Les Français ont retrouvé le goût du foie gras vendu en terrines fraîches ou sous vide dans les épiceries libre-service (+2,4 %). A l’inverse, ils ont acheté moins de bûches et autres gâteaux de fête (-18,2%), de champagne (-3,9%) et de pâtisseries surgelées (-3,1%). Une baisse de la consommation qui s’observe dans la grande distribution, notamment dans les grandes surfaces (-1,4% des ventes de produits festifs) et dans les magasins dits « à marques propres » comme Lidl ou Aldi (-2,6%).
Ultime preuve du désamour des Français pour l’alimentation pendant les fêtes : ils attendent le dernier moment pour faire leurs achats. Il est certain que les consommateurs cherchent à jouer avec les dates de péremption. Or, cette habitude s’inscrit dans un phénomène complètement inverse pour l’achat de cadeaux, la période du Black Friday étant désignée comme un moment opportun pour dénicher de bonnes affaires et défendre son pouvoir d’achat. Bref, des cadeaux d’abord, du plaisir pour les papilles ensuite.
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