Les trois otages libérés dimanche par le Hamas sont arrivés en Israël, au premier jour du cessez-le-feu entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien dans la bande de Gaza dévastée par plus de 15 mois de guerre.
Des milliers de Palestiniens déplacés ont pris les routes à travers un paysage apocalyptique de décombres pour rentrer chez eux lorsque les armes se sont tues à 09h15 GMT. La plupart n’y ont trouvé que des ruines, comme Siria al-Arouqi, une Gazaouie de 52 ans qui vient de rentrer à Rafah (sud), qui parle de destruction. “indescriptible”.
La trêve, qui intervient à la veille du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, est entrée en vigueur avec près de trois heures de retard, le Hamas ayant tardé à fournir la liste des trois otages israéliens à libérer. pendant la journée en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël conformément à l’accord négocié.
« Les trois otages ont été officiellement remis au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) (…) à l’ouest de la ville de Gaza, après qu’un membre des équipes du CICR les a rencontrés et assuré de leur état »a déclaré un responsable du Hamas à l’AFP en fin d’après-midi.
Peu de temps après, l’armée israélienne a déclaré qu’elle avait franchi la frontière et qu’elle « en route vers un point de rendez-vous dans le sud d’Israël ».
Elle a confirmé l’identité des trois otages : la britanno-israélienne Emily Damari (28 ans) et la roumano-israélienne Doron Steinbrecher (31 ans), capturées au kibboutz Kfar Aza, ainsi que Romi Gonen (24 ans), kidnappée à Festival de musique Nova, lors de l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël.
“Emily, Doron et Romi sont enfin sur le chemin du retour”» a déclaré à la télévision le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari. « C’est un moment de grande émotion. »
L’entrée en vigueur de l’accord nourrit les espoirs d’une paix durable dans le territoire palestinien, même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a prévenu qu’il était « un cessez-le-feu provisoire » et qu’Israël se réservait « le droit de reprendre la guerre si nécessaire ».
La branche armée du Hamas, pour sa part, a déclaré que la trêve dépendait de « respect des engagements » par Israël.
Un combo montre des affiches obtenues le 19 janvier 2025 au siège du Forum des familles d’otages, de l’otage israélien Romi Gonen (à gauche), de l’otage israélien Emily Damari (au centre) et de l’otage israélien Doron Steinbrecher, détenus à Gaza depuis le 7 octobre 2023/ -, Ahmad GHARABLI / Siège du Forum des familles d’otages/AFP
Quelques minutes seulement après l’entrée en vigueur de la trêve, qui prévoit également une augmentation de l’aide humanitaire dans ce territoire frappé par la famine, l’ONU a annoncé l’arrivée des camions de premiers secours.
“Après tant de souffrance”
Dans la bande de Gaza, certains l’ont fait « V » victoire ou brandi le drapeau palestinien. Des combattants cagoulés et armés du Hamas ont défilé à Deir el-Balah, au centre du petit territoire où la grande majorité des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés par la guerre.
Des enfants palestiniens applaudissent la trêve à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 19 janvier 2025 / Bashar TALEB / AFP
A Jabalia, au nord, épicentre d’une intense offensive israélienne depuis octobre, “il ne reste plus rien”s’est plaint Walid Abou Jiab.
Dans l’intervalle entre le début prévu de la trêve et son entrée en vigueur, Israël a mené dimanche des frappes à Gaza qui ont tué huit Palestiniens, selon la Défense civile locale.
Le Hamas a justifié son retard dans la remise de la liste des otages par « complications sur le terrain et bombardements continus ».
-Des combattants de la branche militaire du Hamas font le V de la victoire dans une rue de Deir el-Balah, au centre de la bande de Gaza, le 19 janvier 2025 / BASHAR TALEB / AFP
Annoncé mercredi par les médiateurs – Qatar, Etats-Unis, Egypte –, l’accord vise à terme, selon Doha, à aboutir à “fin définitive” de la guerre, déclenchée par l’attaque du 7 octobre.
Le président américain Joe Biden a salué dimanche le cessez-le-feu. « Après tant de souffrances, de destructions et de pertes de vies humaines, les armes se sont tues aujourd’hui à Gaza »a salué le leader démocrate en marge d’une visite en Caroline du Sud pour sa dernière journée complète en tant que président en exercice.
Aux termes de l’accord, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés, dans une première phase de six semaines. Trois points de réception d’otages ont été installés à la frontière entre Israël et Gaza, selon un responsable militaire.
Des Israéliens brandissent des pancartes et allument des bougies lors d’une manifestation antigouvernementale appelant à l’action pour obtenir la libération des otages israéliens à Gaza, devant le ministère de la Défense à Tel Aviv le 18 janvier 2025 / Jack GUEZ / AFP
En échange, les autorités israéliennes ont annoncé qu’elles libéreraient dans ce délai quelque 1.900 Palestiniens, dont 90 devraient être libérés dimanche, selon le Hamas, qui dit attendre la liste. « sous peu ».
Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages qui pourraient être libérés, selon Paris.
Parmi les prisonniers palestiniens qui devraient être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable des attaques anti-israéliennes et ancien chef local de la branche armée du Fatah, emprisonné en 2019.
600 camions humanitaires
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a salué le cessez-le-feu, affirmant sur X qu’il était “impératif” que celui-ci « supprime d’importants obstacles sécuritaires et politiques à l’acheminement de l’aide ».
Selon l’Égypte, l’accord prévoit “l’entrée de 600 camions humanitaires par jour”. « 260 camions humanitaires et 16 camions carburant » sont entrés par les points de passage de Kerem Shalom entre Israël, Gaza et Nitzana, à la frontière entre l’Égypte et Israël, depuis la trêve, a déclaré un responsable égyptien.
Lors de la première phase, seront négociées les modalités de la seconde, qui doivent permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
Selon Joe Biden, la première phase de l’accord comprend également un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza.
Des proches de prisonniers palestiniens attendent leur libération devant la prison israélienne d’Ofer, près de Ramallah en Cisjordanie occupée, le 19 janvier 2025 / Zain JAAFAR / AFP
L’attaque du 7 octobre a fait 1.210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur 251 personnes enlevées ce jour-là, 91 restent otages à Gaza, dont 34 morts selon l’armée israélienne.
Au moins 46.913 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans l’offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l’ONU.
Related News :