Depuis des décennies, le dollar américain constitue l’épine dorsale du commerce international.
En Afrique, cela ne fait pas exception. Elle joue un rôle central dans l’importation de produits stratégiques tels que le pétrole, les produits alimentaires et les médicaments.
Toutefois, cette dépendance au billet vert a un coût élevé. Les fluctuations du dollar et les politiques monétaires américaines pèsent lourdement sur les économies africaines, exacerbant la dette publique et affaiblissant les monnaies locales.
Des exemples concrets illustrent cette réalité : en 2023, le Nigeria a vu son naira chuter de 40 % malgré des milliards investis pour le stabiliser. Au Ghana, la dépréciation du cedi a plongé le pays dans une crise de la dette, tandis qu’en Égypte, la faiblesse de la livre sterling a poussé l’inflation au-delà de 30 %.
Face à ces enjeux, l’idée de s’affranchir du joug du dollar fait son chemin.
Des initiatives pour rompre avec l’hégémonie du dollar
Les accords de swaps de devises ont ouvert la voie à une transition.
Le Nigeria, en partenariat avec la Chine, a signé en 2018 un accord pour échanger du naira et du yuan, réduisant ainsi sa dépendance vis-à-vis du dollar.
De même, la Zambie a adopté le yuan pour ses échanges commerciaux avec la Chine, réduisant ainsi les coûts de conversion et la volatilité.
-Ces initiatives, bien que limitées, montrent la volonté de certains États africains de reprendre le contrôle de leur souveraineté économique.
Au niveau régional, des systèmes tels que le PAPSS (Pan African Payment and Settlement System) facilitent les échanges en monnaies locales.
Couplé à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), cet outil promet de transformer le commerce intra-africain, actuellement limité à 17 % du commerce total du continent.
Marchés asiatiques : une nécessaire diversification
À la recherche de financements alternatifs, certains pays africains explorent les marchés obligataires asiatiques.
L’Egypte, pionnière dans ce domaine, a levé près de 479 millions de dollars via les obligations Panda en Chine.
Afreximbank a également émis des obligations Samouraï au Japon, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives d’investissement sur le continent.
Toutefois, la diversification vers le yuan ou d’autres devises asiatiques doit être abordée avec prudence.
Si ces initiatives réduisent la dépendance à l’égard du dollar, elles pourraient créer une nouvelle forme de dépendance, cette fois à l’égard de la Chine ou d’autres puissances.
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