Tiré du chef-d’œuvre expressionniste de FW Murnau de 1922 à la version contemporaine de Robert Eggers en 2024, à travers la relecture révolutionnaire de Werner Herzog en 1979, chaque adaptation de Nosferatu, propose sa propre version du monstre qui gangrène son époque : le mal, le désir, la révolution. Séance de cinéma guidée (attention, divulgation !).
Il fallait du courage pour affronter un monstre sacré comme Nosferatu En 1922, F. W. Murnau avait adapté, en le simplifiant, le roman de l’Anglais Bram Stoker, Dracula, auquel il n’avait pas de droits. Le film, considéré comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma et une véritable pièce maîtresse de l’expressionnisme allemand des années 1920, est difficile à égaler. Jusqu’il y a peu, le dernier à proposer une réinterprétation était le cinéaste allemand Werner Herzogen 1979, plus d’un demi-siècle après l’œuvre originale. En 2024, il n’est plus allemand mais le chouchou du cinéma indépendant américain, Robert Eggersqui s’y colle.
Chacun des films suit le même récit : l’histoire commence dans une petite ville allemande, où un clerc de notaire (Hutter ou Harker) nouvellement marié à une belle jeune femme (Ellen ou Lucy) est envoyé au fin fond de la Transylvanie par son patron pour vendre une propriété au mystérieux et riche comte Orlock, qui souhaite avoir une résidence en ville. Bien entendu, ce comte n’est autre qu’un vampire qui souhaite mettre la main sur la jeune mariée, et qui neutralise donc le héros avide avant d’arriver dans la ville.
Murnau ou l’origine du mal
À son mari Hutter, souriante, qui lui offre un bouquet de fleurs dans une démonstration polie de dévouement conjugal, Ellen répond : « Pourquoi les as-tu tués ? Ces jolies fleurs… « . C’est le thème central du film de Murnau, tourné quatre ans après la Première Guerre mondiale dans une Allemagne exsangue et traumatisée par ses pertes. Les plus grands raffinements, les plus beaux ordres ne naissent-ils pas des crimes, de pulsions destructrices, de forces opaques ? Après tout, le beau bouquet n’existe que parce que l’homme a arraché les fleurs.
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