Suzanne Valadon, l’affranchie, prend possession du Centre Pompidou pour une rétrospective engagée

De mannequin, elle est devenue artiste. Du 15 janvier au 26 mai 2025, Suzanne Valadon (1865-1938) est à l’honneur au Centre Pompidou pour une rétrospective inédite.

Plus de 200 œuvres sont rassemblées. Les siennes, mais aussi celles de ses confrères peintres : Juliette Roche, Hélène Delasalle ou encore Émilie Charmy.

Des nus loin de l’érotisme

Si Suzanne Valadon est principalement reconnue pour ses nus, masculins et féminins, il n’est jamais question d’érotisme chez elle. Ses œuvres s’intéressent davantage à la recherche de détails et de nuances.

Allongée sur le lit de sa chambre, elle fume une cigarette, des livres posés à ses pieds. Difficile de ne pas voir dans ce tableau peint en 1923 par Suzanne Valadon une préfiguration deUne chambre à soi, cet espace intime que réclamait si désespérément Virginia Woolf dans son célèbre essai publié en 1929, un lieu de retraite où l’on peut s’émanciper et se réinventer.

Une artiste qui a su s’imposer

Image manifeste de la femme libre et moderne, La chambre bleue apparaît dans la magnifique rétrospective que le Centre Pompidou consacre à l’artiste qui n’avait pas l’oeil dans sa poche, car c’est en étant le modèle de Puvis de Chavannes, Renoir, Toulouse-Lautrec qu’elle s’est formée à la peinture, avant s’affranchissant souverainement de ses pairs et imposant son propre style.

Après les expositions consacrées à Alice Neel, Georgia O’Keeffe, Dora Maar et Germaine Richier, cette rétrospective riche de 200 peintures et dessins confirme l’engagement du Centre Pompidou auprès des femmes artistes, et la singularité de Suzanne Valadon, qui a su s’affranchir des conventions. de votre temps.

Suzanne Valadondu 15 janvier au 26 mai au Centre Pompidou, Paris 4e.

Cette critique a été initialement publiée dans le numéro 869 du magazine Marie Claire, daté de février 2025.