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Donald Trump tient sa promesse avec la libération des otages israéliens

Mardi 7 janvier. Donald Trump est de mauvaise humeur. Lors d’une conférence de presse à Mar-a-Lago, sa maison en Floride, il a promis que « L’enfer va éclater au Moyen-Orient » si les otages israéliens ne sont pas libérés le jour de son investiture. Pour lui, c’est presque une obsession. On peut légitimement s’interroger sur la nature de l’enfer supplémentaire à Gaza qui pourrait décider le Hamas à libérer ses otages. Un peu plus d’un an après le début de l’intervention israélienne, le lieu n’est plus qu’un champ de ruines et le bilan dépasse les 40 000 morts. Alors, vraiment, un autre tapis de bombardements pourrait changer la situation ?

Difficile à croire. Mais en diplomatie, les paroles sont souvent plus importantes que les actes. Donald Trump sait que, depuis son élection, il a un avantage sur tous les acteurs en place. À l’aube de sa présidence, même les pires ennemis des États-Unis, comme l’Iran, sont prêts à faire des concessions. Téhéran a également reporté ses frappes contre Israël en réponse à celles d’octobre dernier sur son territoire pour « donnez une chance à la paix ». Son nouveau président, Masoud Pezeshkian, vient de se déclarer prêt à rencontrer Donald Trump.

Les hommes du président sont sur le pied de guerre depuis plusieurs mois pour obtenir cette libération le jour de l’investiture. L’objectif est clairement de répéter ce que Ronald Reagan a fait en son temps à Jimmy Carter. Le 20 janvier 1981, les otages américains détenus en Iran sont libérés quelques minutes après la prestation de serment du nouveau président, lui conférant immédiatement le statut d’artisan de la paix et de sauveur de l’Amérique. Pour l’histoire, Jimmy Carter restera le faible, le mal-aimé. Décédé le 29 décembre, ses obsèques seront une nouvelle fois l’occasion d’une démonstration de complicité et de francs rires entre Donald Trump et Barack Obama qui mettront mal à l’aise Kamala Harris, Hillary Clinton et tout le camp démocrate.

Sur le terrain, au Moyen-Orient, c’est l’envoyé spécial du président élu, Steve Witkoff, qui est aux commandes. À sa manière, Donald Trump a choisi ce magnat de l’immobilier new-yorkais pour chercher un accord entre Israël et le Hamas. Nous sommes plus proches de“genre d’accord”nommé d’après le livre de Donald Trump, qui« L’Est compliqué » cher au général de Gaulle. Mais l’émergence d’un tel individu aura eu le mérite de casser les codes d’une négociation qu’un vétéran de la diplomatie comme Antony Blinken n’aura pas réussi à faire aboutir, après dix déplacements dans la région depuis le 7 octobre.

En la matière, Donald Trump maîtrise à merveille la carte du nouveau venu, même si, en toute honnêteté, une bonne partie du travail a été faite par Antony Blinken et, dans une moindre mesure, par Joe Biden.

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Difficile de dire « non » à Trump

Du côté du Hamas, l’accord prévoit la libération de quelque 33 otages encore en vie en échange de quelque 1.300 prisonniers palestiniens, dont tous ceux condamnés à la réclusion à perpétuité, ainsi qu’un cessez-le-feu avec le retrait de Tsahal de l’ensemble de la bande de Gaza. y compris le corridor Philadelphie et Netzarim. Même si l’objectif du cessez-le-feu est de conduire à la création d’un État palestinien reliant, avec ses deux composantes, Gaza et la Cisjordanie, l’organisation terroriste conserve donc implicitement le contrôle du territoire. Elle échappe ainsi à l’éradication promise par Benjamin Netanyahu. « Tant que les combattants sont debout, nous n’avons pas perdu la guerre »» a écrit le chef du Hamas Yahya Sinouar en juin dernier dans une lettre interceptée par les renseignements israéliens. Sinouar a depuis été éliminé, mais d’autres ont pris le relais, dont son frère Mohammed, un fanatique désormais aux commandes de l’organisation terroriste. Antony Blinken lui-même a ainsi reconnu que le Hamas avait, à ce jour, recruté presque autant de nouveaux combattants que ceux qu’il avait perdus dans les combats. Il est évident, même s’il est trop tôt pour en voir les effets, que le Hamas ne perdra pas son emprise sur Gaza, ce qui compliquerait la création d’un État palestinien acceptable pour la communauté internationale.

Le cavalier seul d’un Netanyahou sans limites semble terminé

Côté israélien, « l’accord » de Trump complique toute nouvelle intervention de Tsahal à Gaza en privant l’armée d’une présence dans l’enclave. Pour le gouvernement Netanyahu, il s’agit de montrer qu’il est capable de concessions et qu’il admet aussi l’ouverture d’une nouvelle ère avec Trump. La droite religieuse, partie prenante du gouvernement de coalition de Benjamin Netanyahu, l’a ressenti. Elle est fermement opposée à l’accord. Le ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir appelle son allié, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, à refuser l’accord et menace de démissionner. Il le décrit comme ” dangereux “. Mais ce n’est pas si simple. Car même les alliés les plus bellicistes du Premier ministre israélien ne voient pas dans la proposition de Donald Trump un affaiblissement du soutien américain à Israël. C’est en effet Donald Trump qui, lors de son précédent mandat, avait choisi d’installer l’ambassade américaine à Jérusalem plutôt qu’à Tel-Aviv. C’est aussi lui qui, grâce aux accords d’Abraham, a permis l’établissement de relations diplomatiques avec Bahreïn, les Émirats arabes unis et le Maroc. Donald Trump apparaît comme le meilleur ami d’Israël. C’est difficile de lui dire non.

Le cavalier solitaire d’un Netanyahou attaquant sans cesse ses ennemis, le Hamas, le Hezbollah, l’Iran, les Houthis, et bombardant Gaza face à un Joe Biden dépassé ou sénile, semble désormais terminé. Preuve en est une anecdote livrée par le quotidien Haaretz et qui concerne directement l’envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff. Vendredi 10 janvier, après avoir trouvé un début d’accord au Qatar, Witkoff a appelé le bureau de Benjamin Netanyahu pour annoncer son arrivée le lendemain en Israël. « En raison du Shabbat, le Premier ministre ne pourra vous recevoir que le soir »on lui a dit. Steve Witkoff explique alors avec des termes assez crus que cela ne le concerne pas. Et le lendemain, « Bibi » est là le matin pour l’accueillir.

 
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