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Des canons à neige en réponse au réchauffement climatique ?

De plus en plus souvent, les hivers du Saguenay et de la Jeanne sont marqués par des douceurs qui obligent les stations de ski à limiter leurs activités pendant quelques jours.

Pour faire face à ces désagréments, certaines stations se sont équipées de canons à neige, ce qui leur permet de prolonger leur saison. Saint-David-de-Falardeau en a récemment acquis un, et le centre Do-Mi-Ski de Dolbeau-Mistassini envisageait également d’en installer un.

Les bâtons à neige peuvent émettre 50 gallons (189 litres) de neige par minute, tandis que les canons à ventilateur émettent 200 gallons (757 litres) par minute. (Stéphane Champagne/Archives La Voix de l’Est)

« Cela nous permet de sécuriser la saison de ski. Avoir une base de neige fabriquée nous permet d’avoir une base plus résistante et durable, puisqu’elle supporte mieux les intempéries et les changements de température. On garantit une certaine longévité à la saison, et cela nous permet de la quitter plus tôt aussi», a mentionné le directeur général du Mont-Édouard, Marc-André Busque.

Le centre d’Anjeanne utilise une dizaine de canons à neige depuis les années 90, mais c’est en 2017 que le plus gros investissement a été réalisé, avec l’ajout d’une soixantaine de poteaux.

Du côté du Valinouët, le besoin d’enneigement de culture ne s’est jamais fait sentir en 40 ans d’existence.

Marc-André Busque, le directeur général du Mont-Édouard, n’y retournerait pour rien au monde. La station dispose de neuf canons éventail et d’une soixantaine de bâtons à neige. (Jonathan Hudon)

« Oui, il y a des années où ça aurait pu faire une différence, mais globalement, ce n’est pas une incitation. «Nous avons de la chance car c’est une dépense importante en termes de main d’œuvre et d’électricité», commente le directeur marketing Stéphane Leblond.

2 grammes de CO2/kWh

De l’avis des gestionnaires des stations de ski, la consommation électrique est le plus gros problème lié à l’utilisation des canons à neige.

«En moyenne, on parle d’une consommation électrique de 11 kWh/m3 de neige», indique Patrick Faubert, professeur au Département des sciences fondamentales de l’UQAC. Au Canada, 130 000 tonnes de CO2 sont émises chaque année par les canons. C’est l’équivalent des émissions des entreprises d’une ville de bonne taille.

Le directeur marketing du Valinouët, Stéphane Leblond, estime qu’à court et moyen terme, la station n’a pas besoin de neige de culture. (Michel Tremblay/Archives Le Quotidien)

Dans la province, les stations de ski sont reliées au réseau d’Hydro-Québec, mais dans d’autres provinces, comme l’Alberta, il existe des canons à neige qui fonctionnent avec des génératrices à combustibles fossiles qui contribuent davantage au réchauffement climatique. climatique.

« Si nous utilisons des combustibles fossiles pour fabriquer de la neige, nous utilisons une source d’émissions qui amène le changement climatique à s’adapter au changement climatique. C’est un peu contre-productif.

— Patrick Faubert

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) lors de la production de neige manufacturée représenteraient deux grammes par kilowattheure (kWh) avec l’hydroélectricité, selon Patrick Faubert.

« C’est à peu près notre plus gros défi énergétique de la saison. C’est relativement cher, l’année dernière, cela coûtait 130 000 $ rien qu’en électricité. Lorsque notre système d’enneigement fonctionne à pleine capacité, cela coûte environ 350 $ de l’heure et il peut fonctionner entre 72 et 144 heures consécutives », indique le directeur des opérations du Mont-Édouard, Isaac Gingras.

En 40 ans d’existence, le centre de ski du Valinouët n’a jamais eu besoin de neige de culture. (Autorisation/Archives)

À ces coûts s’ajoutent également les coûts d’équipement et de main d’œuvre. Isaac Gingras estime le coût total d’une saison entre 200 000 $ et 300 000 $.

2000 litres d’eau pour 1 m3 de neige

L’enneigement artificiel des pistes nécessite également d’importantes ressources en eau. Pour faire fonctionner ses bâtons à neige, le Mont-Édouard utilise plusieurs millions de litres, puisés dans un lac artificiel conçu à cet effet.

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« Il faut quand même une bonne quantité d’eau. Pour fabriquer 1 m3 de neige, il faut 2000 litres d’eau, ce qui est quand même beaucoup. La consommation moyenne d’eau potable d’un individu au Québec est d’environ 400 à 500 litres par jour », explique Patrick Faubert.

Le professeur de sciences fondamentales et directeur par intérim de la Chaire Éco-Conseil et Carbone Boréal, Patrick Faubert, estime que la clé pour lutter contre le réchauffement climatique est de diversifier ses activités hivernales. (Photo : avec l’aimable autorisation)

Une telle quantité d’eau puisée peut poser divers problèmes, notamment pour la faune et la flore aquatiques. “Il n’est pas certain que l’eau retourne à sa source, donc si cela est mal fait, il y a un risque d’épuisement des plans d’eau”, poursuit-il.

Certaines conditions doivent également être respectées en termes de température. En effet, il faut qu’elle soit comprise entre -2°C et -4°C pour que la neige formée prenne correctement, et pour ne pas faire monter en flèche la facture d’électricité.

« Faire de la neige à -4°C coûte deux à trois fois plus cher que de le faire à -15°C, souligne Isaac Gingras.

La station Mont-Édouard doit composer avec un terrain accidenté. Avoir une bonne base de neige avec les canons assure une certaine sécurité aux skieurs. (Sophie Lavoie/Archives Le Quotidien)

Diversifier les activités

Pour Patrick Faubert, le secret pour bien s’adapter aux changements climatiques est avant tout de diversifier ses activités.

« Je ne suis pas là pour dire aux gens d’arrêter le ski ou les autres sports d’hiver, mais la clé, pour les centres et les skieurs, c’est peut-être de diversifier les loisirs et tout ça. qui concerne les activités touristiques. C’est un défi pour les entreprises, mais ce sera la clé pour faire face au changement climatique », explique le professeur.

Quant au Mont-Édouard, qui doit composer avec un terrain accidenté, la question de savoir si les canons à neige sont une option avantageuse ne se pose même pas.

Le directeur général du parc de la Rivière-du-Moulin a déjà envisagé d’installer des canons à neige pour ses sentiers de ski de fond, mais l’opération était trop coûteuse. (Rocket Lavoie/Archives Le Quotidien)

Quand on fait le calcul bénéfice/inconvénient, il est certain que l’on est bien mieux avec un système d’enneigement que sans. Nous n’y retournerions pas, ce ne serait pas pensable.

— Recherche Marc-André

Quant au ski de fond, le directeur général du parc de la Rivière-du-Moulin, Frédéric Munger, pensait déjà à se procurer un canon à neige, mais très vite, la réalité s’est imposée à lui.

« Nous avons déjà évalué ce projet, pour voir s’il y avait une possibilité de démarrer la saison plus tôt, mais c’est un investissement trop important pour être rentable. Pour le ski de fond, il faut un peu de neige, répartie sur une longue distance. Il aurait fallu installer un système de poteaux pour épandre la neige, mais cela n’est pas possible car c’est trop coûteux et pas assez efficace », a-t-il soutenu.

Les canons à neige nécessitent beaucoup de main d’œuvre pour être entretenus et exploités. (Martin Roy/Archives Le Droit)

Le constat est le même pour le Valinouët, qui devrait d’abord étudier la faisabilité en fonction de sa situation en montagne.

« Ce n’est pas encore un problème ici, certainement pas à court terme, ni à moyen terme, ce n’est vraiment pas dans les plans. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura jamais, nous n’avons pas de boule de cristal », affirme Stéphane Leblond.

 
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