SANTÉ. Du 3 février au 16 mars, le défi J’arrête, je gagne invite les fumeurs et vapoteurs à se libérer de leur addiction en s’engageant à ne pas fumer, ni vapoter, pendant les six semaines du challenge. En Mauricie, la situation demeure préoccupante, notamment avec un taux de consommation bien supérieur à la moyenne provinciale.
Les organisateurs soulignent les effets positifs sur la santé de l’arrêt du tabac, même si c’est pour une courte période et qu’il y aura une rechute plus tard. Environ 75 % des participants à ce défi réussissent à arrêter de fumer au cours de ces six semaines.
Moins de fumeurs, plus de vapoteurs
Alexandre Chagnon, pharmacien et porte-parole du Défi, estime que le phénomène du vapotage vient de « gâcher » les efforts déployés dans les campagnes antitabac. Face à ce fléau, les organisateurs ont intégré, pour la deuxième année consécutive, les vapoteurs dans leur public cible.
« En 2023, un inscrit sur quatre était un vapoteur, ce fut une belle surprise pour nous ! Le vapotage est en hausse depuis 2013, alors que 4 % de la population vapotait déjà. Cette croissance que nous mesurons ne cesse de s’accentuer, année après année, alors que le nombre de fumeurs continue de diminuer depuis plusieurs années. En 2023, seulement 10 % de la population québécoise fumait», précise-t-il.
De son côté, la Dre Manon Toupin, spécialiste en santé publique et médecine préventive au CIUSSS de la Mauricie et du Centre-du-Québec, indique que le taux de vapotage dans la région est de 6,3 %.
« Chez les 15-24 ans, ce taux est de 24,4 %. Il s’agit d’un des chiffres les plus élevés au Québec, car la moyenne provinciale est de 17 % pour cette tranche d’âge », mentionne-t-elle.
Elle ajoute que « lors de la dernière édition du challenge J’arrête, je gagne, sur les 14 500 personnes inscrites, 3 121 étaient des vapoteurs.
-Des chiffres inquiétants
Alexandre Chagnon et Manon Toupin conviennent que des facteurs socio-économiques sont souvent à l’origine de ces données qui tirent la sonnette d’alarme dans la région.
« Il y a encore beaucoup de gens qui vivent sous le seuil de pauvreté dans notre région, plus qu’ailleurs au Québec », selon le Dr Toupin.
» De manière générale, dans les grands centres, comme Trois-Rivières et Shawinigan en Mauricie, il y a toujours une augmentation par rapport aux régions voisines, ajoute M. Chagnon. En Estrie, il y a un peu moins de fumeurs. Dans le Grand Nord québécois, il y a beaucoup plus de fumeurs en proportion.
Selon les données de la dernière Enquête sur la santé de la population québécoise 2020-2021, nous avons mesuré qu’en Mauricie-Centre-du-Québec, environ 15 % de la population fume. Ce chiffre passe à 15,7 % à Trois-Rivières et à 15,3 % dans la MRC de Maskinongé.
Les organisateurs de ce challenge annuel tiennent à souligner que leur soutien s’étend au-delà des six semaines de cette initiative. Ils poursuivent leur suivi auprès des personnes ayant réussi à arrêter leur consommation pendant cette période.
» Des emails d’accompagnement personnalisés sont envoyés aux ex-fumeurs pendant six mois après la date d’arrêt. Alors, on continue à suivre la personne, à la motiver, à l’accompagner pendant cette période, car il faut rappeler que fumer est plus qu’une habitude, c’est une addiction à la nicotine. Il faut souvent plusieurs tentatives pour réussir à arrêter de fumer et ce défi offre aux fumeurs une tentative de plus, pendant six semaines, pour tenter d’arrêter de fumer », conclut le Dr Toupin.
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