« Nous y pensons davantage chaque jour, mais nous y pensons encore très souvent. Nous sommes habitués à la violence, mais pas à celle-là. » soupire Fair.
L’adolescent vit avec ses parents et ses deux frères à quelques rues du 38, rue de la Santoline, aux Moulins. C’est là, au septième étage, qu’il y a 6 mois jour pour jour, un incendie criminel a piégé une famille comorienne.
Dans la nuit du 17 au 18 juillet, sept personnes sont décédées : trois enfants âgés de 5, 7 et 10 ans, un adolescent de 17 ans, le père et la mère, ainsi qu’une tante venue leur rendre visite. La famille était étrangère au trafic de drogue qui étouffe cette ville à l’ouest de Nice, selon le parquet de Nice. Sans histoire, ces Comoriens étaient très appréciés dans ce quartier prioritaire de la politique de la Ville. Victimes collatérales de la violence des gangs.
“Je n’ai jamais vraiment entendu parler de lui”
“Je passe devant le bâtiment presque tous les jours, c’est triste” ajoute « Sunny », 22 ans qui habite l’immeuble d’à côté. « Je ne me suis pas réveillé cette nuit-là, mais mon père s’est réveillé. Il est descendu voir si quelqu’un avait besoin d’aide, mais les pompiers et la police étaient déjà là et ils ne pouvaient plus rien faire. »souffle le jeune homme qui a bien connu Zayaroudine, l’un des trois frères encore en vie. “Je n’ai jamais vraiment entendu parler de lui” regrette le jeune homme.
Les trois survivants, dont l’un a été grièvement blessé en sautant par la fenêtre pour échapper aux flammes, sont suivis psychologiquement et n’habitent plus aux Moulins, révèle une source proche du dossier.
Toutes les victimes relocalisées définitivement
Ce soir-là, les flammes qui ont ravagé leur appartement n’ont pas épargné les autres habitations. La suie rendait également les autres inhabitables. Tout comme l’eau utilisée pour tenter de ralentir les flammes déchaînées au 7ème étage. Les treize familles sinistrées n’ont pas pu regagner leur appartement.
Six mois après le drame qui a traumatisé toute la ville, ils ont tous été relogés définitivement, annonce Côte d’Azur Habitat. C’est ce bailleur social, directeur des Moulins, qui gérait le 38, rue de la Santoline. En urgence, 300 000 euros avaient été débloqués pour le nettoyage des suies, la décontamination des parties communes, des logements et de la façade. Les appartements souillés ont été vidés et sécurisés. Les travaux de plomberie et d’électricité ont été rapidement entrepris et les ascenseurs remplacés.
-Avant d’entreprendre des travaux plus importants, les experts en assurance devaient remettre un rapport. C’est chose faite depuis décembre. Et Côte d’Azur habitat a pu chiffrer la réhabilitation des logements sinistrés : environ 2,5 millions d’euros. Le chantier est sur le point de commencer. « Cela va commencer par les logements, puis les parties communes. Les travaux dureront environ 6 mois. » indique le bailleur.
En juin prochain, il ne devrait rester aucun stigmate du drame, sauf dans le cœur et la mémoire des habitants des Moulins. Qui se demande si les enquêtes avancent.
L’enquête a démarré sur les chapeaux de roue
L’enquête ouverte pour « destruction volontaire par incendie en bande organisée et ayant entraîné la mort » et « association de malfaiteurs en vue de commettre des actes de destruction volontaire par incendie en bande organisée » par Damien Martinelli, le procureur de Nice, a démarré sur les chapeaux de roue.
Très vite après le drame, quatre membres du commando qui avaient déclenché les incendies aux 1er, 2e et 3e étages ont été interpellés, notamment grâce à des images de vidéosurveillance. Trois individus ont été aperçus entrant dans le bâtiment, visage découvert, après avoir fracassé la porte d’entrée. Puis, avant que l’incendie n’engloutisse le 7ème étage, repartez dans la Renault Clio 5 conduite par une 5ème personne dans laquelle ils étaient arrivés. Un seul d’entre eux est originaire de la Côte d’Azur, les trois autres sont originaires de la banlieue parisienne. Le cinquième suspect n’a pas encore été appréhendé. Ils ont entre 17 et 25 ans.
Un lien avec le trafic de drogue à Nice-est
Les enquêteurs sont sur la trace de l’auteur de cet incendie mortel et sur celle du commando en fuite. A Moulins, beaucoup croient savoir quelle famille était réellement visée, mais aussi qui a passé ce contrat désastreux. « C’est un gars qui a beaucoup de circulation dans Nice-est », jure un habitant des Moulins qui connaît son quartier comme sa poche. La piste purement locale est loin d’être écartée par le parquet de Nice, qui reste cependant très prudent.
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