cette note étonnante qui refait surface

C’est une histoire digne d’un scénario de film dans lequel Alain Delon lui-même aurait pu jouer. Sauf qu’on ne connaît toujours pas la fin. Mardi 1er octobre 1968, Stevan Markovic, réfugié politique yougoslave, garde du corps d’Alain Delon chez qui il séjournait dans son hôtel particulier du 8e arrondissement de Paris, est retrouvé mort d’une balle dans la tête le long d’une route départementale dans les Yvelines. La dernière fois qu’il avait été vu vivant, c’était quelques jours plus tôt, le dimanche 22 septembre 1968, à la sortie du domicile de l’acteur français.

Une enquête a alors été ouverte et les enquêteurs ont appris par un ami de la victime que Stevan Markovic aurait fait chanter Alain Delon, avec des photos compromettantes le montrant lors de belles soirées. De beaux rôles où Alain Delon n’aurait pas été la seule célébrité : toujours selon l’ami de Markovic, Claude Pompidou, l’épouse de George Pompidouà l’époque Premier Ministre, aurait également été photographié lors de ces soirées. “Il avait toujours paru étrange aux enquêteurs qu’une star du niveau d’Alain Delon s’inquiète de la diffusion de quelques photos intimes.», a commenté Hervé Gattegno, auteur du livre Un cadavre sur la route de l’Elysée (éditions j’ai lu), dont la sortie est prévue mercredi 22 janvier, dans une interview accordée à parisienqui revient sur l’affaire, vieille de près de soixante ans. Et, dans son livre, l’auteur apporte un élément de réponse : si les documents avec lesquels Stevan Markovic aurait fait chanter Alain Delon étaient si compromettants, c’est parce qu’il a lié l’acteur (et l’homme politique) à des voyous.

Meurtre de Stevan Markovic : un mobile possible pour Alain Delon

Misha Slovenac, ami de Stevan Markovic, incarcéré pour cambriolage, aurait rencontré à plusieurs reprises le commissaire Samson et le juge Petard chargés de l’enquête sur la mort du proche d’Alain Delon, dès le printemps 1970. Il leur a notamment remis une note (révélée par l’auteur Hervé Gattegno) dans laquelle il assure que le jour de la disparition de Stevan Markovic – dimanche 22 septembre 1968 – il avait eu rendez-vous avec François Marcantoni, un voyou corse, pour récupérer l’argent du chantage à Alain Delon. Misha Slovenac aurait également envoyé un message au ministre de l’Intérieur, décrivant les photos compromettantes que Stevan Markovic aurait possédées.

Misha Slovenac a décrit un «maison de réunion, tenue par des truands, amis de Delon», à Saint-Cloud. Maison qui serait composée d’un bar, d’une salle de projection de films pornographiques, d’un «sorte de boudoir fermé par de grands rideaux« et cinq ou six chambres. Il a indiqué qu’Alain Delon apparaît aux côtés de son épouse Nathalie.en tant que spectateur» sur plusieurs photos. “Sur trois ou quatre, nous [le] voit nu avec des couples également nus. Cinq photos ne représentent que des hommes, dont un où l’on voit Delon allongé sur un des canapés du bar et un autre où il embrasse un homme.“

Un possible motif de chantage pour Hervé Gattegno. “Ce témoignage constitue le motif le plus crédible auquel nous ayons eu accès depuis 1968. Il faut bien sûr être prudent avec ce document puisqu’il n’a jamais été versé au dossier. Mais ce qui est évident, c’est qu’il y a plein de choses qu’Alain Delon n’a pas dites. La justice a-t-elle tenté de le savoir ? N’a-t-elle pas réussi ou n’a-t-elle pas essayé parce qu’elle ne le voulait pas ?», demande l’auteur, toujours avec le parisien. Alain Delon – décédé il y a quelques mois – et François Marcantoni avaient alors été entendus par les enquêteurs. Le Corse avait même été mis en examen et écroué pour tentative d’assassinat, avant de bénéficier d’un non-lieu en 1976.