Le président est venu dans le quartier de Gemmayzé, deux jours après l’explosion au port de Beyrouth, qui a fait plus de 220 morts et 6.500 blessés le 6 août 2020.
« Cela a pris quatre ans ». Emmanuel Macron est revenu vendredi dans le quartier Gemmayzé de Beyrouth où il a été accueilli presque en héros après l’explosion d’août 2020. Les habitants espéraient alors recevoir enfin “une lueur d’espoir”. Même lieu, deux ambiances bien différentes. Le 6 août 2020, deux jours seulement après l’explosion du port de la capitale libanaise, qui a défiguré la ville et fait plus de 220 morts et 6 500 blessés, le président français est venu rue Gouraud.
Au milieu des maisons éventrées, marchant sur les décombres, il a été accueilli par une véritable foule, au rythme des applaudissements et des acclamations. « Vive la France » d’une foule en colère contre la classe politique libanaise, considérée comme corrompue et responsable de la négligence qui avait conduit au drame. « Aidez-nous ! Tu es le seul espoir »lui a dit un résident.
Trois semaines plus tard, il retourne au Liban pour mobiliser les partis politiques afin de former un gouvernement, en vain. Et, face à l’échec, il n’avait pas honoré sa promesse de retour en décembre de la même année. « J’étais ici le 6 août 2020 et je n’oublie rien »a-t-il déclaré ce vendredi, dans la même rue à Gemmayzé. Le quartier branché avec une succession de bars branchés et de galeries d’art a repris vie grâce à l’initiative de ses habitants et des ONG. Certains projets ont été financés avec des fonds français, et Emmanuel Macron voit des photos avant/après cette reconstruction.
« Nouvelle ère »
Cette fois, l’accueil est bienveillant, mais sans l’effervescence et le sentiment d’urgence qui régnaient en 2020. Une femme, qui se présente comme “un des blessés du 4 août”se fraye un chemin jusqu’au chef de l’Etat. « Le 6 août, quand vous êtes venus, nous avons été très déçus » voir que l’espoir d’une reprise politique ne s’était finalement pas concrétisé, lui dit-elle. “J’espérais moi-même qu’il y aurait un début à ce moment-là… Il lui a fallu quatre ans pour accoucher”» a lâché le président en réponse.
-Mais maintenant que le Parlement a réussi la semaine dernière à élire un président, le général Joseph Aoun, après deux ans de vacance à ce poste, « une nouvelle ère commence »assure-t-il à cette dame qui se demande si ça vaut vraiment la peine de croire en un “lueur d’espoir”. Dans ce quartier majoritairement chrétien, elle demande à la France d’être « aux côtés du Liban pour former un nouveau gouvernement »avant d’embrasser Emmanuel Macron.
Pour le reste, les échanges sont plus polis. Plusieurs représentants d’associations prépositionnés dans la rue attendent que le chef de l’Etat lui présente leurs projets. « Le moral est bon ?demande-t-il, un bracelet aux couleurs du Liban au poignet, entre selfies et cafés gratuits. “La France est notre mère”sourit un responsable associatif. A une dame âgée qui lui dit qu’il est adorable, Emmanuel Macron glisse : « Le Liban est cher à mon cœur ».
Un commerçant assure que “il se passe quelque chose”. Plus « Il faut aller vite »prévient le président français, qui dira plus tard, aux côtés de son nouvel homologue, que cette “espoir” qu’il incarne ne doit pas « se perdre à nouveau dans les sables mouvants des arrangements » politiques et empêcher la formation d’un gouvernement sous la direction du Premier ministre désigné Nawaf Salam.
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