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pourquoi Merab Dvalishvili a fait de la Russie son adversaire numéro 1

Champion de l’UFC -61kg, le Géorgien Merab Dvalishvili défendra sa ceinture à l’UFC 311 dans la nuit de samedi à dimanche (dès 2 heures du matin sur RMC Sport 1), face au cousin de Khabib, Umar Nurmagomedov. Combattant du Daghestan, et représentant de facto de la Russie. De quoi irriter le combattant originaire de Tbilissi, farouche opposant à la politique expansionniste de Vladimir Poutine, marquée par la guerre de 2008 dans son pays, et celle actuelle en Ukraine.

Bisous dans le dos de Sean O’Malley en plein combat, sketchs avec un sosie de son adversaire pour pimenter le tout, mèmes partout sur les réseaux sociaux… Un personnage facétieux et provocateur, sanguin et drôle à la fois. Autrefois, Merab Dvalishvili, malgré son profil de lutteur monomaniaque et pas toujours spectaculaire, a su se faire une place dans le cœur de nombreux fans de l’UFC.

Devenu progressivement une figure de l’organisation depuis ses débuts en 2017 (deux défaites initiales, puis onze victoires, séries en cours), « The Machine » en est aujourd’hui l’un des principaux animateurs, un bavard omniprésent en ligne et dans les podcasts spécialisés. Mais il est une situation où l’actuel champion des poids coq (-61kg) baisse systématiquement le masque, enlève son costume de clown et devient plus sérieux : lorsqu’il s’agit de la Russie.

Le combattant de poche, né à Tbilissi en janvier 1991, trois mois avant la proclamation de l’indépendance de la Géorgie, se présente comme un patriote, fier de son pays, de son histoire, et soucieux de sa souveraineté. Un athlète qui, hors de la cage, s’est retrouvé un adversaire de taille : le régime de Vladimir Poutine, et sa politique expansionniste.

Or, ce dimanche 19 janvier (dès 2 heures du matin sur RMC Sport 1), si Merab Dvalishvili va défendre sa ceinture dans le co-main event de l’UFC 311 à Inglewood (Californie), c’est sur une carte avec une emphase très forte, très russe qu’il va se battre. Avant lui : Tagir Ulanbekov et Azamat Bekoev lors des duels préliminaires. Après lui : Islam Makachev, Russe du Daghestan, contre Arman Tsarukyan, Arménien élevé en Russie, pour le titre des -70 kg. Et face à lui, donc, un autre Russe du Daghestan : Umar Nurmagomedov, cousin du célèbre et invaincu Khabib.

“Umar n’est pas de Russie, il vient du Daghestan”

La véritable nationalité de son adversaire, c’est le débat lancé par Merab Dvalishvili en septembre dernier, juste après son sacre. Interrogé au lendemain de sa victoire face à Sean O’Malley face à Umar Nurmagomedov, déjà pressenti pour être son futur rival, « The Machine » a repris un journaliste en conférence de presse. « Umar, en réalité, n’est pas originaire de Russie. Il est originaire du Daghestan et combat sous le drapeau russe. Ce n’est pas pareil», a-t-il assuré.

Une sortie anodine ? Pas vraiment. Cela avait en tout cas irrité Islam Makhachev, interrogé quelques jours plus tard sur le sujet. « Merab vit aux Etats-Unis (ndlr) depuis l’âge de 21 ans, il ne sait pas de quoi il parle. Le Daghestan fait partie de la Russie. Il essaie juste de nous provoquer.

Pas de quoi faire changer d’avis Dvalishvili. « Nous savons tous que Khabib (Nurmagomedov) et Islam sont originaires du Daghestan. Khamzat (Chimaev) vient de Tchétchénie, Movsar Evloev d’Ingouchie. Ce sont tous de petits pays, issus de pays différents. (…) La Russie a pris le contrôle de ces pays et ils doivent représenter la Russie », insistait-il fin septembre, dans le podcast de Jake Shields. « Donc, si quelqu’un me demande si Umar vient de Russie, je réponds non, il vient du Daghestan. Nous sommes amis. Ce sont des gens durs comme les Géorgiens. (…) Il est originaire du Daghestan, mais il ne représente que le drapeau russe.»

La guerre de 2008, traumatismes et ressentiments

Si Dvalishvili a introduit ces considérations géopolitiques (qui n’intéressent pas vraiment le public américain, disons) dans son prochain combat, c’est que l’affaire le touche personnellement. Car quelques années avant de prendre son sac à dos et de partir à la conquête de l’Amérique, le lutteur géorgien a lui-même vécu la guerre. La deuxième guerre d’Ossétie du Sud, qui a duré quelques jours en août 2008, s’est soldée par une défaite géorgienne et la perte des territoires encore revendiqués par Tbilissi.

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“J’avais 17 ans lorsque la Russie a attaqué la Géorgie et largué des bombes sur la capitale, c’était tellement effrayant”, a déclaré Dvalishvili en 2023. “Je voulais me porter volontaire pour rejoindre l’armée et aider mon peuple.” Il n’en a pas eu le temps, mais a développé depuis un ressentiment tenace contre le belligérant russe. En témoigne, le 8 août de chaque année, ce même message posté sur les réseaux sociaux : « C’est le jour où la Russie est entrée en guerre contre la Géorgie. Nous nous souviendrons toujours des gens qui se sont battus pour notre pays et que nous avons perdus dans cette guerre. »

« Gloire à l’Ukraine, gloire à la Géorgie »

Cependant, ce ressentiment ne l’a pas empêché de combattre à l’UFC Moscou en septembre 2018, remportant sa première victoire (contre Terrion Ware) dans l’organisation en territoire hostile. Sauf que depuis, la donne a changé. La Russie a envahi l’Ukraine en février 2022, et le ton est monté. Merab Dvalishvili est soudain devenu plus véhément.

« Avec Khabib (Nurmagomedov), nous venons de la même zone géographique, du Caucase. Sauf qu’eux vivent d’un côté, nous de l’autre. Nos peuples sont semblables, à la différence qu’ils sont musulmans et nous chrétiens. Mais nous sommes proches. Le problème, c’est qu’ils représentent la Russie”, avait-il déclaré en août 2022 après sa victoire contre José Aldo à l’UFC 278, en réponse à une question sur sa (relative) ressemblance avec le premier. rival de Conor McGregor. «La Russie occupe 20 % du territoire géorgien et elle fait actuellement la même chose avec l’Ukraine. J’espère que nous pourrons arrêter la guerre. C’est fou que des gens meurent chaque jour, et personne ne peut rien y faire. (…) Donc j’ai du respect pour Khabib, mais je ne suis pas Khabib, je m’appelle Merab Dvalishvili.

Respect pour Khabib Nurmagomedov, mais beaucoup moins pour Petr Yan, son adversaire de mars 2023. Petr Yan, un dur à cuire venu de Sibérie. Beaucoup trop russe pour que Dvalishvili ne fasse pas de leur combat une affiche très politique, un duel à portée symbolique. “Ce combat n’est pas un simple combat, il est personnel à mes yeux”, assurait le Géorgien quelques jours avant leur confrontation. « Il vient de Russie, je viens de Géorgie. Nous savons tous ce que les Russes font aujourd’hui aux Ukrainiens et ce qu’ils ont fait à la Géorgie. La Russie n’est pas un pays démocratique et je veux gagner pour mon peuple. Je reçois le soutien de mon pays et de l’Ukraine également.»

Dès la victoire obtenue, Dvalishvili récidive dans l’octogone, scandant « Gloire à l’Ukraine, gloire à la Géorgie » sous les sifflets du public de Las Vegas. Et encore en conférence de presse : « Je sais ce qui se passe en Géorgie en ce moment, ils sont tellement heureux, c’est tellement important pour ce petit pays qu’un combattant géorgien ait battu l’ancien champion russe Petr Yan… Cela signifie beaucoup pour moi. . Je sais aussi que beaucoup d’Ukrainiens m’ont soutenu parce que j’étais face à un Russe, mais… On ne peut pas arrêter la Russie, mais au moins on peut la battre dans le sport.

Dans le sport et dans la communication. Quelques semaines avant son combat contre Yan, Merab Dvalishvili affichait un nouveau tatouage unique sur sa poitrine. Le motif ? Le drapeau géorgien, reprenant la forme du territoire, inclut évidemment l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Le même design qu’il portait quelques mois plus tôt comme pendentif autour du cou, avant que l’UFC ne lui demande de le retirer. “Je portais ce collier et l’UFC m’a envoyé un email pour me dire que je n’étais plus autorisé à le porter”, a expliqué Dvalishvili. « Sauf que je viens de commencer à me battre pour représenter mon pays, c’est ma motivation première. Je ne peux pas porter mon drapeau en collier ? Alors je l’ai fait tatouer. Maintenant, ils ne peuvent pas me le faire retirer. Enfin, ne leur donnez pas cette idée.

 
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