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un accord « doux-amer » pour les proches des otages et les Gazaouis

Le Qatar et les Etats-Unis ont annoncé la conclusion mercredi 15 janvier d’un accord sur un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et la libération des otages, après plus de 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas. A Jérusalem, des proches d’otages ont appris la nouvelle dans la soirée.

« Nous retenons notre souffle. » Dans la grande tente blanche qui sert de siège au Forum des familles à Jérusalem, la poignée de bénévoles qui terminent leur quart de travail ce mercredi soir peinent à se réjouir. “Je n’y croirai pas tant que je ne les verrai pas sortir de l’ambulance”chuchote Zina, la soixantaine, tandis qu’Ofakit distribue inlassablement aux passants les étiquettes blanches portant le numéro du jour : le 467e, depuis le 7 octobre. « Nous ne nous arrêterons pas tant que tout le monde ne reviendra pas »assure la jeune femme.

“L’ambiance est loin d’être festive” acquiesce Yael, une bénévole de 24 ans, qui parle d’un « sentiment doux-amer » : «D’un côté, il y a un soulagement, mais de l’autre, ce gouvernement nous a montré qu’il avait déjà laissé des otages derrière lui et que cela pourrait se reproduire. » Autres commentaires : « C’est le même accord qu’en mai dernier. Nous aurions pu les libérer bien avant et sauver ceux qui sont morts depuis. »

Crainte que les otages soient « laissés pour compte »

Selon l’accord accepté par Israël et le Hamas, une première phase de six semaines devrait permettre la libération de 33 otages dits « humanitaires » (femmes, enfants, personnes âgées, mortes ou vivantes), en échange de prisonniers palestiniens. Les deux prochaines phases doivent encore être négociées. Alors que les heures à venir s’annoncent « plein d’anxiété et d’émotion »les proches des otages ont refusé les entretiens individuels, laissant le Forum des Familles, l’organisation qui les représente, s’exprimer dans une déclaration collective « une joie et un soulagement extraordinaires »avant de dire “inquiets et préoccupés par la possibilité que l’accord ne soit pas pleinement appliqué et que des otages soient laissés pour compte”.

A Gaza, des scènes de liesse ont accompagné la nouvelle. On s’embrasse devant des écrans de télévision installés en plein air, on agite des drapeaux palestiniens, on chante… « Les gens sont contents parce que le bain de sang va cesser, pas à cause de l’accord lui-même » » dit Maram Faraj, 27 ans, de Khan Younis où elle est réfugiée avec sa famille. Sa note vocale révèle une forme de tristesse : « Un accord ne nous permettra pas de retourner à nos vies antérieures. Nous avons tout perdu. Tout ce que nous pouvons faire, c’est construire des tentes sur les ruines de nos maisons. »murmure la jeune femme.

« Ces trois jours paraîtront trois ans »

« La joie était totale au début, raconte Rami Abu Jamous, journaliste palestinien basé dans le sud de l’enclave. Mais quand les gens ont appris que la trêve ne commencerait que dimanche midi, l’euphorie est retombée. Ces trois jours sembleront trois ans. Nous savons par expérience qu’Israël bombarde pour favoriser le cessez-le-feu. Personne ne veut mourir après avoir survécu 15 mois. » Les bombardements ont fait plus de 30 morts dans la nuit.

Le gouvernement israélien prévoit de se réunir au complet ce jeudi 16 janvier pour voter pour ou contre l’accord. « Nous demandons au Cabinet et au gouvernement israélien de l’accepter et de l’approuver lorsqu’il sera présenté, afin de ramener nos fils et nos filles à la maison »» a exhorté le président Isaac Herzog dans un message à ses compatriotes diffusé mercredi soir.

Les deux ministres radicaux Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich s’y opposent, qualifiant le compromis de ” mauvais “ et de « dangereux pour la sécurité d’Israël ». Si Ben-Gvir menace de quitter le gouvernement en cas de ratification, Smotrich fait du chantage : « Une condition évidente pour que nous puissions rester au gouvernement est la certitude absolue d’un retour à la guerre.il a écrit sur X mercredi soir. Depuis deux jours, le Premier ministre et moi avons eu des échanges animés sur le sujet, il connaît nos revendications et la balle est entre ses mains. » Une situation qui pourrait sonner le glas pour les otages restants, comme le craignent certaines de leurs familles.

 
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