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«Thierry Henry, je l’appelle le vieux» – Coupe de – 16e journée – QRM-Angers

Salut Yassin, comment as-tu commencé à jouer au football ?

C’est venu tout seul… J’ai toujours eu cette passion. Là où j’habitais à Stains, il y avait toujours un bal. C’était bien, tu avais des amis. Vous êtes dans un quartier, vous vous amusez, il y a du monde dehors.

Et où as-tu commencé à jouer ?

A Stains, justement, où j’ai passé un an. En fait, ma famille n’est plus à Saint-Ouen, et donc, à 9 ans, je suis allé au Red Star à cause de mon père. Il a dit que c’était un meilleur club, mais je voulais rester à Stains. Quand je m’entraînais, je dormais chez mon oncle Ricardo, c’était plus simple. Cela évitait de prendre le métro, car j’étais encore petit. Ce sont de beaux souvenirs, c’est une affaire de famille. Et au Red Star, le niveau était bon.

Vous décidez de signer à Lens. Pour quoi ?

Plusieurs clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 étaient intéressés. J’ai visité les installations de Lens avec Marc Westerloppe et j’ai été convaincu. Il venait à la maison prendre un café, à Stains dans le 93, je m’en souviens. Il y avait Caen et un autre club aussi qui étaient sur place.

Comment ça se passe au début au centre de formation ?

C’était amusant. Je le voulais, mais je ne savais pas comment devenir professionnel. Je n’en avais pas encore l’idée. C’était amusant. Je me souviens des bêtises qu’on faisait, des matchs qu’on jouait, de toutes ces heures qu’on restait dans les chambres. Avec la génération 99, nous avons gagné tous les tournois. Il y avait Jean-Kévin Duverne, Jean-Ricner Bellegarde, Modibo Sagnan, Djibril Diani, Moussa Sylla, Charles Boli, Enzo Ebosse, William Bianda, Randy Mavinga, Tom Ducrocq. C’était une très belle promotion. Tous les noms que je vous ai cités, nous en parlons encore tous les jours. Il y a le véritable amour. Nous allons ensemble au restaurant en vacances. Nous jouons à Play ensemble, notamment sur Appel de. C’est Moussa Sylla qui en fait le moins tue. (Rires.)

Tu disais des bêtises, qu’est-ce que c’était ?

Il y en avait beaucoup. Un jour, nous dormions au centre, nous avions faim. La cuisine était fermée, nous sommes passés par l’arrière. Mais le directeur du centre dormait là et il est allé dans la cuisine. Et on voit la lumière s’allumer. Nous nous sommes tous enfuis. Il y en a deux qui se sont fait prendre. Nsama Simon faisait partie des prisonniers. (Rires.) Et il y a eu la fameuse histoire de l’extincteur, comme Adil Rami. (Rires.) A la cafétéria, Enzo Ebosse a fait semblant de chasser Djibril (Diane). Il tombe et s’éclate. Il laisse tomber l’extincteur et il part partout. C’était scandaleux, tout le monde a ri.

A cette époque, aviez-vous tout négligé ?

A 16-17 ans, je jouais déjà contre des seniors en réserve. Il y avait beaucoup de clubs qui me suivaient, oui. Avec l’équipe de , quand tu joues des tournois en Angleterre et que tu marques, ça fait revenir les clubs. À 13 ans, je savais déjà qu’il y avait des recruteurs. J’ai grandi avec ça. C’était devenu normal.

Il y a eu une offre de Manchester United, mes parents y sont allés, ils ont rencontré Louis van Gaal. Alors un jour, je suis allé au bureau des dirigeants lensois pour le transfert, et ils m’ont remis le contrat… d’Arsenal.

Parmi les clubs qui vous voulaient à cette époque, c’est Arsenal qui vous a signé…

Au fond, je ne voulais pas y aller. Si j’ai quitté Lens, c’est uniquement pour aller à Manchester United. J’étais fan du club ! Il y avait une offre de Diables rougesmes parents y sont allés, ils ont rencontré Louis van Gaal. Alors un jour, je suis allé au bureau des dirigeants lensois pour le transfert, et ils m’ont remis le contrat… d’Arsenal. Ils ont donné plus que Manchester United et ils ont aussi emmené Jeff-Reine Adelaide avec moi. Je n’avais pas vraiment mon mot à dire. Lens avait à cette époque des problèmes financiers avec l’actionnaire azéri (Hafiz Mammadov). Le club venait de vendre Baptiste Guillaume, David Faupala, Dimitri Cavaré…

Direction l’Angleterre donc.

Je suis parti seul ! Je me suis retrouvé dans une famille d’accueil, avec Steve et Elaine Greenfield. Leurs enfants étaient plus âgés, mais ils me considéraient comme leur fils. C’étaient des fans d’Arsenal. J’étais là tous les week-ends avec eux. Mais j’ai appris l’anglais, je me suis vite adapté, notamment à la nourriture. J’ai mangé comme eux. Le matin, je mangeais du pain grillé, des œufs brouillés et des haricots rouges. Aujourd’hui, si je vois un petit-déjeuner anglais à l’hôtel, je peux le prendre. (Rires.)

Côté football, comment ça se passe ?

La première année, j’étais avec les U18. Deuxième année avec les U23, et parfois j’alternais avec une formation professionnelle. Il y avait Reiss Nelson, Donyell Malen, Ismaël Bennacer, Eddie Nketiah, Joe Willock, Stephy Mavididi, Josh Da Silva, Jeff (Reine-Adélaïde) Bien sûr. Bon, il était tout le temps avec les pros, il avait sa place dans le vestiaire. Il était au-dessus de tout le monde parmi les jeunes, meilleur que moi. (Rires.) C’était facile pour lui.

Francis Coquelin, Mathieu Debuchy et Olivier Giroud me demandaient souvent si j’avais besoin de quelque chose.

A cette époque-là, en plus, il y avait de nombreux Français au club, dont un certain Arsène Wenger.

Je parlais souvent avec lui. Quand c’était un peu plus dur pour moi, il est venu me voir. C’était une chance qu’il y ait autant de Français. Yaya Sanogo, je lui parle encore souvent. Il m’a pris sous son aile à l’époque. Francis Coquelin, Mathieu Debuchy et Olivier Giroud me demandaient souvent si j’avais besoin de quelque chose. Rendez-vous au centre de formation.

Vous avez connu Arsène Wenger entraîneur, mais aussi Thierry Henry chez les U18.

Je l’appelle “ le vieil homme ». (Rires.) C’était important. Il m’appelait souvent. C’était bien. Il obtenait ses diplômes d’entraîneur à mon époque. Il a vu que je venais de Paris, que j’étais français. Il s’est vu en moi. Il disait vrai, comment bien se positionner par rapport à son adversaire. C’est M. Thierry Henry, vous ne pouvez qu’écouter. Je ne l’ai plus revu. Maintenant, il est loin de Robert-Diochon, je pense. (Rires.) J’ai vu qu’il avait parlé de moi récemment, ça m’a fait plaisir !

Quel est votre meilleur souvenir parmi les Artilleurs ?

Quand on part en tournée en Afrique du Sud, avec les jeunes. Je n’avais jamais voyagé aussi loin. On gagne le tournoi, je termine meilleur joueur, homme du match. C’était contre le PSV Eindhoven, la finale. Je me suis dit que j’avais commencé fort. (Rires.) Le contexte était magnifique.

Finalement, vous n’avez jamais joué professionnellement là-bas et vous avez rebondi à Sion en Suisse. Pourquoi ce choix ?

Arsenal voulait prolonger mon contrat et m’a fait une offre de quatre ans supplémentaires. Je voulais revenir en France, jouer professionnellement. Des clubs étaient intéressés, comme Nantes ou Lille, mais les choses n’avançaient pas. J’ai donc signé à Sion. Le seul point positif c’est que j’y ai rencontré ma femme. Le président était super sympa, mais un peu fou. Il y a des choses qui m’étaient promises… Il contrôlait tout. Quand il avait une idée, il ne la laissait pas passer. Ce sont les gens autour de lui qui ne l’aimaient pas. A cette époque, j’étais jeune, encore en développement. Ma première année, j’avais quatre entraîneurs. Pour la progression, c’est difficile. J’ai demandé à partir. Je voulais y aller, ils m’ont envoyé ici. Ils m’ont mis dans un loft. Chaque mois, il y avait un nouveau joueur dans le loft.

Ensuite, vous disposez d’une série de prêts. Angers, que vous retrouverez en Coupe de France, est votre première destination.

La Ligue 1, ça m’intéressait ! Je suis arrivé en janvier, physiquement un peu dans la rue. C’est un peu ma faute. J’ai signé le dernier jour du mercato, je n’étais pas prêt. Je dois refaire la préparation pendant un mois. Je perds du temps, c’est aussi la période du COVID. Il n’y a pas eu de matchs. J’y ai cependant rencontré de belles personnes et ce sera un plaisir de les revoir. Sinon, ça ne sert à rien d’y aller. J’ai de bons souvenirs avec eux, Melvin Zinga, Lilian Rao Lisa, Ziné (Ould Khaled)Yassine Belkhdim. Le tirage au sort, j’étais content ! Il existe un moyen de créer la surprise. J’ai toujours aimé les stades où il y a une grosse ambiance : Strasbourg, Lens, Saint-Étienne, Marseille. Cela me galvanise. J’espère que ce sera chaud contre Angers.

Quand je me suis blessé au tendon rotulien, cela a duré 14 mois ! Il n’y a pas eu de complications, mais après trois mois dans une attelle à zéro degré, nous avons réappris à plier les jambes, à marcher, à courir, il a fallu se muscler.

Le club disposait d’une option d’achat avec ce prêt. Pourquoi n’es-tu pas resté ?

Le club s’est vu interdire de recruter à cause de la DNCG. Je retourne donc à Sion. Le nouvel entraîneur ne savait même pas que j’étais prêté. Je me suis alors dit que je ne pouvais pas avoir une autre saison blanche et je suis parti à Cholet où j’ai réalisé une de mes meilleures saisons. J’ai eu un super coach : Richard Désiré. Je me suis amusé sous ses ordres. Mais je me suis blessé au tendon rotulien. J’ai été coupé en plein essor… Et en février, je suis retourné à Sion.

Comment s’est passé ce moment loin des terrains ?

Mon tendon était usé, alors il a lâché. Cela a duré 14 mois ! Il n’y a pas eu de complications, mais après trois mois dans une attelle à zéro degré, nous avons réappris à plier les jambes, à marcher, à courir, il a fallu se muscler. C’est un travail très long. Je suis allée deux fois à Clairefontaine pour me faire soigner. Ça tombe bien, on rencontre d’autres sportifs. Arthur Cazaux, notamment, qui devient un ami. Il y avait (Kévin) Monnet Paquet, deux basketteurs également. Je reviens de blessure en avril 2023. C’est David Bettoni, le coach. Il me fait rejouer directement, titulaire. Je joue les 8 matchs. Le président ne le garde pas. Un nouveau coach arrive, c’est la direction qui parle pour lui. Je n’ai pas le temps de jeu que je pense mériter à ce stade.

En Ukraine, j’ai vu les chars, les soldats. Nous avons joué un match sur deux jours. J’étais dans un bunker en plein match. Vous dormez, vous entendez un missile passer.

Direction ensuite l’Ukraine. Un choix plus que surprenant.

J’y vais pour jouer, pour avoir des matchs et des vidéos, pour que les gens voient que je peux jouer. On voyait que c’était un pays en guerre, mais il n’y avait pas de bombardements là où j’étais. Je n’ai pas vu mes enfants pendant cinq mois. J’ai dû conduire 10 heures jusqu’en Pologne pour prendre un avion. J’ai vu les chars, les soldats. Nous avons joué un match sur deux jours. J’étais dans un bunker en plein match. Vous dormez, vous entendez un missile passer. C’est une expérience. Nous avons gagné contre le Shakhtar et nous sommes qualifiés pour la Conference League. Sans la guerre, je serais resté.

Finalement, l’aventure suisse s’est terminée l’été dernier et vous avez réussi à rentrer en France.

C’est arrivé vite avec Quevilly-Rouen-Métropole. J’ai eu d’autres offres, en Turquie, en Roumanie, en Serbie, en Azerbaïdjan, mais, comme je revenais de l’étranger, j’avais besoin de retrouver mes enfants. (Inaïa, 4 ans, et Kaïs, presque 2 ans). Je les ai manqués. Maintenant, je dois jouer une série de matches et faire une saison complète. Cela reviendra. Nous allons essayer de suivre et nous ne sommes pas très loin des leaders. Il faut au moins aller en play-offs.

Nous n’en avons pas encore parlé, mais vous venez d’Haïti. Jouer chez les Grenadiers, ça vous tenterait ?

J’en ai la possibilité. Le coach m’a déjà appelé pour m’expliquer le projet. Je peux aussi choisir l’Algérie, grâce à ma mère. Je n’ai pas encore fait mon choix. Ce n’est pas le moment, même si les joueurs ont déjà essayé de me convaincre. (Sourire.)

Enfin, dernière question, avez-vous un regret dans votre carrière, même si vous êtes encore jeune ?

J’ai vécu tellement de choses qu’on dirait que j’ai 30 ans. Le seul regret que j’ai, c’est en 2018, en janvier. Je dois signer à la Juventus. Tout allait bien et c’est resté. Arsenal ne voulait pas me laisser partir, je pense. J’étais dégoûté. Là, ça ne me dérangeait pas d’y aller avec les jeunes, c’est la Juve après tout. (Rires.) Il y avait un plan qui avait été fait. Je commençais déjà à utiliser Duolingo, une application de traduction. (Il rit.)

 
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