Un mois plus tôt, les 17 et 18 novembre, deux câbles de télécommunications avaient déjà été coupés dans les eaux suédoises de la Baltique, vraisemblablement par un vraquier battant pavillon chinois, le Yi Peng 3, dont les autorités suédoises n’avaient pas autorisé l’inspection par Pékin. “Des choses étranges continuent de se produire dans la mer Baltique“, a reconnu dimanche le Premier ministre suédois Ulf Kristersson. “Des intentions hostiles ne peuvent être exclues« . Surtout depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en 2022, une soixantaine de cas litigieux ont été enregistrés dans ces eaux.
Commune de missions
“Nous ne sommes pas en guerre, mais nous ne sommes pas en paix non plus“, a ajouté M. Kristersson dimanche soir, avant d’annoncer l’envoi de trois navires de guerre et d’un avion suédois pour surveiller les infrastructures stratégiques de Stockholm dans la Baltique. “Nous et nos voisins sommes soumis à des attaques hybrides qui ne sont pas menées avec des missiles ou des soldats, mais avec des ordinateurs, de l’argent, de la désinformation et des menaces de sabotage.« .
Quelques heures plus tard, le Néerlandais Mark Rutte, nouveau secrétaire général de l’Otan, appelait les membres de l’Alliance à «être plus résilient face à de telles actions hostiles“et à”montrer clairement qu’ils ne resteront pas sans réponse« . L’OTAN avait déjà annoncé qu’elle renforcerait sa présence militaire et fournirait deux navires pour assurer la sécurité des infrastructures sous-marines et traquer les navires fantômes. Ce mardi, l’Allemagne a déclaré qu’elle enverrait également une partie de sa flotte et la Lituanie qu’elle prendrait des mesures de protection.
Les huit Etats membres de l’Alliance de la mer Baltique (Danemark, Allemagne, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Finlande et Suède) se sont ensuite réunis à Helsinki, en présence de M. Rutte et du vice-président. Le président exécutif de la Commission européenne chargé de la sécurité, Henna Virkkunen, pour achever la formation d’une mission de patrouille conjointe. “Je ne vais pas entrer dans les détails sur le nombre exact de navires“, a déclaré le secrétaire général de l’Otan à l’issue de la réunion, avant d’indiquer qu’un ensemble de navires, d’avions et une petite flotte de drones seraient déployés.”pour une durée indéterminée« .
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Moins d’opacité, plus de risques
“Les menaces hybrides opèrent par nature dans l’obscurité», analyse Maxime Lebrun, analyste au Centre européen de lutte contre les menaces hybrides, basé à Helsinki. “Tout l’enjeu est donc de rendre ces opérations plus transparentes : contrôler la situation avec des navires et des capteurs, suivre le trafic maritime autour des infrastructures sous-marines, voir ce qui s’y passe et agir. Si les autorités finlandaises n’avaient pas été physiquement présentes, elles n’auraient pas pu intervenir aussi rapidement, monter à bord du navire et porter l’affaire devant la justice.« . “Le message envoyé par l’OTAN et les pays riverains de la mer Baltique est politique», ajoute-t-il. “Il s’agit de dire aux instigateurs que ce type d’action ne sera pas sans conséquences et qu’il sera de plus en plus difficile de mener à bien sans se faire prendre.»
En l’absence de flagrant délit, la question de la preuve reste complexe. Dans sa communication, la Suède s’est bien gardée d’accuser qui que ce soit du sabotage de ses deux câbles en novembre dernier. “Il peut y avoir des incidents», estime Maxime Lebrun. “Parfois, les câbles fonctionnent mal. Mais il est évidemment inquiétant que ces incidents se multiplient dans le contexte de la guerre en Ukraine et dans les eaux de la Suède et de la Finlande, qui viennent toutes deux d’adhérer à l’OTAN. Outre la volonté de jouer sur la peur, la menace et l’anxiété, on y voit un message.»
« Il ne faut cependant pas surestimer la capacité de la Russie à attaquer systématiquement les infrastructures sous-marines.», poursuit le chercheur du Centre européen de lutte contre les menaces hybrides. “Ce type d’opération est risqué, long et coûteux. On ne peut donc que saluer les mesures de surveillance adoptées.» ce qui ne fera qu’augmenter les risques pour les équipages mal intentionnés.
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