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Corée du Sud. Après le coup d’État, le président Yoon tente d’échapper à la destitution

Vendredi 3 janvier, des agents du Bureau de la corruption (CIO) ont tenté d’arrêter le président Yoon Suk-Yeol, qui faisait l’objet d’une enquête pour rébellion suite à sa tentative de coup d’État dans la nuit du 3 janvier. Cependant, 200 membres des gardes du corps du président Yoon, composés de soldats et d’agents de sécurité, les ont arrêtés à l’intérieur de la villa. Pendant ce temps, des centaines de militants pro-Yoon ont soutenu le président lors de la tentative d’arrestation avortée, qui a duré six heures. Le KCTU, le syndicat coréen, a également appelé à un rassemblement pour obtenir l’arrestation de Yoon. Depuis plus d’une semaine, manifestants pro et anti-Yoon s’affrontent devant la résidence du président déchu.

Bien que la motion de destitution ait été adoptée par l’Assemblée nationale 11 jours après l’échec de la tentative de coup d’État, elle n’a pas encore été rendue effective par le vote de la Cour constitutionnelle. En effet, les deux tiers des voix de la Cour étant nécessaires pour rendre effective la révocation, puisque seulement 6 des 9 postes sont occupés un vote unanime de tous les membres est requis.

Prétextant une menace pour sa sécurité, Yoon ne s’est pas présenté à la première séance du procès en destitution qui devait se tenir ce mardi 14 janvier. La résistance de Yoon au processus judiciaire ainsi que le bras de fer entre le Parti populaire (PP) de Yoon et le L’opposition démocrate (qui a voté le 26 décembre la destitution du président par intérim Han Duck-soo et a maintenu son refus de nommer les trois juges proposés par le parti d’opposition) renforce l’instabilité du régime, tandis que Yoon mobilise sa base électorale autour d’une rhétorique anti-institutionnelle pour capitaliser sur le rejet important par la population de la corruption de la classe politique coréenne.

Ainsi, comme l’analyse Joonseok, militant de March To Socialism (MTS) : « Bien que Yoon ait été destitué par le Parlement, le mouvement de masse a joué un rôle crucial dans l’annulation de la loi martiale, permettant au Parlement de lever la loi martiale deux heures après sa déclaration. Soutenue par les milliers de travailleurs et d’habitants rassemblés devant l’Assemblée et à travers le pays, la motion a été largement acclamée. Depuis le 7 décembre, les rassemblements ont été la force décisive qui a permis l’adoption de la motion de destitution au Parlement et restent l’information la plus cruciale dans le cours des événements.

Le rôle de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) a jusqu’à présent été contradictoire et très limité par rapport à son véritable potentiel. La grève générale annoncée dans la nuit du 4 décembre a été en réalité peu fréquentée, mais elle s’est accélérée dans les jours suivants, avec en moyenne entre 50 000 et 100 000 grévistes, principalement dans les secteurs métallurgiques et industriels. chemin de fer. Dans les manifestations, la Confédération joue un rôle de premier plan, notamment en faisant forte impression auprès des travailleurs non syndiqués, par sa capacité à résister à la répression policière et à organiser les rassemblements. Cependant, la Confédération est loin de déployer tout son potentiel et de préparer une véritable grève qui pourrait conduire à un soulèvement de masse. Mais ce point n’est pas à l’ordre du jour des réunions de la direction de la Confédération ni des militants de sa base.»

La radicalisation de la mobilisation par la base est d’autant plus urgente que la tentative de coup d’État de Yoon a ravivé le spectre d’une dictature militaire qui n’avait jamais vraiment quitté le paysage politique coréen. Les centaines de manifestants pro-Yoon composés d’évangélistes et d’influenceurs d’extrême droite rassemblés depuis plusieurs jours devant la maison du dictateur défaillant sont l’expression la plus avancée d’une frange radicalisée vers l’extrême droite alors que l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche risque de compliquer les relations politiques et économiques déjà précaires que la Corée du Sud entretient avec la Corée du Nord et la Chine.

L’avenir de la Corée du Sud reste donc incertain et dépend de la capacité des secteurs avancés des travailleurs coréens, concentrés dans les secteurs métallurgique et ferroviaire, à imposer à la Confédération coréenne des syndicats une grève générale politique pour le licenciement et le procès de Yoon et ses complices.

 
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