Capturer l’Assemblée nationale
François Bayrou lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, mardi 17 décembre.
ELOQUENCE – Ce mardi 14 janvier, François Bayrou se présentera devant les députés pour sa déclaration de politique générale. Une performance risquée pour le Premier ministre, alors qu’aucune majorité ne se dégage à l’Assemblée nationale, et qu’une nouvelle censure précipiterait son départ de Matignon.
Nécessitant sang-froid et talent oratoire, les discours de politique générale ont toujours été un exercice délicat pour les chefs de gouvernement. C’est d’autant plus vrai pour François Bayrou que, depuis de nombreuses années, il souffrait de bégaiement, un trouble de la parole qui affecte la fluidité de la parole.
bégaiement, “un essai” for François Bayrou
Souvent ouvert à évoquer son bégaiement dans les médias, le nouveau locataire de Matignon a déjà évoqué les souffrances que celui-ci lui causait lorsqu’il était encore enfant. En 2011, il a déclaré au JDD s’être mis « bégayer à sept-huit ans ». “Avant, à l’école, on m’appelait l’orateur parce que je voulais parler”a expliqué François Bayrou à l’occasion de la sortie en salles du film Le discours d’un roiqui raconte le combat de futur roi George VI à surmonter son bégaiement. « Le film le montre très bien, ce n’est pas un handicap physique, c’est un blocage interne. Il faut à la fois apprivoiser l’expression, le langage, la parole et se construire intérieurement »a expliqué le maire de Pau.
Ce blocage lui a valu de nombreuses moqueries de la part de ses camarades de classe, ce qui l’a durablement marqué. “Les garçons l’appelaient Shakes… Parce qu’il ne pouvait pas dire Shakespeare”signalé en 2007 à parisien un ancien camarade de classe. « Son bégaiement attirait les moqueries et les sarcasmes. Mais il était vraiment courageux. »
“On ne s’en sort jamais vraiment”avouait François Bayrou en 2014 dans la préface du livre de l’ancien bègue William Chiflet, Soyez bègue et taisez-vous. « Sortir de ce confinement et penser à ceux qui n’y échappent pas est naturellement très significatif dans la vie. C’est un sentiment tellement injuste d’avoir des flots de mots qui vous viennent à l’esprit et que vous ne pouvez pas les faire ressortir. Bien sûr, c’est un test », a-t-il encore admis Journal du dimanche trois ans plus tôt.
Le théâtre comme thérapie
Une épreuve d’autant plus éprouvante qu’il a fallu beaucoup de temps à François Bayrou pour réussir à la surmonter. Il raconte ainsi au JDD étant allée voir un orthophoniste étant adolescente. « Quand j’ai quitté son bureau, je ne bégayais plus, ma famille était ravie. Puis c’est revenu, quelques semaines plus tard. Il faut accepter de vivre avec son histoire. »
Malgré ce trouble qu’il qualifie de “fissure”le président du MoDem réussit brillamment ses études. Etudiant en lettres, il obtient son agrégation de lettres classiques en 1974. Parallèlement, il entre au conservatoire d’art dramatique de Bordeaux. C’est dans ce contexte qu’il découvre le théâtre, une révélation selon lui qui l’aidera à surmonter son trouble d’élocution. « Mon professeur du Conservatoire avait appelé le plus grand psychanalyste du Sud-Ouest pour me fixer un rendez-vous. Il m’a fait écouter la conversation : «Quel âge a-t-il? – 19 ans». Réponse du psychanalyste : «C’est foutu. Il ne pourra jamais faire de théâtre, ne sera jamais enseignant et ne fera jamais de politique.». Eh bien, j’ai fait les trois ! »
Même sans son bégaiement, François Bayrou aime rappeler qu’il a dû endurer les critiques et les préjugés, notamment de la part de ses adversaires, lors de son entrée en politique. Toujours lors de cet entretien accordé à JDD en 2011, il raconte comment ses adversaires ont fait campagne contre lui en déclarant qu’il ne le ferait pas “je ne pouvais pas parler”. « Mitterrand m’en parlait souvent, je pense que c’était quelque chose qu’il avait rencontré. Tout cela est une véritable aventure humaine qui pèse sur nos épaules. Cela vous entraîne et vous rend plus déterminé, plus attentif aux autres. »
Un discours qui n’est pas sans rappeler celui d’un autre homme politique et ancien bègue : Joe Biden. Moqué par l’ancienne porte-parole de Donald Trump, Sarah Huckabee Sanders, pour sa diction “haché” et “hésitant”le président américain sortant en a fait un argument lors de la campagne présidentielle de 2020, arguant qu’il avait « a travaillé toute sa vie pour vaincre le bégaiement » et qu’il était « fier d’inspirer les enfants qui traversent cette épreuve. Cela s’appelle de l’empathie.. En mars 2024, alors qu’il faisait campagne pour sa réélection dans le Wisconsin, Joe Biden évoquait une nouvelle fois les troubles dont il souffrait durant son enfance en invitant à son rendez-vous un garçon de neuf ans qui lui avait écrit pour lui parler de son bégaiement. .
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Selon l’association Parole Bégaiement, environ 1% de la population bégaie, soit, en France, plus de 600 000 personnes.
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