François Bayrou ne prononcera pas le mot « suspension » de la réforme des retraites

François Bayrou doit faire sa déclaration de politique générale sur le budget en même temps que sur les retraites, ce mardi. Ce discours fait l’objet d’intenses négociations avec la gauche notamment, pour tenter d’éviter la censure.

Suspension, gel ou pause ? Le Premier ministre François Bayrou ne prononcera pas le mot «suspension” pour la réforme des retraites, lors de sa déclaration de politique générale, mardi 14 janvier, a appris le service politique franceinfo de sources concordantes. Le Premier ministre, sous le coup d’un vote de censure, l’a assuré lors du petit-déjeuner de base commune à Matignon.

« François Bayrou n’est ni un ultralibéral ni un trotskiste »assure un conseiller du pouvoir, alors que le Premier ministre a complètement changé de cap depuis la censure du gouvernement Barnier, avec ce virage à gauche pour négocier, jusqu’à tard hier soir, en secret, loin des micros et des caméras. Les Républicains augmentent la pression auprès de Gérard Larcher, le président du Sénat, et de Laurent Wauquiez, le patron de la droite républicaine. Ils estiment que toucher à la fameuse réforme de 2023 serait une mauvaise idée.

François Bayrou doit donc trouver un équilibre pour à la fois satisfaire tout le monde et ne cibler personne dans un contexte politique explosif. Sa survie et celle de son gouvernement sont en jeu. Selon plusieurs sources, il y aura «pas d’abrogation ni de suspension», lors de sa déclaration, malgré les revendications formulées par la gauche, notamment les socialistes. La suspension de la réforme des retraites est une demande du Parti socialiste pour ne pas censurer le gouvernement.

Son premier secrétaire, Olivier Faure, a déclaré mardi matin que son parti avait formulé un lundi soir “dernière proposition”sans en préciser la nature, et a estimé qu’un accord à ce sujet était “possible”.

L’entourage du Premier ministre n’exclut cependant pas un compromis sur la question des retraites avec la gauche, mais sous une autre forme. Selon plusieurs sources, François Bayrou souhaite organiser une conférence sociale sur trois mois dont les conclusions seront rendues avant septembre.

“François Bayrou cherche le mot juste, la bonne sémantique”a glissé un de ses conseillers. Le vocabulaire du Premier ministre, également recueil de lettres, sera en effet scruté de près lors de son traditionnel discours du nouvel arrivant à Matignon à 15 heures devant l’Assemblée nationale. Ce fameux « DPG », écrit par François Bayrou lui-même, a été précédé d’intenses négociations qui semblaient dans l’impasse lundi soir.

Il y a aussi des échanges réguliers avec l’Elysée, avec Emmanuel Macron. Le président est au courant, leurs entourages respectifs confirment des contacts quasi incessants. C’est un nouveau changement de méthode, un changement de pied par rapport au précédent Premier ministre et à la motion de censure qui visait Michel Barnier.