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Kamel Daoud s’en prend au pouvoir algérien

(Paris) L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud s’en prend au pouvoir algérien, dont il critique l’autoritarisme, et à la “presse de gauche”, qui selon lui le méconnaît, dans un entretien publié jeudi par le quotidien Le .

Aux dirigeants de l’Algérie, le romancier, lauréat du prestigieux prix Goncourt 2024 pour son roman Hourisles accuse de faire taire leurs opposants par l’intimidation.

Houris ne peut être publié en Algérie, car il tombe sous le coup d’une loi interdisant tout travail sur la décennie noire entre 1992 et 2002, qui a fait au moins 200 000 morts, selon les chiffres officiels.

« Récemment, j’ai lu quelque chose d’Albert Camus : « L’exil est nécessaire à la vérité. » On peut inverser la formule pour l’Algérie : mentir est nécessaire pour y rester », a-t-il déclaré.

Il cite l’exemple d’un écrivain anonyme qui a renoncé à adhérer au mouvement de soutien à Boualem Sansal, romancier franco-algérien détenu en Algérie depuis novembre pour atteinte à la sûreté de l’État.

« Je ne peux pas juger les autres, leurs choix. Je me souviens de cet écrivain qui voulait signer la pétition et qui m’a rappelé en me disant : “Je ne peux pas, ma femme part pour Alger dans deux heures.” Je comprends», a expliqué Kamel Daoud.

« Le régime est dur. Vous signez, vous payez immédiatement. Il y a donc de la peur », a-t-il ajouté.

Les autres cibles de l’écrivain sont « les islamistes d’abord, qui sont en train de privatiser les espaces culturels en Algérie, les maisons d’édition, les librairies, les écoles. Ces islamistes sont ravis de voir un écrivain en prison», selon M. Daoud.

Il y a enfin « la presse de gauche qui ne peut nous voir au-delà du rôle qui nous est imposé, celui d’adjuvants idéologiques ».

« Autrement dit, soit nous parlons à cette presse selon ses propres attentes, en neutralisant nos propres convictions, soit nous n’avons pas le droit de parler », explique Kamel Daoud.

L’auteur du roman Houris écrit une chronique dans l’hebdomadaire depuis 2014 Le pointoù il attaque la gauche aussi régulièrement que les islamistes, ce qui lui vaut d’être attaqué en retour.

“On me reproche de ne pas être le bon Arabe, celui qui est en permanence victime et décolonialité”, a-t-il déploré auprès du journal. Monde.

 
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