L’interdiction de la pratique du « cercle autour du poteau » constitue le dernier chapitre d’une série de mesures adoptées en 2024 pour freiner l’immigration temporaire dans le pays. Depuis, certains résidents non permanents ont déjà vu s’effondrer leur rêve de s’installer ici.
Ce que vous devez savoir
- Les résidents temporaires du Canada ne peuvent plus faire l’aller-retour jusqu’à la frontière canado-américaine pour renouveler leur permis de travail ou d’études – une pratique communément appelée « contourner la poste » – depuis le 24 décembre.
- Ils devront désormais tous introduire leur demande en ligne, mais les délais de réponse peuvent s’étendre jusqu’à 170 jours.
- Cette nouvelle règle s’ajoute aux nombreuses mesures adoptées en 2024, tant au Canada qu’au Québec, qui visent à réduire l’immigration non permanente.
Jusqu’à mardi, il était tout à fait légal d’obtenir un permis de travail en faisant des allers-retours jusqu’à la frontière. L’avantage de cette pratique, qui est même recommandée par les avocats spécialisés en droit de l’immigration dans certains cas ? Réalisez en une journée ce qui aurait pu prendre, en ligne… six mois.
“Nous n’avons aucun regret, nous sommes très heureux d’avoir pu y aller l’année dernière”, a déclaré Mathilde Richebé, résidente temporaire du Canada. La presse.
M.moi Richebé est actuellement enseignante au primaire à Montréal-Nord. D’origine française, elle et son compagnon ont renouvelé leur permis de travail en faisant le tour de la poste en novembre 2023. Le couple souhaitait entreprendre des démarches pour obtenir la résidence permanente cette année, mais a décidé de le faire beaucoup plus tôt que prévu.
Nous avons trop peur que le gouvernement réduise davantage l’accès à l’immigration ; nous sommes parmi les derniers à pouvoir demander à rester au Canada.
Mathilde Richebé, temporary resident of Canada
En 2024, le gouvernement canadien a multiplié les mesures pour réduire l’immigration non permanente sur son territoire.
Quotas de permis d’études, plafonnement du nombre de travailleurs étrangers temporaires, meilleur contrôle des demandeurs d’asile : d’ici 2026, l’objectif d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada est d’augmenter la proportion de résidents temporaires au pays de 6,5 % à 5 % de la population .
Déjà, des clients ont fait part de leur inquiétude de ne plus pouvoir recourir à cette pratique, a indiqué M.e Marc-Alexis Laroche, avocat spécialisé en droit de l’immigration.
Cela faisait déjà quelques mois qu’il ne le recommandait plus.
Nous avons remarqué qu’au cours des six derniers mois peut-être, la pratique est devenue beaucoup plus stricte à la frontière.
M.e Marc-Alexis Laroche, avocat spécialisé en droit de l’immigration
Depuis juillet dernier, il n’est plus possible de se présenter aux services de l’immigration à la frontière sans rendez-vous pour renouveler son permis de travail ou d’études.
Selon l’Agence des services frontaliers du Canada, un total de 31 419 demandes ont été faites par tour de poste en 2022. Entre 1est Entre avril 2023 et 31 mars 2024, ce nombre avait plus que doublé pour atteindre 69 300 demandes.
« Il y a beaucoup de gens qui vont devoir revenir, même si c’est tout un projet de vie. Nous sommes arrivés ici, nous avions tout donné, nous avons tout payé ; tout l’argent qu’on avait collecté en France, on l’y mettait”, a déploré M.moi Richebé.
Quitter le pays du jour au lendemain
D’après M.e Laroche, l’impact de cette nouvelle mesure serait minime si les délais de traitement en ligne étaient raisonnables, soit 30 à 45 jours. Cela laisse plus de temps au résident temporaire, en cas de refus, pour réclamer sa période de vacances auprès de son employeur ou planifier son déménagement.
Manon Nyer, une autre résidente temporaire du pays, l’a appris à ses dépens. En juin dernier, lors de leur tournée de poste, elle et son mari se sont heurtés à des quotas déjà remplis pour la journée aux services de l’immigration à la frontière.
Ils ont finalement rempli une demande en ligne. Mais ce n’est que le 7 décembre que son mari reçoit sa réponse… un refus. Le couple devra donc quitter le pays et rentrer en France en janvier.
«En faisant cela, ils mettent leurs propres concitoyens canadiens dans une situation difficile», a déclaré M.moi Nyer, qui dit devoir trouver dans des délais très courts un sous-locataire pour son logement, dont le bail se termine en juin.
« Après l’avoir su, nous serions partis [plus tôt] », a-t-elle ajouté, évoquant les économies d’argent, de temps et d’énergie dont ils auraient pu bénéficier.
D’après M.e Laroche, d’autres mesures adoptées par le gouvernement du Québec auront des répercussions importantes. Notamment, la suspension du Programme des travailleurs étrangers temporaires pour les emplois offrant un salaire inférieur à 57 000 $ dans la région de Montréal aura des conséquences pour de nombreuses entreprises.
Related News :