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Le 26 décembre 2004, le jour où tout a basculé pour l’Enclusien Luc Cousaert

L’Enclusien a déjà raconté son histoire des dizaines et des dizaines de fois. Pourtant, après le chaos, ses souvenirs sont confus. “L’instinct de survie ? Honnêtement, tout va très vite. J’ai pris les escaliers pour me réfugier partout où je pouvais dans l’hôtel, je suis entré dans une chambre et j’ai été projeté par l’eau. J’ai vu la mort.

Luc arrête son récit et sort l’article d’un quotidien danois, sobrement intitulé : « Merci d’être en vie ». La Gazette rapporte le sauvetage du Belge par deux jeunes Danois âgés de 17 et 23 ans, Lucas et Mark Undal. Les Danois se trouvaient au 3ème étage d’un hôtel voisin le jour de la catastrophe. “Après le deuxième raz-de-marée, nous avons entendu quelqu’un appeler à l’aide. Nous ne l’avons pas trouvé, mais j’ai vu un homme pendu à un palmier derrière notre hôtel.« , a déclaré Mark à l’époque.

Hospitalisé à Renaix, Luc Cousaert est revenu sur le sol belge quatre jours après la catastrophe. Notre journal l’a rencontré dans sa chambre d’hôpital le 31 décembre 2004. ©EDA

Le Danois se jette à l’eau. Il s’apprête à sauver Luc, grièvement blessé à la tête, au dos et à la jambe. “Quand j’ai atteint le palmier, ses yeux étaient révulsés. Si ce n’était pas moi qui l’avais sauvé, quelqu’un d’autre l’aurait fait.

Vingt ans plus tard, l’Enclusien répond : «Je ne pense pas. C’est pourquoi Lucas et Mark sont mes héros. Ma femme et mon fils, qui avaient séjourné à l’hôtel, pensaient que j’étais mort. C’est grâce à mes deux sauveurs que j’ai pu les retrouver et les tenir dans mes bras.

Lorsque le tsunami a frappé la côte thaïlandaise, il a semé la mort et le chaos. Luc se retrouve à 300 mètres de son hôtel, au milieu d’immeubles effondrés, de murs et d’objets emportés par la force inimaginable de l’Océan. “Je ne sais plus comment je me suis accroché à ce palmier», concède Luc.

Fils cadet du couple Cousaert, Olivier recherche frénétiquement son père après le passage de l’immense vague. “Il fouillait les corps, c’est terrible à dire», insiste Luc. Il le retrouvera vivant, mais très grièvement blessé. L’Enclusien est alors évacué”éventuellement en moto» a-t-il déclaré avant d’être opéré, dans des conditions précaires, par un octogénaire thaïlandais. Il a été emmené à Phuket où un médecin belge a craint pour le bas de son corps. “Ma tête allait mieux. Ma jambe ? Cela ne devrait pas avoir d’importance majeure mais le personnel médical parvient à la sauver. Ensuite, j’ai été rapatrié en Belgique et hospitalisé à Renaix. Ma fièvre baisse et mes forces reviennent petit à petit.», se souvient Luc.

L’homme est un miracle, de ceux qui n’ont d’autre séquelle qu’une cicatrice. “J’ai peu de souvenirs du moment critique et c’est probablement pour le mieux. J’ai sauté ce moment traumatisant de ma vie. J’ai la chance d’être toujours là, 20 ans plus tard. Evidemment je vois le verre à moitié plein et je profite de chaque instant. C’est ce qui me permet de ne pas me sentir coupable d’être encore là alors que tant d’autres ont péri.», confie notre interlocuteur.

Le tsunami a tout changé, non pas physiquement, mais dans l’esprit. “Avant la Thaïlande, je travaillais 13 à 14 heures par jour, la tête sur le guidon. Je n’ai jamais eu besoin de thérapie après la catastrophe. Quand je suis revenu au magasin, j’étais en fauteuil roulant. J’ai souvent raconté ma vision du 26 décembre 2004, mais je n’ai jamais regardé le célèbre film (L’Impossible) ni entretenu ce souvenir. J’ai plusieurs bonnes étoiles. Il y a Lucas et Mark, évidemment. Mais aussi toutes les personnes qui se sont occupées de moi. C’était moralement épuisant de se sentir faible, mais j’avais la volonté de me battre et de marcher à nouveau.

Deux décennies se sont écoulées. Luc avoue que depuis 2004, il sait «distinguer l’essentiel du futile, de l’accessoire. Il faut apprécier les choses simples. Parce qu’un jour, dans votre vie, les choses simples deviennent essentielles. C’est ce que cette catastrophe m’a appris.

On lui laisse évidemment le dernier mot. “Quel était le titre de l’article du journal danois ? Merci d’être en vie ? C’est ça. Merci d’être en vie. Le reste est secondaire.

 
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