Certains ont assuré qu’il était devenu plus sage et plus calme, qu’il en avait fini avec les plaisanteries et les piques libres qui avaient marqué ses premières années à l’Elysée. Mais maintenant, c’est reparti. Hué et critiqué hier lors de sa visite de deux jours à Mayotte, l’archipel français de l’océan Indien dévasté par l’ouragan Chido, Emmanuel Macron a répondu à un groupe d’opposants avec des tons et des propos qui risquent de fragiliser encore davantage son image déjà écornée. “Si ce n’était pas la France, vous seriez 10 000 fois plus dans la merde !”, a lâché le président dans un échange houleux avec les auteurs de la manifestation aux cris de “Macron démission”.
“J’avais devant moi des gens du Rassemblement National qui insultaient la France, qui disaient qu’on ne faisait rien pour Mayotte”, s’est défendu le patron de l’Elysée dans la soirée aux micros de Mayotte 1ère et de Kwezi Tv. “C’est justement parce que Mayotte, c’est la France, que quand on l’insulte, le président se met en colère”, a souligné Macron. Dans le tollé qui fait rage sur les réseaux sociaux, le président en chemise invite ses détracteurs à ne pas monter les gens les uns contre les autres. « Si vous vous opposez aux gens – prévient-il avec un lexique qui n’est pas strictement présidentiel – nous sommes foutus ». Et encore : « Tu n’es pas content d’être en France ? Si ce n’était pas la France, tu serais 10 000 fois plus dans la merde ! Il n’y a pas un seul endroit dans l’océan Indien où les gens sont autant aidés » que Mayotte, a-t-il répété Macron dans la brève dispute qui a déclenché polémiques et protestations au Parlement à Paris. A commencer par la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon et le Rassemblement National de Marine Le Pen.
Clé de voûte
Dévastation à Mayotte
Les réactions
“Message à ceux qui estiment que Macron ne doit pas démissionner : qui imagine que tout cela soit possible dans 30 mois encore ?”, s’est insurgé le député LFI Eric Coquerel en référence à l’expiration du mandat présidentiel en 2027 ; tandis que son collègue du RN, Christophe Bentz, a dénoncé le « mépris » du chef de l’Elysée envers « ces Français qui souffrent d’une catastrophe naturelle ». Comme si cela ne suffisait pas, aux poisons de Mayotte s’ajoutent ceux suscités par les indiscrétions publiées par Le Monde. Selon le journal, Macron aurait utilisé en privé des épithètes peu gratifiantes contre les Noirs, les Arabes et les homosexuels. Une nouvelle catégoriquement démentie par l’Elysée, mais qui a suffi à susciter l’ire de la gauche à Paris, avec des accusations de racisme, de sexisme et d’homophobie.
Les précédents
Parmi les sorties présumées polémiques de Macron, un échange qu’il a eu en 2023 avec le ministre de la Santé de l’époque Aurélien Rousseau sur les difficultés du système de santé national. « Le problème des urgences dans ce pays, c’est qu’elles sont pleines de Mamadou », aurait dit le président, ciblant ainsi les médecins à la peau noire et aux blouses blanches. Autre phrase choc présumée, en 2019, lorsqu’il utilisait le terme « rabzous » pour désigner les Français d’origine maghrébine. « Ces propos racistes du président de la République, repris par le journal Le Monde, sont une insulte à la République. C’est une honte absolue. J’espère qu’il s’en ira”, a tonné le coordinateur de La France Insoumise, Manuel Bompard, tandis que le communiste Ian Brossat a pointé du doigt des “déclarations sans doute racistes”.
Quant aux homosexuels, le président les aurait rebaptisés « petits pédés » ou « Grande Tarlouzes ». Par ailleurs, toujours selon Le Monde, à l’Elysée il était d’usage de désigner le Palazzo Matignon, siège du premier ministre à Paris, comme « La cage aux folles » à l’époque où le propriétaire était le premier ministre ouvertement homosexuel Gabriel Attal. . Le démenti du palais présidentiel a été sans détour : « Il est surprenant que certains propos clairement empruntés à des opposants politiques soient présentés comme des faits », a déploré une source proche du chef de l’Etat. Mais maintenant l’omelette était prête
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