La menace de Trump est de retour dans l’air ! Le 6 novembre 2024, la victoire du candidat républicain jette une ombre parmi les acteurs engagés en faveur du développement durable. Sur le papier, les annonces du candidat n’augurent rien de bon pour les questions ESG. Le mouvement anti-ESG, déjà dynamique aux États-Unis lors de son premier mandat, pourrait-il se renforcer davantage ? Examinons plus en détail les risques sociaux et environnementaux possibles du nouveau mandat.
APERÇU DES MENACES
« Drill, baby, drill », le mantra de campagne du candidat républicain, est assez explicite quant à ses ambitions en matière de lutte contre le changement climatique. Les promesses sont nombreuses : rouvrir les robinets de pétrole, dans l’espoir d’obtenir une énergie moins chère, et remettre en question les réglementations environnementales mises en place sous l’ère Biden afin de libérer les entreprises. A l’échelle internationale, Donald Trump menace également de se retirer à nouveau de l’Accord de Paris et même d’aller plus loin, en abandonnant la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) au risque de détruire l’objectif collectif de 1,5°C. Selon Carbon Brief, les politiques envisagées pourraient conduire à une augmentation des émissions de 4 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2030, soit plus que les émissions annuelles de l’Union européenne.
UNE MENACE QUI PEUT NE PAS ÊTRE SI FACILE À METTRE EN ŒUVRE
L’aisance de Trump lui suffira-t-elle pour mener à bien son plan ? Son projet de démanteler l’IRA, par exemple, se heurtera à une résistance considérable au sein de son propre camp. En effet, 80 % des investissements parrainés par l’IRA ont bénéficié à certains États républicains, comme le Texas qui a reçu d’importantes subventions qui lui ont permis d’être à l’avant-garde des énergies renouvelables et de la création de nombreux emplois dans le secteur. . Diverses dispositions environnementales menacées au sein de cette loi renforcent par ailleurs la compétitivité de l’industrie américaine, notamment vis-à-vis de la Chine, en soutien au slogan « America First » si cher aux Républicains. Enfin, sur le plan social, les déclarations du futur président sur l’expulsion de 10 à 12 millions de travailleurs sans papiers vers leurs pays d’origine auront sans aucun doute un impact négatif sur l’inflation et la croissance économique.
VERRE À MOITIÉ PLEIN OU À MOITIÉ VIDE ?
Ce tableau contrasté nous amène-t-il à voir le verre à moitié vide ou à moitié plein ? A ce stade, le bilan défavorable des annonces ne suscite pas d’enthousiasme et a même créé une volatilité excessive sur les actifs considérés comme « verts ». Comme le démontrent les mesures effectivement prises lors du mandat précédent, la mise en œuvre des slogans provocateurs du futur président s’accompagne souvent de nuances. On peut cependant craindre un effet de contagion sur d’autres pays, moins réticents à revoir leurs engagements à la baisse face au climato-scepticisme ambiant.
A l’heure où de nombreux investisseurs craignent un recul des économies européennes face aux Etats-Unis et à la Chine, n’est-ce pas peut-être l’occasion pour l’Europe d’affirmer son leadership dans ces domaines fondamentaux pour l’avenir de notre planète… et de nos économies ? En tant qu’investisseurs responsables et engagés, nous continuons d’encourager les entreprises et les régulateurs à maintenir le cap vers des mesures ambitieuses, sous l’angle de la double matérialité.
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