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Critique : Sarah Bernhardt, La Divine

17/12/2024 – Guillaume Nicloux et Sandrine Kiberlain immortalisent une figure mondialement connue de la scène théâtrale de la fin du XXe siècle dans un biopic d’auteur hybride et insolite

Cet article est disponible en anglais.

« Depuis 29 ans, je transmets au public les vibrations de mon âme, les battements de mon cœur et mes larmes. J’ai joué 112 rôles. Je me suis battu comme personne d’autre. Avec une figure historique et artistique aussi immense que la Divine Sarah Bernhardt, actrice célèbre dans le monde entier à son époque et dont les obsèques virent affluer 600 000 personnes à Paris en 1923, réalisateur chevronné Guillaume Nicloux se lançait sans aucun doute dans une entreprise aux enjeux élevés lorsqu’il a fait La divine Sarah Bernhardt. C’est d’ailleurs assez étonnant, sur le papier, de voir un cinéaste aussi singulier se lancer dans l’aventure du biopic, genre majoritairement assumé par les visages habituels. Mais il semble que le réalisateur n’ait renoncé à aucune de ses passions étranges et incroyablement personnelles. En fait, il a extrait du scénario un film d’une audace impressionnante (écrit par Nathalie Leuthreau), parfois à la limite déconcertante, que Memento Distribution sort dans les salles françaises le 18 décembre. C’est une œuvre dont on pourrait dire, selon les mots de la protagoniste elle-même, « si nous ne disons pas la vérité, nous devons mentir avec la plus grande sincérité », car « la vérité n’existe que dans le présent, pour ainsi dire ». c’est fondamentalement mentir, tu ne penses pas ?

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Ce rapport élastique et plastique entre vérité et mensonge est naturellement l’apanage de grands acteurs de théâtre, comme Sarah Bernhardt (Sandrine Kiberlain), que le film révèle jouer l’agonie dans La dame aux Camélias sur la scène du Théâtre de la Renaissance. « Vous introduisez la vérité dans tous vos gestes, et dans votre voix des sanglots si dévorants que les larmes coulent vraiment sur vos joues », s’enthousiasme l’un de ses nombreux amants, Edmond Rostand (même si les amantes ne manquent pas). soit, comme Louise, jouée par Amira Casar), à l’occasion du sacre de l’actrice en 1896. « Un jour qui était censé être heureux, mais qui s’est avéré le plus affreux, celui où j’ai perdu l’amour de ma vie », expliquera Sarah bien des années plus tard, en 1915, au jeune Sacha Guitry, depuis un lit d’hôpital alors qu’elle se remet d’une amputation d’une jambe. Car cette amazonienne indomptable, entourée de son peuple ; ce personnage dominant, capricieux, libre et ambitieux, entièrement dédié à son art, avait aussi profondément aimé son père, le comédien Lucien Guitry (Laurent Lafitte), depuis 1886. Et avec l’amour vient la souffrance (« il faut que le cœur saigne pour que le public ressente quelque chose »).

Naviguant vertigineusement entre trois époques différentes (1915, 1896 et 1886), le film dresse le portrait d’une femme insolite, féministe et excessive (par sa générosité, sa bravade, sa finesse, son rapport à l’argent et à la gloire, son passé et son présent). souffrance, etc.), ouvrant une fenêtre intime sur la ligne fine et paroxystique entre la personne et la célébrité. Tourné au milieu de magnifiques décors (avec l’aimable autorisation de Olivier Radot) mais toujours pleinement centré sur son protagoniste, le long métrage joue avec le langage de l’émotion à une époque un peu morbide, où la souffrance de l’âme et du corps se prolonge par une fièvre sociétale (on croise Émile Zola, Sigmund Freud et bien d’autres) aggravée par l’affaire Dreyfus. En ce sens, le film dégage un sentiment de qualité incontestable mais aussi de bizarrerie néfaste, qui ne devrait pas décevoir le réalisateur mais qui éloigne le film des canons habituels du biopic, le transformant en une œuvre hybride, artistique et plus clivante, à l’image de ce géant du monde du théâtre qui pensait que : « il ne faut pas passer trop de - à haïr, parce que c’est très fatigant ; méprise beaucoup, pardonne souvent et n’oublie jamais.

La divine Sarah Bernhardt a été produit par Les du Kiosque en coproduction avec TF1 Films Production, Fils Prod et la société belge Umedia. Memento International pilote les ventes internationales.

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