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Il faudra une décennie à Mayotte pour se remettre du cyclone Chido

Dans l’archipel gouverné par la , c’est une course contre la montre pour aider les personnes touchées par la dévastation du samedi 14 décembre. Au lourd bilan humain, s’ajoute le risque d’une crise alimentaire massive, explique Marc Bulteau, délégué du Secours Catholique – Caritas France.

Alexandra Sirgant – Cité du Vatican

Le dernier bilan parle de 21 morts, mais les autorités estiment qu’il pourrait y en avoir des centaines. Les sauveteurs affluent toujours dans l’archipel français de Mayotte dans l’espoir de retrouver des survivants sous les décombres, 48 ​​heures après le passage du cyclone Chido. Marc Bulteau est le délégué local du Secours Catholique-Caritas France. Actuellement bloqué à Anjouan, une île des Comores à une centaine de kilomètres de Mayotte, le délégué de Caritas est en contact permanent depuis 48 heures avec ses équipes sur place, qui qualifient la situation d’« apocalyptique ».

Quels retours recevez-vous de Mayotte ?

La situation n’est plus catastrophique, elle est apocalyptique, il ne faut pas avoir peur des mots. Certains comparent l’archipel à des villes bombardées. Nous avions environ 100 000 personnes qui vivaient dans des logements précaires, c’est-à-dire des bidonvilles, et tout a été rasé, il ne restait plus rien debout. Cela signifie qu’il y a aujourd’hui au moins 100 000 personnes sans abri, et une grande partie d’entre elles sont des migrants « illégaux », donc souvent réticents à se rendre dans les espaces de sécurité organisés par l’État, car ils ont très peur d’être expulsés. Quant aux habitations « solides », certains bâtiments construits selon la réglementation antisismique ont également été touchés. Je pense par exemple à la salle de « Mayotte La Première ». Il s’agit de la télévision locale, dont le bâtiment venait d’être inauguré selon des normes tout à fait modernes, et pourtant elle a été pleinement impactée. L’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi a subi de sérieux dégâts et la tour de contrôle n’est plus opérationnelle, seuls les avions militaires peuvent donc atterrir. Certaines voies navigables reliant la Grande-Terre et la Petite-Terre, les deux îles principales de Mayotte, sont inutilisables et les deux seules qui semblent fonctionner sont utilisées pour les approvisionnements d’urgence et les opérations de secours.





Une image satellite montre les ravages du cyclone Chido à Mayotte

Le bilan provisoire des morts s’élève actuellement à 21 personnes, mais les autorités craignent qu’il puisse s’élever à des centaines…

Le décompte sera extrêmement compliqué pour au moins deux raisons : la première est que les sans-papiers ne se tourneront pas nécessairement vers les autorités pour signaler les funérailles auxquelles ils ont assisté. La deuxième est que, parce que nous sommes en terre islamique, pour de nombreuses personnes, le défunt doit être enterré dans les 24 heures qui ont expiré. On s’appuie donc beaucoup sur le bouche à oreille pour arriver à un chiffre le plus proche possible de la réalité, mais de toute façon ce sera très compliqué. Depuis lundi, les secours ont réussi à atteindre l’ensemble de l’île, et l’on découvrira probablement le nombre de personnes décédées sous les décombres, sans compter les blessés graves. Ils sont nombreux et l’hôpital est actuellement surchargé de cas urgents. La situation est véritablement apocalyptique, avec des coupures d’eau, d’électricité et des pillages. Deux problèmes majeurs sont apparus : l’accès à l’eau potable et à la nourriture.

Les secours se lancent désormais dans une course contre la montre, car après un tel événement, chaque heure compte-t-elle ?

C’est absolument important, c’est compliqué, mais il ne faut jamais oublier que les premiers à aider sont les locaux eux-mêmes. On parle de quelques dizaines de secouristes et de pompiers arrivant de France métropolitaine ou d’ailleurs, mais il ne faut jamais oublier que les premiers intervenants sont les locaux eux-mêmes. J’ai vu nos bénévoles du Secours Catholique, qui trouvaient à peine le - de s’occuper de ce qui se passait chez eux. A cela s’ajoute le problème du caractère insulaire de Mayotte. Face à un tel cataclysme, nous disposons de ressources terriblement insuffisantes en matière de sécurité publique. Le pont aérien est actuellement en mauvais état et seuls les avions militaires sont autorisés à atterrir. Il faudra des jours pour que les bateaux arrivent. Il faut donc vraiment compter sur l’engagement et la résistance de la population car, de toute façon, si l’on veut sauver des vies, on ne peut pas agir en trois jours, mais maintenant.





Un avion français et quelques ravitaillements à destination de Mayotte

How do Secours Catholique volunteers intervene in Mayotte?

Nous avons cinq salariés et environ 80 bénévoles sur place et nous devons assister entre 300 et 400 personnes. Alors, petit à petit, nous commençons à avoir des nouvelles et, grâce à Dieu, pour l’instant il n’y a eu aucun blessé grave ni aucun décès parmi nos volontaires. En revanche, beaucoup d’entre eux vivaient dans des bidonvilles et n’ont plus de toit au-dessus de leur tête. Notre priorité est de reprendre contact avec chacun, d’évaluer ses besoins, et il en va de même pour les personnes que nous accueillons.

Craignez-vous une crise alimentaire de masse ?

Les stocks ici sont extrêmement faibles. Les avions apporteront des médicaments et tout le nécessaire, en ce qui concerne la nourriture, le besoin est énorme, mais cela ne peut être apporté que par bateau, mais la distance est longue, nous sommes à l’autre bout du monde, et il faut un beaucoup de - pour arriver. Je pense qu’il faudra une décennie pour s’en remettre, car c’est le plus grand cyclone depuis au moins 1934. Ensuite, il y a aussi tout ce qui concerne la sécurité alimentaire : la production agricole a été anéantie. Il ne reste plus rien. Toute production alimentaire, tous les arbres fruitiers se sont effondrés. C’est une véritable catastrophe. Et cela ne pouvait pas être pire puisque le cyclone est passé juste au-dessus de Mayotte.

 
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